MÉNOPAUSE : Quels effets sur le cerveau ?
Des changements dans l'activité des œstrogènes du cerveau pendant la ménopause sont identifiés par cette équipe de biologistes de la Weill Cornell Médecine (New York). Leurs travaux publiés dans les Scientific Reports révèlent et décryptent la réponse du cerveau à ce changement majeur dans la vie, une réponse en grande partie liée l'activité hormonale.
Une caractéristique centrale de la ménopause est la diminution de la production d’œstrogènes par l’organisme. Cela entraîne divers changements corporels, notamment l’arrêt des règles, mais également des effets neuropsychiatriques tels que le « brouillard cérébral », la dépression et l’anxiété.
La transition vers la ménopause est simultanément marquée par une densité progressivement plus élevée de récepteurs d'œstrogènes (RE) sur les cellules cérébrales, une mesure qui reste élevée chez les femmes jusqu'au milieu de la soixantaine, révèle cette étude d'imagerie cérébrale, par tomographie par émission de positons (TEP).
Pour comprendre les mécanismes moléculaires détaillés qui sous-tendent les symptômes cérébraux de la ménopause, liés aux œstrogènes, les chercheurs auraient besoin d’une méthode fiable et peu invasive pour mesurer l’activité des œstrogènes dans le cerveau...
Les nombreux effets cognitifs et comportementaux de l’estradiol
L’étude a scanné le cerveau de 54 femmes en bonne santé âgées de 40 à 65 ans, en utilisant la TEP avec un traceur qui se lie aux ER. Ces récepteurs se trouvent dans plusieurs zones du cerveau, en particulier chez les femmes, et médient les nombreux effets cognitifs et comportementaux de l’hormone sexuelle féminine estradiol, la forme d’œstrogène la plus puissante. Ces analyses, qui ont comparé les données d’imagerie de participantes à différents stades de la ménopause révèlent :
- une densité de RE progressivement plus élevée dans plusieurs réseaux cérébraux régulés par les œstrogènes chez les femmes ménopausées et péri ménopausées vs les participantes non-ménopausées ;
- la ménopause induit une réponse compensatoire à la diminution des niveaux d’œstrogènes disponibles :
- au fur et à mesure que les niveaux d’œstrogènes chutent pendant la transition vers la ménopause, les cellules expriment des récepteurs supplémentaires pour absorber autant d’œstrogènes que possible ;
- ainsi, une densité élevée de RE dans certaines des zones du cerveau est non seulement associée à la ménopause, mais également à des symptômes de troubles cognitifs et de l’humeur liés à la ménopause ;
- chez les femmes ménopausées, des densités plus élevées dans des régions ctelles que l’hippocampe et le cortex frontal sont associées à des scores plus faibles à certains tests cognitifs ;
- dans le même groupe, des densités plus élevées dans un ensemble différent de régions du cerveau, y compris le thalamus, sont associées à des symptômes d'humeur tels que la dépression ;
Cette recherche suggère l’opportunité d’utiliser cette technique pour détecter ces effets cérébraux négatifs de la ménopause ou évaluer la réponse à l’œstrogénothérapie.
« Grâce à cette méthode, nous allons pouvoir identifier les prédicteurs de certains de ces symptômes courants de la ménopause », conclut l’auteur principal, le Dr Lisa Mosconi, professeur agrégé de neurosciences à la Weill Cornell Medicine.
La découverte selon laquelle les récepteurs des œstrogènes, au lieu de disparaître rapidement après la ménopause, restent abondants dans le cerveau jusqu'à 10 années après la ménopause, suggèrent également que la « fenêtre d'opportunité » pour l’hormonothérapie pourrait être plus large que prévu.
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