PHYTOSTÉROLS : On en a bien besoin, mais on n’en produit pas
Cette étude, menée par une équipe du Max Planck Institute for Marine Microbiology ouvre-t-elle l’espoir de permettre un jour à l’Homme de produire des phytostérols de novo dans le but de réduire ses niveaux de cholestérol sanguin ? En tous cas, la recherche découvre et décrit des vers marins capables de synthétiser des phytostérols de novo et montre que de nombreux autres animaux possèdent les gènes nécessaires pour fabriquer ces stérols végétaux. Ces travaux expérimentaux, publiés dans la revue Science, suggèrent aussi un organisme modèle précieux, Olavius algarvensis, pour mieux comprendre le rôle bénéfique des stérols végétaux pour la santé des mammifères dont l’Homme.
Le cholestérol et les phytostérols sont des stérols, des acides gras indispensables à de nombreux processus biologiques comme le fonctionnement des membranes cellulaires. Jusqu'à présent, on supposait que les phytostérols sont spécifiques aux plantes et le cholestérol aux animaux, et que seules les plantes peuvent produire des phytostérols, tandis que les animaux produisent généralement du cholestérol.
Enfin, les phytostérols ont une propriété intéressante, ils permettent de réduire les niveaux de cholestérol sanguin. Ainsi, on comprend aussi les bénéfices de l’adhésion à un régime riche en végétaux et en phytostérols.
Et si on pouvait produire des phytostérols, au-delà d'en consommer ?
L’étude est menée sur le ver marin Olavius algarvensis, un ver qui mesure environ 2 centimètres de long et 0,5 millimètre de large et vit à côté des herbiers marins de la Méditerranée. Ces scientifiques ont découvert que ce petit ver contient beaucoup plus de phytostérol que cholestérol.
« Or, ces vers n'ont ni bouche ni intestin »,
explique l’auteur principal, Dolma Michellod, du Max Planck Institute for Marine Microbiology. « Nous nous sommes donc demandé si les bactéries symbiotiques à l'intérieur d'Olavius, qui leur apportent leur alimentation, pouvaient fabriquer des phytostérols, mais ce n'était pas le cas ». Les chercheurs ont ensuite exclu l’hypothèse d’une absorption des phytostérols à travers la peau. C’est ainsi qu’ils réalisent que
ces vers fabriquent eux-mêmes les phytostérols.
Différentes techniques dont le séquençage d'ADN et d'ARN, de protéines et de métabolites et l’imagerie confirment que c'est le ver qui fabrique les phytostérols, et que le principal phytostérol qu'il fabrique est le sitostérol.
C’est donc la première démonstration de la synthèse de phytostérols chez l’animal.
Plusieurs familles d'animaux possèdent en fait les gènes nécessaires à la fabrication de phytostérols : les scientifiques montrent en effet que le gène nécessaire à la fabrication de sitostérol à partir de précurseurs du cholestérol est largement répandu dans le règne animal. Il est ainsi toujours présent dans différents groupes d'animaux, chez des coraux, les vers de terre, les palourdes ou encore les moules. Il confère un avantage sélectif car il leur permet de fabriquer des phytostérols. Ces phytostérols semblent en particulier rendre leurs membranes plus perméables, spéculent les chercheurs.
Mieux comprendre le rôle du cholestérol et des phytostérols : alors que jusqu'à présent, la recherche sur les stérols chez les animaux se concentrait sur le cholestérol, dont certaines formes sont essentielles à la construction des membranes cellulaires et à la production d'hormones, et d'autres nocives, de nouvelles recherches pourraient aborder les avantages des phytostérols pour les humains. En particulier parce que les phytostérols peuvent réduire le taux de cholestérol sanguin, réduisant ainsi le risque de crises cardiaques ou d'accidents vasculaires cérébraux (AVC).
Mais il reste à décrypter les facteurs sous-jacents à ces avantages, précisent les chercheurs de l'Institut Max Planck qui disposent désormais d’un organisme modèle précieux pour mieux comprendre le rôle bénéfique des stérols végétaux pour la santé humaine.
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