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OBÉSITÉ : Une seule molécule pour éloigner l’hypertension ?

Actualité publiée il y a 4 années 5 mois 3 semaines
Circulation Research
Bloquer une cible unique permettrait d’abaisser efficacement la tension artérielle en cas d’obésité.

C’est une nouvelle voie connue pour causer l'hypertension chez les personnes obèses qui pourrait être ciblée et cette voie tient à une hormone elle-aussi connue, la leptine, une molécule qui contrôle l’appétit et le métabolisme en réponse à l’alimentation. Ou, plus précisément, à l’un de ses récepteurs dans un minuscule organe du côté du cou. Cette équipe de la Johns Hopkins Medicine révèle ainsi une cible responsable de ce lien entre l'obésité et la pression artérielle et suggère, dans la revue Circulation Research, que bloquer cette seule molécule, permettrait d’abaisser efficacement la tension artérielle en cas d’obésité. La démonstration est effectuée chez la souris obèse.

 

On sait que la pression artérielle augmente avec le poids corporel : l'obésité induit de nombreux effets cardiovasculaires en grande partie liés à une pression artérielle mal contrôlée, explique l’auteur principal, le Dr Vsevolod Polotsky, professeur de médecine à la faculté de médecine de l'Université Johns Hopkins. Près du tiers des adultes vivant dans les pays riches ont une tension artérielle élevée et seulement la moitié de ces personnes contrôlent leur pression artérielle par traitement ou changements de mode de vie.

L'hypertension reste particulièrement difficile à traiter chez les patients obèses

Le rôle clé la leptine sur la pression artérielle : les personnes obèses deviennent souvent résistantes à la leptine, de sorte que l'augmentation des niveaux de leptine après le repas ne provoque plus de sensation de satiété. En réponse à cette résistance, les taux de leptine continuent de grimper avec l'obésité. Ces niveaux élevés favorisent alors l’augmentation de la tension artérielle. De précédentes études ont également révélé la présence de taux élevés de récepteurs de la leptine dans les corps carotides - de minuscules amas de cellules situées le long des artères carotides de part et d'autre de la gorge-. Ces organes réagissent aux variations des taux d'oxygène et de dioxyde de carbone dans le sang. Les chercheurs se sont alors demandé si la leptine n’exerçait pas son action sur pression artérielle, justement au niveau de ces corps carotides.  

 

Quelques expériences permettent d’identifier une molécule clé :

  • L’administration de leptine à des souris maigres entraîne une élévation de la pression artérielle :

la pression artérielle est mesurée en millimètres de mercure (mm Hg) via 2 lectures - systolique et diastolique. Selon l'American Heart Association, le risque de mourir d'une crise cardiaque ou d'un accident vasculaire cérébral (AVC) double avec chaque augmentation systolique de 20 mm Hg ou chaque augmentation diastolique de 10 mm Hg, chez les adultes plus âgés. Les chercheurs montrent que l’administration de fortes doses de leptine à des souris maigres entraîne une augmentation de la pression artérielle de 10,5 à 12,2 mm Hg, sans effet sur la fréquence cardiaque ni sur l’apport alimentaire ;

  • chez des souris privées de corps carotides, la pression artérielle ne varie pas en réponse à la leptine ;
  • des souris obèses dépourvues de récepteurs de leptine maintiennent un pression artérielle normale ; des souris obèses dépourvues de récepteurs de leptine qui reçoivent, par injection, des gènes des récepteurs de la leptine directement dans les corps carotides voient leur tension artérielle augmenter considérablement. 

 

 

Un mécanisme complètement nouveau de développement de l’HTA en situation d'obésité : prises ensemble, ces expériences montrent que le corps carotidien est nécessaire pour que la leptine induise l'hypertension.  En passant au crible les données précédemment collectées sur les molécules présentes dans le corps carotidien, les chercheurs ont pu identifier les molécules de signalisation du corps carotidien impliquées dans ce mécanisme, dont un récepteur nommé « TRPM7 ». Des souris traitées avec le médicament fingolimod (utilisé pour traiter la SEP) qui bloque entre autres TRPM7 permet d’empêcher cet effet « leptine » d’élévation de pression artérielle.

 

Il s’agit maintenant de développer un médicament pour l’Homme, à action prolongée qui cible précisément ce récepteur dans le corps carotidien. Et c’est peut-être l’espoir, en ciblant une molécule, de traiter efficacement l'hypertension chez les personnes obèses.

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