HOSPITALISATION en URGENCE et accélération du déclin cognitif chez le patient âgé
On ignore pourquoi les hospitalisations en urgence ont cet effet accélérateur de déclin cognitif à long terme chez les patients âgés, mais l’effet est bien confirmé par cette étude de l’Université Rush (Chicago). Des conclusions documentées dans la revue Neurology qui, tout en reconnaissant que toutes les procédures médicales comportent un certain degré de risque, appelle à un suivi renforcé et mieux planifié à l'hôpital, moins dangereux pour la santé cognitive des personnes âgées.
Ces travaux s’appuient sur de précédentes recherches qui montrent qu’après leur hospitalisation, les personnes âgées présentent un risque élevé de troubles de la mémoire et d’autres problèmes cognitifs, dont un risque de délire transitoire et des altérations à long terme de la cognition, dont la démence. Alors qu’environ 40% des patients hospitalisés (aux États-Unis) ont 65 ans et plus, que l'hospitalisation non planifiée, peut être un facteur de risque sous-estimé du déclin cognitif et de la démence. Alors que la détection de la démence au stade précoce est devenue une priorité, ce facteur d’hospitalisation en urgence mérite un peu d'attention.
D’autant que l’équipe de l’Université Rush associe les hospitalisations urgentes à un taux accru de déclin cognitif chez les personnes âgées voire les confirme comme un facteur de risque majeur : « Nous constatons que les personnes hospitalisées en urgence et chez qui on n'avait jamais diagnostiqué la démence ni la maladie d'Alzheimer présentent un déclin rapide de la fonction cognitive (capacité de réflexion) vs taux préhospitaliers », résume le Dr Bryan James, épidémiologiste au Rush Alzheimer's Disease Centre. « En comparaison, les personnes qui n'ont jamais été hospitalisées et celles qui ont été hospitalisées de manière "élective" ne connaissent pas ce déclin drastique de la fonction cognitive ».
Une accélération d'environ 50% du taux de déclin cognitif avec l’hospitalisation en urgence : l’étude compare les données d'hospitalisation et les évaluations cognitives de 777 personnes âgées, de 81 ans en moyenne, dont 75% de femmes, inscrites au projet Rush Memory and Aging Project (MAP) de Chicago. L'étude comportait des évaluations cognitives annuelles et des évaluations cliniques.
- Sur ces 777 participants, 460 ont été hospitalisés au moins une fois sur une moyenne d'observation de 5 ans. Parmi les participants hospitalisés,
- 222 (soit 29% de la population totale de l’étude) ont eu au moins une hospitalisation facultative ;
- 418 (54%) ont eu au moins une hospitalisation non facultative ;
- 180 participants (23%) ont subi les deux types d'hospitalisation.
- Les hospitalisations non facultatives s’avèrent associées à une accélération d'environ 50% du taux de déclin cognitif d'avant l'hospitalisation et à un taux de déclin cognitif 2 fois plus élevé que celui des personnes non hospitalisées ;
- les hospitalisations facultatives, toutefois, ne s’avèrent pas associées à une accélération du taux de déclin cognitif. Ce qui s’explique par le fait que les admissions facultatives ne comportent pas nécessairement le même risque.
Des implications importantes pour la prise de décision médicale et les soins aux personnes âgées : l’étude appelle en effet à un suivi plus rapproché qui permette d’anticiper et de mieux planifier les hospitalisations chez ce groupe de patients.
Enfin, si les chercheurs invoquent, pour expliquer leurs résultats des différences de sévérité des maladies, du stress ou encore de l’anxiété liée aux procédures hospitalières, de futures recherches sur les causes possibles de cette association, sont déjà programmées.
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