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GALÉNIQUE : Et si on mettait le médicament dans le probiotique

Actualité publiée il y a 1 année 9 mois 2 semaines
PNAS
Remplacer les injections par des pilules permettrait de redonner aux patients "de" la qualité de vie (Visuel Adobe Stock 186458973)

Cette nouvelle technique prometteuse d'administration de médicaments, développée par des pharmacologues et des bioingénieurs du Baylor College of Medicine (Houston) pourrait permettre de remplacer les injections par des pilules, en particulier dans le traitement de certaines maladies chroniques pouvant nécessiter des injections à vie. Ces travaux, publiés dans les actes de l’Académie des Sciences américaine (PNAS) laissent ainsi espérer de traiter tout en préservant mieux la qualité de vie de ces patients, souvent âgés et traités pour une ALD.

 

En effet, pour les maladies chroniques telles que la polyarthrite rhumatoïde, le traitement implique souvent des injections à vie. Il y a la peur des aiguilles, le risque d’infections et d’effets indésirables associés aux injections, la douleur et l’inconfort chez la plupart des patients traités, ce qui réduit souvent significativement leur bien-être et leur qualité de vie. L’objectif de ces scientifiques est donc de développer de nouvelles stratégies d'administration qui combinent efficacité et réduction des effets secondaires afin traiter de manière plus confortable.

La meilleure façon d'administrer sans injection ?

L’alternative aux injections qui vient immédiatement à l’esprit est aussi simple qu’une pilule. L’équipe a donc eu l’idée d'utiliser la bactérie probiotique Lactobacillus reuteri comme plateforme d'administration orale de médicaments.

 

L’étude, préclinique, est menée sur un modèle animal de polyarthrite rhumatoïde et utilise les conclusions de précédents travaux menés par le même laboratoire : ainsi, les chercheurs savaient qu’un peptide, ou protéine courte, dérivé de la toxine d'anémone de mer, permet de réduire efficacement et en toute sécurité la gravité de la polyarthrite rhumatoïde chez des souris modèles mais aussi chez des patients humains atteints de psoriasis en plaques. Alors que ce traitement peptidique nécessite des injections répétées, ce qui réduit l'observance du patient et que les procédés d’administration orale directe du peptide n’ont qu’une faible efficacité, les chercheurs ont tenté la voe des bactéries probiotiques…

 

Des bactéries probiotiques modifiées pour produire et de libérer ces principes actifs, et dans cette étude pour sécréter le peptide ShK-235 dérivé de la toxine d'anémone de mer, administrés quotidiennement, permettent en effet de réduire les signes cliniques de la maladie, dont l'inflammation des articulations, la destruction du cartilage et les lésions osseuses- toujours chez la souris modèle de polyarthrite rhumatoïde.

 

Pourquoi le probiotique L. reuteri ? Parce que ces bactéries, largement utilisées dans l’industrie alimentaire, sont bien documentées pour leur excellent profil de sécurité chez les nourrissons, les enfants, les adultes et même chez les patients immunodéprimés. Ensuite, ces bactéries ne restent pas en permanence dans l'intestin et sont éliminées au fur et à mesure que l'intestin renouvelle régulièrement sa muqueuse interne. Cela ouvre aussi la possibilité de réguler l'administration du traitement.

 

Des recherches supplémentaires seront nécessaires avant de pouvoir exploiter ce nouveau système de délivrance de médicaments en pratique clinique, mais les chercheurs prévoient un avenir prometteur à ce nouveau mode de délivrance : « Ces bactéries pourraient être stockées dans des capsules conservées à la cuisine et le patient pourrait prendre ses gélules en vacances sans avoir besoin de ses injections quotidiennes ».

 

Enfin, soulignent les auteurs, la technique peut s’appliquer à toute une gamme de médicaments et aux traitements de très nombreuses maladies inflammatoires chroniques.


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