PESTICIDES : 75% des miels sont contaminés
Les trois quarts des échantillons de miel contiennent des traces de pesticides, précisément de néonicotinoïdes, révèle cette étude de l'Université de Neuchâtel (Suisse) qui a analysé près de 200 échantillons de miel, recueillis dans différentes régions du monde. Si le faible niveau détecté n’a pas été associé à un risque démontré chez l’Homme, il est partiellement responsable de la baisse rapide des nombres d'abeilles en Europe et autres pollinisateurs et constitue un danger certain pour l’environnement.
Le miel, le nectar et le pollen sont un bon marqueur de la qualité environnementale de leur région. Comme les échantillons de miel sont faciles à obtenir, ils constituent une bonne méthode d'analyse de l’environnement à l’échelle mondiale. Il s’agit donc ici d’une enquête mondiale mesurant les concentrations de néonicotinoïdes sur tous les continents, à l'exception de l'Antarctique, mais aussi d’une initiative scientifique citoyenne où des bénévoles, chercheurs et publics, encouragés à recueillir des échantillons de miel entre 2012 et 2016. Les caractéristiques de chaque échantillon (région, description du miel et apiculteur) ont été relevées.
L’analyse révèle :
une concentration moyenne dans les échantillons de 1,8 nanogramme par gramme de miel (ng / g), un niveau très inférieur à la dose maximum acceptable établie pour l'UE, qui est de 50 ng / g pour 3 des néonicotinoïdes et de 10 ng / g pour les 2 autres ;
- que 75% des échantillons présentent des quantités quantifiables d'au moins 1 néonicotinoïde. La proportion de miels affectés varie avec la localisation : la plus grande proportion d'échantillons contaminés est constatée en Amérique du Nord (86%), puis en Asie (80%), puis en Europe (79%), Afrique et Océanie, le taux le plus faible est relevé en Amérique du Sud (57%) ;
- dans les 30% d’échantillons contenant un pesticide, 1 néonicotinoïde est trouvé,
- dans 45%, 2 à 5 néonicotinoïdes,
- dans 10% 4 ou 5.
- Le pesticide le plus répandu est l'imidaclopride, présent dans la moitié de tous les échantillons ;
- La clothianidine est le moins répandu, présent dans 16% des échantillons.
Ainsi, si l’étude ne cherche pas à alarmer le grand public, elle veut sensibiliser un peu plus aux effets de l'utilisation de pesticides à l'échelle mondiale. Les nicotinoïdes sont les pesticides les plus utilisés. Ils sont commercialisés depuis les années 80 et documentés à partir des années 90 comme responsables de nuisances pour les abeilles. Il faut rappeler que la France a déjà interdit complètement les néonicotinoïdes (interdiction en vigueur en 2020). Les nicotinoïdes sont absorbés par les plantes et contaminent le pollen et le nectar.
C’est pourquoi, on ne peut, même si cela n’a pas encore été démontré, écarter toute inquiétude sur des effets présents jusque dans la chaîne alimentaire, pouvant affecter les humains.
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