GROSSESSE et ANTIDÉPRESSEURS : Un impact cognitif chez l’enfant vers 12 ans

De nombreuses études ont porté sur les risques associés à l’exposition prénatale aux antidépresseurs. Cette nouvelle étude, présentée au Pediatric Academic Societies (PAS) 2018 Meeting révèle que l’exposition in utero à un antidépresseur inhibiteur sélectif de la recapture de la sérotonine (ISRS) est associée à une meilleure performance cognitive à l’âge de 12 ans. Cependant, ce résultat positif et surprenant ne doit pas faire oublier les risques déjà évoqués.
Les chercheurs BC Children's and Women's Hospital + Health Centre (Vancouver) se sont intéressés aux relations complexes entre l'exposition avant la naissance aux ISRS et les capacités de réflexion et d'attention chez les enfants de 12 ans. Les ISRS sont une classe d'antidépresseurs couramment utilisés pour traiter les troubles de l'humeur pendant la grossesse. Ces antidépresseurs affectent les niveaux de sérotonine dans le cerveau, qui jouent un rôle clé dans la régulation de l'humeur et de l'attention.
L’étude a suivi 51 enfants de 26 semaines de grossesse à l’âge de 12 ans. Les chercheurs ont évalué l'humeur et la santé mentale de la mère pendant et après la grossesse ainsi que les fonctions exécutives de l'enfant à l'âge de 12 ans. Les fonctions exécutives comportent des capacités telles que la résolution de problèmes, la créativité, la capacité de concentration, l’attention et la maîtrise de soi. L’analyse constate que :
- les performances des enfants varient selon leur exposition aux ISRS avant la naissance ;
- les enfants exposés in utero aux ISRS présentent de meilleures fonctions exécutives à l’âge de 12 ans ;
- ce même résultat est constaté chez les mêmes enfants dès l’âge de 6 ans ;
- à 12 ans, les différences d’exposition aux ISRS in utero et les différences dans les fonctions exécutives de l'enfant ne varient pas avec les évaluations de l'humeur (anxiété ou dépression) ou de fluidité verbale.
C’est une découverte surprenante et importante cependant d'autres recherches sont nécessaires pour examiner si ces capacités cognitives plus élevées chez les enfants exposés vont finalement refléter un avantage développemental et quels sont les risques de cette exposition. Il faut rappeler les conclusions mitigées des études déjà menées sur ce dernier point, avec des effets évoqués, dont le risque de prématurité, d'anomalies de naissance de TDAH ou d’autisme…
L'impact de l'exposition prénatale aux antidépresseurs n'est pas une question simple, concluent les chercheurs. De plus, l’évaluation à long terme de cet impact doit également prendre en compte le profil génétique et le mode de vie de la famille…L’évaluation est donc très complexe.
La dépression pendant la grossesse et au-delà est un problème majeur pour les mères et leurs enfants à naître. Le non-traitement n'est jamais une bonne option, mais, encore une fois, il est essentiel que les femmes enceintes puissent discuter, avec leurs médecins, de toutes les options de traitement.
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