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OBÉSITÉ et CANCER : L’exposition cellulaire aux lipides en question dans la cancérogenèse

Actualité publiée il y a 2 années 2 mois 3 semaines
Nature Communications
La pression des lipides associés à l'obésité sur les cellules cancéreuses, pourrait les rendreplus agressives et plus susceptibles de former de véritables tumeurs (Visuel Fotolia).

On ne compte plus les études qui associent l'obésité et le développement de nombreux cancers. Plus rares déjà sont les recherches qui contribuent à expliquer comment le surpoids et l’obésité peuvent induire la cancérogenèse. L’inflammation, la libération de vésicules extracellulaires (VE) chargées en molécules toxiques et inflammatoires, l’effet pro-tumoral de l’excès de leptine, une signalisation de l'insuline altérée, la dérégulation des œstrogènes…de multiples mécanismes sous-jacents ont été documentés. Ces travaux de l'Université de Bergen (Norvège), publiés dans la revue Nature Communications, mettent quant à eux en cause la pression des lipides associés à l'obésité sur les cellules cancéreuses, les rendant plus agressives et plus susceptibles de former des tumeurs.

 

L’auteur principal, le Pr Nils Halberg rappelle que le cancer est causé par des changements génétiques qui modifient les conditions normales de la croissance cellulaire. On sait que l'obésité et le surpoids augmentent le risque de développer un cancer, mais de nombreux mécanismes ont été évoqués. Ici, les chercheurs démontrent que l'environnement entourant la cellule cancéreuse, différent dans un corps en surpoids ou obèse, pousse la cellule cancéreuse à s'adapter. C'est donc un des mécanismes en cause dans la corrélation entre obésité et cancer.

Même en l'absence de mutations génétiques, l'obésité augmente ainsi le risque de formation de tumeurs.

C’est donc l’une des premières études à proposer une théorie « mécaniste » sur cet impact de l’obésité sur le développement du cancer, et une explication possible aux 500.000 nouveaux cas de cancer associés chaque année à une obésité.  

Les chercheurs se concentrent sur le cancer du sein post-ménopausique pour lequel l’association avec l’obésité est bien établie par de nombreuses études épidémiologiques.

 

L'exemple du cancer du sein post-ménopausique : le cancer du sein est le cancer le plus fréquemment diagnostiqué et l'une des principales causes de décès par cancer chez les femmes. Les facteurs de risque du cancer du sein comprennent des facteurs non modifiables, tels que l'âge, la prédisposition génétique et les antécédents de reproduction, et des facteurs modifiables tels que l'obésité, la consommation d'alcool et le tabagisme. En tant que facteur de risque indépendant, l'obésité post-ménopausique induit un risque jusqu'à 20 % plus élevé de développer un cancer du sein, et chaque augmentation de 5 unités de l'IMC est associée à une augmentation de 12 % du risque de cancer du sein.

 

L'adaptation plutôt que l'expansion cellulaire ? Les scientifiques démontrent chez la souris modèle d’obésité (après greffes de coussinets adipeux mammaires) que la formation de tumeurs associées à l'obésité est entraînée par l'adaptation cellulaire plutôt que par l'expansion des cellules cancéreuses. Ils décryptent l’ensemble du processus et identifient les déterminants autonomes des cellules cancéreuses du risque de cancer du sein induit par l'obésité. Les chercheurs montrent ainsi que l’initiation de la tumeur est induite par un processus d’adaptation cellulaire régi de manière épigénétique, induit par l'obésité et en particulier par

une exposition des cellules à des concentrations élevées d'acide palmitique (AP).

  • Ces données sont également validées, in vitro, sur des lignées de cellules humaines. Pris ensemble, les résultats démontrent que l'adaptation cellulaire à l'AP induite par l'obésité est un facteur clé de l'initiation de tumeurs dans les cellules cancéreuses du sein et dans l'obésité. Ces conclusions sont également en ligne avec celles de précédentes études, citées par les auteurs.

 

Cette nouvelle compréhension de l’interaction de 2 maladies complexes, qui désigne de nouvelles cibles « lipidiques », devrait permettre de concevoir des traitements améliorés pour les patientes obèses atteints de cancer, concluent les auteurs.

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