OMEGA 3 : Bons pour le cœur mais quid de la prostate ?
Doit-on prendre des suppléments en oméga-3 ou consommer 2 portions de poisson riche en oméga-3 par semaine, comme le recommande l’American Heart Association ? Les études sur le sujet sont nombreuses et leurs conclusions peu claires. En particulier lorsqu’il s’agit du risque de cancer de la prostate*. Cette équipe de l'Institut de cardiologie Intermountain Healthcare (Salt Lake City) a poursuivi la recherche sur les avantages et les risques d’une telle supplémentation, en particulier sur l'augmentation éventuelle du risque de cancer de la prostate. Les conclusions, présentées à la Réunion scientifique 2019 de l’American Heart Association (AHA) confirment l’absence d’association entre des niveaux plasmatiques élevés d’omega-3 et une élévation de ce risque de cancer. En revanche, les bénéfices cardiaques sont confirmés, même en cas de coronaropathie préexistante.
En 2013, une étude* publiée dans le Journal de l'Institut national du cancer, avait suggéré un lien possible entre des niveaux d’omega-3 élevé dans le plasma et le développement du cancer de la prostate agressif. D’autres études ont abouti à des résultats mitigés sur ce risque. Différentes recherches ont également documenté des bénéfices des omega-3 en prévention d’autres types de cancer. La question est donc de savoir si recommander aux patients des omega-3 documentés comme bénéfiques à la santé cardiaque (et cognitive), ne les expose pas à un risque accru de cancer de la prostate. L’équipe apporte desz éléments de réponse avec 2 nouvelles études sur les omega-3.
Les niveaux d’omega-3 n’apparaissent pas associés au risque de cancer de la prostate
Dans une première étude, les chercheurs identifient 87 patients ayant développé un cancer de la prostate. Ces patients ont également été testés pour déterminer leurs taux plasmatiques d'acide docosahexaénoïque (DHA) et d'acide eicosapentaénoïque (EPA), 2 acides gras oméga-3 courants. Ces données ont été comparées à celles d’un groupe témoin de 149 participants exempts de cancer de la prostate. L’analyse conclut que des taux élevés d'oméga-3 ne sont pas liés à un risque accru de cancer.
Les omega-3 semblent favorables à la survie, même en cas de coronaropathie préexistante : une seconde étude examine les données de 894 patients, exempts d’antécédent de crise cardiaque ou de coronaropathie et orientés vers une angiographie coronarienne. L’analyse montre qu’environ 40% de ces patients présentent une coronaropathie sévère et environ 10% sur les 3 principales artères coronaires. Les chercheurs ont mesuré les taux plasmatiques de métabolites des omega-3 (dont DHA et EPA) et suivi ces participants pour l’incidence d’événements cardiovasculaires (crise cardiaque, accident vasculaire cérébral, insuffisance cardiaque ou décès). L’analyse confirme que les patients présentant des taux élevés de métabolites d'oméga-3 mais présentent aussi, au cours du suivi, un risque moindre d’événements indésirables, qu'ils aient ou non été diagnostiqués avec une maladie grave lors de l’angiogramme initial.
Ainsi, l’étude est la première à évaluer comment comment les omega-3 peuvent aider les patients qui ont déjà développé une maladie et bénéficier à la survie. Ses résultats confirment que vulnérabilité cardiaque ou pas, les niveaux d’omega-3 sont inversement associés au risque d’événements cardiaques futurs.
Si une association apparente entre des taux plasmatiques élevés d'omega-3 et les résultats de cardiopathie sévère lors de l'angiogramme initial pouvaient faire craindre, dans certains cas, que les omega-3 ne soient pas bénéfiques, si le suivi médical de ces patients a bien évidemment impacté leurs résultats de santé à terme, l’étude suggère bien une association positive entre des niveaux plus élevés d’omega-3 et le taux de survie, chez ces patients à risque cardiaque élevé.
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