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GROSSESSE et ALCOOL : La consommation de la mère déforme le visage de l’enfant

Actualité publiée il y a 1 année 2 mois 2 semaines
Human Reproduction
On estime qu’1 femme sur 10 consomme de l’alcool durant sa grossesse (Visuel Fotolia 45398139)

Si de nombreuses études ont tenté de sensibiliser les futurs parents aux dangers de la consommation d'alcool maternelle, et en particulier au risque de syndrome d’alcoolisation fœtale (SAF), on estime qu’1 femme sur 10 consomme de l’alcool durant sa grossesse. Cette recherche menée au Centre médical Erasmus de Rotterdam (Pays-Bas), nous apporte une toute nouvelle information marquante : la consommation maternelle d’alcool avant et pendant leur grossesse est liée à des changements dans la forme du visage des enfants. Ces conclusions, documentées dans la revue Human Reproduction vont jusqu’à préciser, par intelligence artificielle, les altérations de la forme du visage des enfants associées à la quantité d'alcool consommée par les mères.

 

On savait que l'alcool agit sur l'embryon et le fœtus, sur son système nerveux et son cerveau, entrainant un « SAF » ou syndrome d’alcoolisation fœtale, avec des risques sévères pour l'enfant à naître. En passant du sang maternel vers le sang du fœtus, au travers du placenta, l'alcool entraîne un risque d'atteinte des fonctions cérébrales et/ou de malformations irréversibles très élevé. Ainsi, le SAF se caractérise par des troubles mentaux, comportementaux et d'apprentissage, ainsi que des handicaps physiques. En particulier, il peut conduire à un risque accru de trouble du déficit de l'attention avec hyperactivité (TDAH), de dépression, d'anxiété et de troubles de l’impulsivité.

 

Cependant cette recherche précise, pour la première fois, des altérations morphologiques et esthétiques chez l’enfant, liées à la consommation maternelle d’alcool. En effet, jusqu'à présent, on savait peu de choses sur l'effet d'une faible consommation d'alcool sur le développement facial des enfants et, expliquent les chercheurs, par « ricochet », sur leur santé. Il s'agit également de la première étude à examiner la question chez des enfants d'origines ethniques multiples.

Jusqu’à 3 mois avant la conception et pendant la grossesse

L’étude : Les chercheurs utilisent ici l'intelligence artificielle (IA) et la technologie d'apprentissage en profondeur pour trouver un lien entre les altérations de la forme du visage des enfants et la quantité d'alcool consommée par leurs mères, à la fois avant la conception et pendant la grossesse. Précisément, l’équipe a analysé des images tridimensionnelles de 3149 enfants prises à l'âge de 9 ans et de 2.477 enfants à l’âge de 13 ans qui faisaient partie de l'étude Generation R, une étude qui suit des femmes enceintes et leurs enfants à partir de la vie fœtale.

 

« Nous avons développé un algorithme basé sur l'IA, qui analyse des images 3D haute résolution du visage et produit 200 mesures ou traits uniques. Cela nous a permis de rechercher des associations avec l'exposition prénatale à l'alcool et de développer une cartographie des traits faciaux particuliers associés à la consommation d'alcool des mères ».

 

Les données de consommation d'alcool des mères ont été obtenues à partir de questionnaires remplis par les femmes en début, milieu et fin de grossesse. L’analyse révèle que :

 

  • l’association avec l’altération de la forme du visage est retrouvée chez les enfants de mères qui ont bu de l'alcool jusqu'à 3 mois avant de tomber enceinte mais qui ont arrêté pendant la grossesse ;
  • l'association avec la forme modifiée du visage existe même si les mères ont consommé moins de 12 g d'alcool par semaine,
  • ce qui est l'équivalent d'un petit verre de vin de 175 ml ou de 330 ml de bière ;
  • plus les mères buvaient d'alcool, plus les changements étaient statistiquement significatifs ;
  • les traits « particuliers » les plus courants comprennent le bout du nez retroussé, le nez raccourci, le menton tourné et la paupière inférieure retournée ;
  • ce lien entre la consommation d'alcool et la forme du visage s'affaibli chez les enfants plus âgés et aucune association significative n'est retrouvée chez les enfants âgés de 13 ans.

 

La découverte reste néanmoins primordiale, car elle illustre l’impact indiscutable de la consommation maternelle d’alcool, y compris à des niveaux très modestes, sur l’Enfant à naître, et car ensuite la forme du visage des enfants est une indication de problèmes de santé et de développement.

 

L’auteur principal, Gennady Roshchupkin, professeur de biologie du centre médical Erasmus commente cette découverte :

« le visage est un « miroir de la santé »,

« cette altération de la forme du visage de l’enfant à l'alcool avant la naissance peut avoir des effets néfastes importants sur son développement et, si une mère boit régulièrement en plus grande quantité, cela peut entraîner un trouble du spectre de l'alcoolisation fœtale qui se reflète sur le visage des enfants ».

 

Cette large étude identifie ainsi une association statistiquement significative entre l'exposition prénatale à l'alcool et la forme du visage chez les enfants à l’âge de 9 ans.

 

Parmi le groupe de mères qui ont bu tout au long de la grossesse, nous avons constaté que même si les mères buvaient très peu pendant la grossesse, soit moins de 12 g par semaine, l'association entre l'exposition à l'alcool et la forme du visage des enfants pouvait être observée. C'est la première fois qu'une association est démontrée à des niveaux aussi faibles de consommation d'alcool.

 

Sur la réduction des traits particuliers de l’enfant, associés à la consommation maternelle d’alcool, il est possible qu’avec la croissance, l’enfant subisse d'autres facteurs environnementaux qui gomment ces altérations, cependant « cela ne signifie pas que l'effet de l'alcool sur la santé disparaît également ».

La conclusion demeure

« qu'il n'y a pas de niveau de consommation d'alcool sûr pendant la grossesse

et qu'il est conseillé de cesser de boire de l'alcool avant même la conception, pour garantir des résultats optimaux pour la santé de la mère et du fœtus en développement ».

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