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MÉDECINE et ENVIRONNEMENT : Vers une chirurgie plus responsable ?

Actualité publiée il y a 2 années 2 mois 2 semaines
Journal of Clinical Oncology
Même en médecine et en chirurgie,  il existe des solutions durables pour une meilleure « discipline énergivore » (Visuel Adobe Stock 35183588)

Les blocs opératoires et les services d’oncologie sont de grands énergivores qui s’ignorent et des contributeurs majeurs au changement climatique et dont personne ne parle, sauf cette recherche d’une équipe d’experts de l’Université du Michigan. L’urgence, sanitaire, justifie indiscutablement cette émission de gaz à effets de serre cependant, même en médecine et en chirurgie,  il existe des solutions durables pour une meilleure « discipline énergivore », soulignent ces chirurgiens dans le Journal of Clinical Oncology.  

 

Ainsi, les salles d'opération produit à elle-seule 70 % des émissions de gaz à effet de serre des hôpitaux, relèvent ces médecins qui posent la question suivante : « quel rôle la communauté médicale, qui représente environ 8,5 % des émissions de gaz à effet de serre, peut-elle jouer dans les efforts de réduction du changement climatique ? »

La chirurgie apporte un écot non négligeable au changement climatique

Ces travaux apportent de premières réponses. Ils décrivent comment la chirurgie, en particulier la chirurgie du cancer apporte son écot au changement climatique et proposent des solutions pour lutter contre le problème, de la réduction des déchets à la refonte de la prestation de soins chirurgicaux.

« La chirurgie joue malheureusement un rôle disproportionné dans la production de carbone et les déchets que nous produisons en médecine ».

 

  • Les blocs opératoires sont une source massive de production de gaz à effet de serre pour les hôpitaux, représentant 70 % de leurs déchets et générant 3 à 6 fois plus de carbone que le reste des services de santé ;
  • Les traitements du cancer sont une cible évidente pour des interventions « plus écologiques » en chirurgie, ils impliquent souvent des niveaux de soins intenses sur une courte période ;
  • les chirurgies mini-invasives nécessitent beaucoup d'énergie, dont les nouvelles procédures assistées par robot qui constituent maintenant des traitements courants pour des cancers allant du cancer colorectal et utérin au cancer de la tête et du cou : une hystérectomie assistée par robot, par exemple, produit autant de carbone que la conduite de plus de 3.500 kms en voiture …

 

La communauté chirurgicale doit être proactive : parmi les changements à opérer :

 

  • la réduction des déchets, en s'assurant notamment que tout ce qui est jeté avant ou pendant la chirurgie est correctement orienté et étiqueté, car on estime que plus de 90 % des déchets du bloc opératoire ne répondent pas aux normes du type de déchets dans lesquels ils finissent ;
  • opter pour certains dispositifs réutilisables et préférer les blouses chirurgicales réutilisables ou retraitées, car un bon retraitement évite tout risque d’infection nosocomiale ;
  • optimiser la consommation d'énergie des blocs opératoires, avec des éclairages plus économes, une réduction des flux d'air dans les salles non utilisées, soit des fonctionnements et des systèmes plus « écologiques » ;
  • optimiser l’efficacité de la chaîne d'approvisionnement chirurgicale : les estimations suggèrent que 87% des instruments chirurgicaux préparés pour une opération sont rarement utilisés, donc l'élaboration de listes standardisées d’instruments nécessaires pour les chirurgies courantes, permettrait de réduire les coûts, les déchets et l'énergie nécessaire pour stériliser et reconditionner les instruments ;
  • rapprocher la fabrication de fournitures chirurgicales des hôpitaux ou s'approvisionner auprès de fournisseurs locaux permettrait également de réduire l'empreinte carbone de la chirurgie. La relocalisation des chaînes d'approvisionnement des salles d'opération est actuellement au centre de la réflexion des grands systèmes de soins, soulignent les auteurs.
  • changer la façon dont les soins chirurgicaux sont dispensés, en commençant par offrir dès que possible, la télémédecine : la télémédecine est une excellente opportunité pour réduire l'impact climatique et améliorer la qualité des soins. En particulier pour les soins pré et post-opératoires ;
  • réduire les soins à faible valeur ajoutée (que ce soit des analyses, des tests ou des procédures inutiles) est un moyen tout simple de réduire les activités productrices de carbone ; cela passe par une politique d’amélioration de la qualité des soins -ce qui a été mis en œuvre dans le système de santé du Michigan). Une étude a souligné combien de tests de routine étaient encore effectués avant les chirurgies, en dépit de leur faible intérêt.

 

« Vers une médecine et une chirurgie plus durables ? ». On y travaille à la Michigan Medicine, écrivent les auteurs. Par exemple, le Département d'anesthie a récemment lancé la Green Anesthesia Initiative, ou GAIA en abrégé. Sa mission : devenir plus soucieux de l'environnement en ce qui concerne les types et les taux d'anesthésie utilisés. Plusieurs gaz régulièrement utilisés pour l'anesthésie sont de grands coupables en matière de production de gaz à effet de serre. L'oxyde nitreux, communément appelé gaz hilarant, est un gaz à effet de serre, un appauvrissant direct de la couche d'ozone et ne se dissipe pas de l'atmosphère pendant plus d'un siècle après sa production. En revanche, l'anesthésique inhalé sévoflurane a beaucoup moins d'impact sur l'environnement et constitue donc une alternative avantageuse.

 

« Nous pourrions faire mieux. Nous devons nous mobiliser et opter pour des choix structurels qui réduisent notre empreinte carbone ».


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