HTA : C'est une perspective à 30 ans qui doit être prise en compte
Le risque d’événement cardiovasculaire ou d’insuffisance cardiaque à 30 ans -et pas seulement à 10 ans- devrait être pris en compte dans la décision de traitement anti-hypertenseur, chez les patients souffrant d’une hypertension artérielle (HTA) de stade 1, conclut cette étude publiée dans la revue Hypertension : ainsi, selon ces experts de l'Université de l'Alabama à Birmingham, c’est un risque de maladie cardiovasculaire, bien au-delà de l’horizon à 10 ans qu’il convient d’estimer pour la décision thérapeutique.
L’équipe compare ici les résultats obtenus avec 2 outils de prédiction du risque de maladie cardiovasculaire, (dont le nouvel outil PREVENTTM de l’American Heart Association (AHA)) et cette comparaison révèle que même en l’absence de risque à 10 ans, la question du traitement contre l’hypertension se pose pour de nombreux patients : en pratique clinique, il conviendrait d’appréhender ce risque plutôt sur les 30 prochaines années, pour ne pas priver certains patients des avantages de la prescription d’un médicament hypotenseur.
L’un des auteurs principaux, le Dr Paul Muntner, du département d'épidémiologie de l'Université de l'Alabama note que « de nombreux patients peuvent ne pas avoir de crise cardiaque ou d'accident vasculaire cérébral (AVC), ou développer d'insuffisance cardiaque au cours des prochaines années, mais néanmoins bénéficier d'une baisse de la tension artérielle pour les protéger contre ces événements cardiovasculaires encore plus tard dans la vie ».
Estimer le risque à 30 ans pour prendre la décision de traitement
L’étude compare ainsi les risques estimés par le calculateur de risque PREVENTTM (pour Predicting Risk of (Cardiovascular) CVD Events) et par l’outil précédent appelé Pooled Cohort Equations (PCE).
- PREVENT TM intègre des marqueurs de maladie rénale en plus des mesures d'HbA1c pour aider à surveiller la santé métabolique et la prendre en compte dans l’estimation du risque cardiovasculaire ;
- PREVENT peut estimer le risque de crise cardiaque, d’AVC et ainsi que d'insuffisance cardiaque sur 10 et 30 ans ;
- Enfin, PREVENT prend en compte des facteurs de risque supplémentaires comme l'indice de « situation sociale défavorisée » ;
- PREVENT peut ainsi évaluer le risque de maladies cardiovasculaires chez les personnes âgées de 30 à 79 ans jusqu’à 30 ans.
- L’outil précédent PCE peut estimer si le risque de crise cardiaque ou d’AVC est de 10 % ou plus sur les 10 prochaines années, ce niveau de risque devant être considéré élevé et devant inciter les professionnels de santé à discuter d’un traitement antihypertenseur avec le patient.
- Enfin, le traitement hypotenseur pour l’hypertension de stade 1 comprend l’adhésion à un régime alimentaire sain, la pratique régulière de l’activité physique et donc la prise d’un médicament antihypertenseur, le cas échéant.
Dans cette étude, les chercheurs ont considéré qu'un risque de crise cardiaque, d’AVC et/ou d'insuffisance cardiaque de 15 % ou plus sur 10 ans correspondait à un risque élevé, à l'aide du calculateur PREVENT, vs 10 % ou plus sur 10 ans pour l’outil PCE. Les chercheurs ont analysé les données de l’enquête NHANES de 2013 à 2020 de 1.703 adultes âgés de 30 à 79 ans souffrant d’hypertension de stade 1 (130-139 mm Hg/80-89 mm Hg). L’analyse a comparé les estimations du risque de maladie cardiovasculaire prévu à l’aide des deux méthodes de calcul. L’analyse constate que :
- le risque moyen estimé sur 10 ans des participants de crise cardiaque et d’AVC est estimé à 2,9 % par le calculateur PREVENT vs 5,4 % avec l’outil PCE ;
- cela suggère que si les directives de traitement utilisaient le même seuil pour PREVENT et l’outil PCE, certains patients pourraient ne pas être invités à commencer un traitement hypotenseur, alors que certains pourraient bénéficier de l’initiation du traitement ;
- ainsi, 55,3 % des participants qui présentent un risque élevé sur 10 ans avec l’outil PCE, présentent un faible risque sur 10 ans avec PREVENT ; cependant, leur risque à 30 ans avec PREVENT était supérieur ou égal à 30 %, ce qui indique donc un risque élevé : cela illustre donc la nécessité pour les médecins de prendre en compte les risques cardiovasculaires à court et à long terme chez leurs patients souffrant d'hypertension artérielle.
De nombreuses personnes souffrant d'HTA de stade 1 et qui ne sont pas susceptibles de subir un événement cardiovasculaire ou une insuffisance cardiaque au cours des 10 prochaines années peuvent tout de même présenter un risque élevé au cours des 30 prochaines années…
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