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FENTANYL : Une arme de destruction massive ?

Actualité publiée il y a 9 mois 2 semaines 6 jours
Frontiers in Public Health

Le fentanyl, un médicament largement disponible est déjà au centre de la crise des opioïdes. Le médicament aurait déjà entraîné plus de 100.000 décès aux Etats-Unis sur la seule année 2021 (et seulement quelques décès en France). Cependant, les saisies se font plus importantes avec une préoccupation qui grandit : le fentanyl pourrait être transformé en arme et utilisé pour un empoisonnement de masse. C’est l’hypothèse développée par cette équipe de l’Université Rutgers (New Jersey) dans la revue Frontiers in Public Health et qui appelle à « mieux se préparer pour minimiser les dégâts ».

 

La menace est très sérieuse pour les chercheurs : « Avant le fentanyl, les seuls poisons de masse viables étaient des agents rares et difficiles d'accès tels que le cyanure ou les agents neurotoxiques », précise l’un des auteurs principaux, le Dr Lewis Nelson du département de médecine d'urgence de la Rutgers New Jersey Medical School. « Le fentanyl peut être tout aussi mortel s'il est largement diffusé et il est omniprésent. Il devient possible d’en obtenir suffisamment pour empoisonner des centaines de personnes ».

La toxicité élevée du fentanyl pourrait en faire une arme redoutable

La haute toxicité du fentanyl pourrait, sur le papier, permettre de déclencher un événement dommageable et intentionnel à l’échelle de toute une population sans méfiance. Mais comment ? La poudre de fentanyl devrait être inhalée ou ingérée pour faire des victimes car le risque d'absorption rapide à travers la peau est quasi-nul. Les scenarii évoqués ici :

  • l'opioïde synthétique pourrait être introduit à des doses mortelles dans les systèmes de ventilation des bâtiments ou dans les flux d’approvisionnement en nourriture ou en eau, par exemple ;
  • l'opioïde pourrait être un poison inhalé en aérosol : les auteurs rappellent une action des autorités russes qui avaient transformé en arme une drogue semblable au fentanyl en 2002 contre des terroristes tchétchènes ; les forces de sécurité avaient alors retrouvé un analogue de fentanyl dans le système de ventilation du théâtre.

 

Un antidote ? Heureusement, il existe un antidote utilisable en réponse à un empoisonnement au fentanyl, la naloxone (Narcan) dont les stocks sont importants, en raison de l’incidence élevée des surdoses involontaires de fentanyl. Cette même fréquence des overdoses a également permis de former les personnels de santé à reconnaître les signes d'empoisonnement au fentanyl et à administrer la naloxone. Les chercheurs précisent « qu’en cas de suspicion d’empoisonnement au fentanyl, l’administration de la naloxone devrait être basée sur les résultats cliniques immédiats plutôt que sur des analyses biologiques plus définitives, l'administration de la naxolone étant généralement sans danger ».

 

Dans le doute, mieux se préparer : les auteurs appellent à former davantage de personnes à reconnaître l'empoisonnement, à mettre en œuvre des moyens de communication pour signaler les victimes inhabituelles d'empoisonnement, mobiliser des ressources pour évaluer les victimes et à identifier les sources d'obtention de fentanyl, transférer rapidement la naloxone là où on en a le plus besoin. Si le fentanyl tue généralement plus lentement que les poisons comme le cyanure, il nécessite néanmoins une action rapide pour éviter les dommages.

 

Pour conclure sur une note plus positive, il reste peu probable qu'une attaque à grande échelle au fentanyl réussisse, et si l’on peut tout de même penser qu’il s’agit d’un scénario « catastrophe ». Ces scientifiques appellent néanmoins aujourd'hui à mieux se préparer.

 

 

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