OBÉSITÉ métaboliquement saine : Échappe-t-elle au risque de cancer ?
Dans certains cas on parle de « paradoxe de l’obésité » : dans ces cas rares, l’obésité est plutôt un facteur de moindre risque ou de meilleur pronostic. Cependant, plus généralement, l’obésité est associée à un risque accru de certains cancers. Cette nouvelle étude, menée à la Lund University, (Malmö, Suède) présentée lors de l’European Congress of Obesity (ECO 2023) et publiée dans le Journal of the National Cancer Institute confirme que les « formes » métaboliquement saines et malsaines de l'obésité sont toutes 2 associées à une risque accru de ces différents cancers liés à l'obésité, mais révèle tout de même une relation plus forte avec l'obésité métaboliquement malsaine.
L’auteur principal, le Dr Ming Sun de Université de Lund et son équipe font donc valoir que l’association d’une obésité sans complications cardio-métaboliques vaut toujours avec ces cancers.
Cibler l'obésité accompagnée de troubles métaboliques, surtout chez les hommes
L’étude a précisément évalué l’association entre l'indice de masse corporelle (IMC, et les catégories poids normal/surpoids/obésité), l'état de santé métabolique et le risque de cancer lié à l'obésité chez 797.193 participants européens, dont 23.630 ont développé un cancer. Les chercheurs ont utilisé un score métabolique comprenant la pression artérielle, le glucose plasmatique et les triglycérides (graisses sanguines) pour définir l'état métaboliquement « sain » et « malsain », puis un modèle statistique pour estimer la relation entre les différents critères.
Les participants ont été répartis en 6 catégories :
- obésité métaboliquement malsaine : 6,8 %,
- obésité métaboliquement saine : 3,4 %,
- surpoids métaboliquement malsain : 15,4 %,
- surpoids métaboliquement sain : 19,8 %,
- poids normal métaboliquement malsain : 12,5 %,
- poids normal métaboliquement sain : 42,0 %.
L’analyse révèle que :
- l'obésité métaboliquement malsaine est, vs un poids normal métaboliquement sain, associée à un risque relatif accru de tout cancer lié à l'obésité, notamment de cancer du côlon, du rectum, du pancréas, de l'endomètre, du foie, de la vésicule biliaire et des cellules rénales, avec les estimations du risque les plus élevées pour les cancers de l’endomètre, du foie et du rein (risque accru de 2,5 à 3,0 fois) ;
- chez les femmes, vs femmes de poids normal et en bonne santé métabolique, les femmes obèses et en mauvaise santé métabolique présentent un risque accru de 21 % de cancer du côlon, 3 fois plus élevé de cancer de l'endomètre et 2,5 fois plus élevé de cancer du rein ;
- les femmes obèses en bonne santé métabolique encourent un risque 2,4 fois plus élevé de cancer de l'endomètre et de 80% de cancer du rein cependant la relation avec le cancer du côlon n'est plus statistiquement significative ;
- chez les hommes, vs hommes de poids normal et en bonne santé métabolique, les hommes obèses et en mauvaise santé métabolique présentent un risque 2,6 fois plus élevé de cancer du rein, un risque accru de 85 % de cancer du côlon et accru de 32 % de cancer du pancréas et du rectum ;
- les hommes obèses en bonne santé métabolique ont un risque accru de cancer du rein de 67 % et un risque accru de cancer du côlon de 42 %, mais la relation avec le cancer du pancréas et le cancer du rectum n'est plus statistiquement significative ;
- de manière surprenante, les hommes en surpoids mais pas obèses, en bonne ou mauvaise santé métabolique, présentent un risque accru d'environ 50% de myélome multiple mais ce n’est pas le cas des hommes souffrant d'obésité, en bonne ou mauvaise santé métabolique ( ?).
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Ainsi, chez les hommes uniquement, l'obésité, conjointement avec les complications métaboliques, augmente le risque des cancers liés à l'obésité plus que la somme des facteurs de risque individuels.
Ce bilan emporte donc des implications importantes en Santé publique, en suggérant qu'un nombre important de cas de cancer pourraient être évités en ciblant la coexistence de l’obésité et des troubles métaboliques, et en particulier pour les cancers liés à l'obésité chez les hommes.
Enfin, surveiller l’incidence des troubles métaboliques, en cas de surpoids et d’obésité, est donc essentiel dans la surveillance du risque de cancer, entre autres risques bien sûr.
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