LONGÉVITÉ : Des cellules cérébrales spécialisées dans la durée de vie
La durée de vie augmente lorsque ces cellules cérébrales spécifiques, de l'hypothalamus, sont activées. C’est la démonstration effectuée par une équipe de biologistes de l'Université de Washington qui rappelle toute l’importance de la santé cérébrale dans la longévité. Mais cette recherche va plus loin. Elle révèle dans la revue Cell Metabolism que ces cellules cérébrales communiquent avec les tissus adipeux pour produire du carburant cellulaire et contrecarrer ainsi certains effets du vieillissement.
De récentes recherches ont suggéré que les voies de communication entre les différents organes du corps sont aussi des régulateurs du vieillissement. A l’évidence, lorsque ces axes de communication sont ouverts, les différents organes et systèmes du corps fonctionnent mieux ensemble. Avec l’âge, ces axes de communication se détériorent et les organes reçoivent moins bien les messages moléculaires et électriques dont ils ont besoin pour fonctionner.
Une voie de communication essentielle à la vie, entre le cerveau et les tissus adipeux
L’étude s’est penchée, chez la souris, sur ces voies de communication essentielles au vieillissement en bonne santé et une voie de communication reliant le cerveau et les tissus adipeux du corps a attiré l’attention des chercheurs : cette voie est configurée comme une boucle de rétroaction qui semble centrale à la production d’énergie dans tout le corps. La recherche suggère que :
- cet ensemble spécifique de neurones dans l’hypothalamus du cerveau -lorsqu’ils sont actifs- envoie des signaux aux tissus adipeux du corps pour libérer de l’énergie ;
- ces neurones spécifiques, localisés dans l’hypothalamus dorsomédial, produisent une protéine importante : Ppp1r17. Lorsque cette protéine est présente dans le noyau, les neurones sont actifs et stimulent le système nerveux sympathique, qui régit la réaction de combat ou de fuite du corps ;
- or, la réaction de combat ou de fuite est connue pour avoir des effets étendus dans tout le corps, notamment en provoquant une augmentation du rythme cardiaque et un ralentissement de la digestion. Dans le cadre de cette réponse, les neurones de l’hypothalamus déclenchent une chaîne d’événements qui déclenchent les neurones qui régissent le tissu adipeux blanc stocké sous la peau et dans la région abdominale. Le tissu adipeux activé libère des acides gras dans la circulation sanguine qui peuvent être utilisés pour alimenter l’activité physique. Le tissu adipeux activé libère également une autre protéine importante, une enzyme appelée eNAMPT, qui retourne dans l’hypothalamus et permet au cerveau de produire aussi « du carburant » pour fonctionner ;
- cette boucle de rétroaction essentielle pour alimenter le corps et le cerveau et leur permettre de fonctionner, ralentit avec le temps. Avec l’âge, la protéine Ppp1r17 a tendance à quitter le noyau des neurones et que, lorsque cela se produit, les neurones de l’hypothalamus envoient des signaux plus faibles ;
- la détérioration de cette boucle avec l’âge contribue ainsi à l’augmentation des problèmes de santé chroniques typiques du vieillissement naturel ;
- lorsque chez la souris, cette boucle est artificiellement maintenue ouverte et active, ces souris même âgées restent plus actives physiquement, vieillissent plus lentement et vivent plus longtemps ;
- en pratique, les souris chez qui les chercheurs ont maintenu active la boucle de rétroaction cerveau-tissu adipeux ont vécu 60 à 70 jours de plus que les souris témoins :
- cela se traduit par une augmentation de la durée de vie d'environ 7 %.
-
Chez l’Homme, cette augmentation de 7 % sur une durée de vie de 75 ans se traduirait par 5 années de vie supplémentaires.
Des implications : ces observations suggèrent de futures interventions visant à maintenir la boucle de rétroaction plus longtemps pour ralentir les effets du vieillissement.
« Il est donc possible en manipulant certaines cellules du cerveau de retarder le vieillissement et de prolonger la durée de vie en bonne santé, ici chez les souris », résume l'auteur principal, le Dr Shin-ichiro Imai, professeur émérite de biologie du développement à l'Université de Washington. « Démontrer cet effet chez un mammifère est une étape importante dans le domaine de la recherche sur le vieillissement ».
« Nous pourrions envisager une éventuelle thérapie anti-âge qui impliquerait l'administration d'eNAMPT de différentes manières. Nous avons déjà montré que l'administration d'eNAMPT via des vésicules extracellulaires augmente les niveaux d'énergie cellulaire dans l'hypothalamus et prolonge la durée de vie chez la souris ».
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