ÉPILEPSIE : L’espoir d’une neuromodulation par ultrasons
Ces scientifiques de l'Académie chinoise des Sciences apportent ici une nouvelle option aux 30% de personnes épileptiques qui ne répondent pas aux traitements médicamenteux et sont réfractaires -également- aux traitements invasifs comme la stimulation cérébrale profonde. Il s’agit aussi d’une technique de neuromodulation, mais elle est non-invasive car par ultrasons. Ces premières données, présentées dans la revue Theranostics ouvrent un espoir pour les patients qui souffrent de crises récurrentes, impromptues et débilitantes.
L'épilepsie est un trouble du système nerveux central caractérisé par des crises récurrentes résultant d'une excitation excessive ou d'une inhibition inadéquate des neurones. Si c’est l'un des troubles neurologiques les plus répandus, c’est aussi l’un de ceux qui obèrent le plus fortement la qualité de vie. De plus, pendant les crises, des activités synchronisées anormales dans le foyer épileptique peuvent se propager à d'autres zones du cerveau, induisant des troubles cognitifs et du comportement.
Premières preuves de concept in vitro et in vivo
Plusieurs techniques de neuromodulation ont été développées pour réguler l’activité neuronale et, ainsi, réduire la fréquence et / ou la durée des crises :
- la stimulation du nerf vague (VNS) est aujourd’hui une procédure établie et sûre pour supprimer les convulsions via des impulsions électriques au cerveau ;
- la stimulation cérébrale profonde (DBS) permet également -selon des études précliniques et cliniques- de réduire la fréquence et la sévérité des crises ;
- l'optogénétique constitue également un grand espoir : il s’agit d’utiliser la lumière pour moduler certains réseaux neuronaux par l’intermédiaire d’une thérapie génique-sensible à la lumière ;
- la stimulation transcrânienne à courant continu (tDCS) et la stimulation magnétique transcrânienne (TMS) sont également des méthodes non invasives qui permettent de moduler, via un faible courant électrique, l'excitabilité corticale.
Cependant, comme l’écrivent les chercheurs,
« chaque technique a certaines limites, telles que le manque de spécificité ou son caractère invasif »
L’espoir de la stimulation par ultrasons : la méthode, non invasive, permet également de moduler l'activité cérébrale. Plusieurs études l’ont d’ailleurs testée dans la prise en charge de différents troubles neurologiques, tels que la maladie de Parkinson, la dépression et l’épilepsie, mais avec des résultats mitigés. Cependant, ces chercheurs des Instituts de technologie avancée de Shenzhen de l'Académie chinoise des sciences ont développé une nouvelle technique de neuromodulation par ultrasons qui semble pouvoir moduler l'excitabilité neuronale.
L’étude, pré-clinique, menée sur modèle primate non humain d'épilepsie et in vitro, sur des biopsies de tissus épileptiques humains montre que 30 min de traitement par ultrasons pulsés de faible intensité permet de réduire considérablement, de l’ordre de 40% la fréquence des crises. Sur les échantillons de biopsie de patients épileptiques, la stimulation par ultrasons pourrait inhiber les activités épileptiformes avec une efficacité supérieure à 65%.
Il s‘agit ainsi de la première démonstration d’efficacité de la stimulation ultrasonore pulsée de faible intensité non invasive pour le traitement de l'épilepsie. Un espoir qui devra être validé par de nouvelles recherches avant usage clinique.
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