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GLAUCOME : Un sommeil de mauvaise qualité peut l’annoncer

Actualité publiée il y a 1 année 3 mois 1 semaine
BMJ Open
Des troubles du sommeil peuvent être liés à un risque accru de perte de vision irréversible et de glaucome (Visuel Adobe Stock 195023748)

Des troubles du sommeil peuvent être liés à un risque accru de perte de vision irréversible et de glaucome, souligne cette large analyse de la UK Biobank, publiée dans le British Medical Journal (BMJ) Open. Des résultats qui appellent les cliniciens à traiter ces troubles chroniques du sommeil chez les patients à risque et à faire surveiller la santé oculaire chez les mauvais dormeurs.

 

Car un sommeil de mauvaise qualité, avec une durée de fermeture des yeux trop longue ou au contraire trop courte, mais également la somnolence diurne et le ronflement, sont analysés ici comme des facteurs possibles de risque accru de développer une perte de vision irréversible.

 

Le glaucome est l'une des principales causes de cécité. En effet, s'il n'est pas traité, le glaucome peut évolue immanquablement vers une cécité irréversible. On estime que la condition pourrait toucher plus de 110 millions de personnes dans le monde d'ici 2040. Caractérisé par une perte progressive des cellules photosensibles de l'œil et par des lésions du nerf optique, ses causes et facteurs contributifs restent pourtant mal compris. Des études ont suggéré qu’un dépistage généralisé ne serait pas efficient mais que le dépistage ciblé des groupes à risque élevé pourrait l'être. C’est l’esprit de cette recherche :

Inciter au dépistage du glaucome, les personnes souffrant de troubles du sommeil

L’étude démontre en effet que les troubles du sommeil peuvent être un facteur de risque important. L’évaluation du risque de glaucome chez les personnes ayant différents types et troubles de sommeil dont l’insomnie, une durée trop courte ou trop importante de sommeil, des chronotypes nocturnes ou matinaux, une somnolence diurne et le ronflement. Dans cette étude, la durée du sommeil a été définie comme normale pour 7 à moins de 9 heures/jour et comme trop importante ou insuffisante en dehors de cet intervalle. Le chronotype a été défini selon les habitudes de sommeil autodéclarées des participants. Les chercheurs ont également pris en compte les facteurs de confusion possibles (âge, sexe, origine ethnique, niveau d'études, mode de vie, poids (IMC) et zone résidentielle). Le suivi, durant plus de 10 ans des données de sommeil de 409.053 participants à la UK Biobank, âgés de 40 à 69 ans (en 2006-10, à l’inclusion) lors de leur recrutement révèle que :

 

  • 8.690 cas de glaucome ont été identifiés au cours du suivi ;
  • les personnes atteintes de glaucome avaient tendance à être plus âgées et plus susceptibles d'être des hommes, de fumer et de souffrir d'hypertension artérielle (HTA) ou de diabète ;
  • La sévérité de l'insomnie, la difficulté à s'endormir la nuit ou des réveils fréquents, la somnolence diurne subjective, constituent des traits tous associés à différents niveaux d’augmentation du risque de glaucome :
  • une durée de sommeil courte ou longue est associée à un risque accru de 8 % ;
  • l’insomnie : 12 % ;
  • les ronflements : 4 % ;
  • la somnolence diurne fréquente : 20 %.
  • Par rapport aux participants ayant un rythme de sommeil normal, les ronfleurs et les participants souffrant de somnolence diurne sont 10% plus susceptibles d'avoir un glaucome ;
  • les insomniaques et ceux ayant un rythme de sommeil court/long sont 13% plus susceptibles d’avoir un glaucome ;
  • ces résultats restent similaires, quel que soit le type de glaucome.

 

Quelles explications ? Cette étude d'observation basée de plus sur l'auto-évaluation pour certaines des données analysées ne démontre pas la relation de cause à effet. Ainsi, le glaucome lui-même pourrait lui-même influencer les habitudes de sommeil, plutôt que l'inverse. Cependant l’étude est large et les chercheurs invoquent des explications biologiques à la relation entre les troubles du sommeil et le glaucome :

 

  • la pression interne de l'œil, facteur clé du développement du glaucome, augmente lorsqu'une personne est allongée et lorsque les hormones du sommeil sont détraquées, comme cela se produit dans l'insomnie ;
  • la dépression et l'anxiété, qui vont souvent de pair avec l'insomnie, peuvent également augmenter la pression oculaire interne, peut-être en raison d'une production dérégulée de cortisol ;
  • des épisodes répétés ou prolongés de faibles niveaux d'oxygène cellulaire, causés par l'apnée du sommeil peuvent endommager directement le nerf optique.

 

En conclusion, comme les comportements de sommeil sont modifiables, ces résultats soulignent la nécessité d'une intervention sur le sommeil pour les patients à risque élevé de glaucome. Ils incitent également au dépistage ophtalmologique chez les personnes souffrant de troubles chroniques du sommeil.

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