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OCYTOCINE : Un neuromodulateur aux effets contraires

Actualité publiée il y a 3 années 9 mois 3 semaines
Neuron
Mais comment agit donc « l'hormone de l'amour » ? (Weizmann Institute of Science)

Mais comment agit donc « l'hormone de l'amour » ? "C'est compliqué", avoue contre toute attente cette équipe du Weizmann Institute of Science (Israël) qui montre sur des souris comment l'hormone ocytocine peut amplifier la convivialité mais également, parfois, l’agressivité. Cette étude menée chez l’animal, et présentée dans la revue Neuron, apporte un nouvel éclairage sur les utilisations possibles de l'ocytocine pour traiter toute une variété de troubles psychiatriques, de l'anxiété sociale à l'autisme et à la schizophrénie.

 

Si « l'hormone de l'amour » est plus souvent décrite comme une « hormone sociale », impliquée dans des comportements sociaux tels que le contact visuel ou le sentiment de proximité», cette nouvelle recherche suggère que son rôle est plus complexe qu’il n’y parait. Ainsi, pour exemple, durant le confinement, de nombreux couples ont été contraints de passer des jours et des semaines en compagnie l'un de l'autre. Chez certains d’entre eux, cette proximité a resserré les liens, d'autres au contraire, ont décidé de se séparer. L'ocytocine, ce peptide produit dans le cerveau pourrait jouer un rôle clé dans ces deux comportements opposés :

Cellules productrices d'ocytocine dans le noyau paraventriculaire d'un hypothalamus de souris

Ce neuromodulateur pourrait « rapprocher les cœurs comme renforcer les rancœurs ».

Cette conclusion est la conclusion de cette expérience originale au cours de laquelle des souris vivant dans des conditions semi-naturelles ont subi une manipulation extrêmement précise de leurs cellules cérébrales productrices d'ocytocine. En effet, un certain nombre d'études récentes suggèrent que les comportements des souris dans ce type d’environnement semi-naturel peuvent nous en apprendre beaucoup plus sur notre comportement humain (et naturel).

Ici, l’équipe du Pr Alon Chen du département de neurobiologie a créé les conditions d’une expérience qui permet d'observer ces animaux dans un environnement de vie très proche de leurs conditions de vie naturelles, soit un environnement enrichi de stimuli qui peuvent être explorés. Durant ce temps, les animaux sont observés jour et nuit avec des caméras et leur comportement est modélisé. Cette recherche, qui se poursuit ainsi depuis 8 ans, poursuit depuis huit ans, utilise l'optogénétique - une méthode qui permet aux chercheurs d'activer ou de désactiver des neurones spécifiques dans le cerveau avec la lumière. Pour que les souris puissent se déplacer librement, un appareil sans fil compact et léger avec télécommande permet d’activer les cellules nerveuses. Une protéine a été infusée dans les cellules cérébrales productrices d'ocytocine chez ces souris de sorte que ces neurones puissent être activés par la lumière de l'appareil. Ils deviennent alors plus sensibles aux signaux des autres cellules du cerveau.

 

Hormone pro et a-sociale selon les environnements : grâce à cette configuration expérimentale, les chercheurs ont pu activer doucement les cellules productrices d'ocytocine dans l'hypothalamus, en plaçant certains animaux dans ces environnements de laboratoire semi-naturels vs laboratoire stérile.

  • Dans l'environnement semi-naturel, les souris manifestent d’abord un intérêt accru l'une pour l'autre, cependant cet intérêt est rapidement suivi d'une augmentation des comportements agressifs ;
  • en revanche, dans des conditions de laboratoire classiques, l'augmentation de la production d'ocytocine chez les souris induit plutôt une réduction de l’agressivité ;
  • en synthèse, une situation sociale différente conduit à un effet différent de l'ocytocine.

 

Ainsi, si l'hormone de l'amour est plus souvent prosociale, dans des situations de stress ou de compétition, elle semble -ici chez l’animal- avoir une action anti-sociale. Pris ensemble, ces résultats suggèrent un équilibre délicat, dépendant de facteurs environnementaux complexes mais confirment un rôle thérapeutique possible et la possibilité d’inverser des comportements agressifs ou asociaux caractéristiques de certains troubles mentaux.  

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