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RÉSISTANCE à l’INSULINE : Elle double le risque de dépression

Actualité publiée il y a 2 années 6 mois 3 semaines
American Journal of Psychiatry
La résistance à l'insuline double le risque de trouble dépressif majeur (Visuel Adobe Stock 295001960)

La résistance à l'insuline double le risque de trouble dépressif majeur, conclut cette équipe de Stanford qui établit pour la première fois, dans l’American Journal of Psychiatry, un lien entre ces 2 conditions. Alors que la dépression touche environ une personne sur 5 au cours de la vie, qu’un grand nombre de ses causes ne sont pas évitables, l’identification de ce nouveau facteur évitable par l'alimentation, la pratique de l’exercice voire des médicaments, apporte un espoir de réduire sa prévalence en population générale.

 

Ainsi, l’auteur principal, le Dr Natalie Rasgon, professeur de psychiatrie et de sciences du comportement à Stanford précise : « Si vous êtes résistant à l'insuline, votre risque de développer un trouble dépressif majeur est le double de celui d'une personne qui ne l’est pas, même si vous n'avez jamais souffert de dépression auparavant ». Avec des symptômes comme une tristesse profonde et chronique, le désespoir, une lenteur, des troubles du sommeil et une perte d'appétit, la maladie peut être profondément handicapante.

La résistance à l'insuline est un facteur de risque de maladies graves, dont le diabète de type 2, mais aussi la dépression.

La prévalence de la dépression est élevée, celle de la résistance à l'insuline également. Cette condition pourrait toucher un adulte sur 3 dans le monde, sans être diagnostiquée dans la plupart des cas. La condition ne résulte pas d'une déficience de la capacité du pancréas à sécréter de l'insuline dans la circulation sanguine, comme cela se produit dans le diabète de type 1, mais d’une capacité réduite des cellules du corps à prendre compte les signaux de l’hormone.

 

Rappel du rôle de l’insuline : la mission de l’insuline est de signaler à nos cellules qu'il est temps pour elles de traiter le glucose qui inonde notre sang en raison de notre apport alimentaire, de sa fabrication dans notre foie ou des deux. Chaque cellule du corps utilise le glucose comme carburant, et chacune de nos cellules a des récepteurs à sa surface qui, en se liant à l'insuline, signalent à la cellule qu’il est temps d'ingérer la précieuse source d'énergie.

 

Une prévalence croissante des troubles métaboliques : en effet, une proportion croissante de la population mondiale est résistante à l'insuline, pour des raisons multiples, dont un apport calorique excessif, le manque d'exercice, le stress et le manque de sommeil. Ces facteurs privent les récepteurs d'insuline d’une partie de leur capacité à se lier correctement à l'insuline. Finalement, le taux de sucre dans le sang s’élève de manière excessive. Une fois ces niveaux au-dessus d'un certain seuil, le diabète de type 2 s’installe avec, dans certains cas, ses comorbidités dont les troubles cardiovasculaires et cérébro-vasculaires, la neuropathie, la maladie rénale et ses complications dont les amputations.

 

Des associations entre la résistance à l'insuline et d’autres troubles mentaux ont déjà été établies. Environ 40% des patients souffrant de troubles de l'humeur sont ainsi résistants à l'insuline. Au-delà de ces données d’observations, il subsiste la question de la relation de cause à effet : la résistance à l’insuline est-elle cause ou résultat de la dépression ?

 

L'étude, longitudinale : Les chercheurs sont donc partis des données d'une étude longitudinale en cours, sur la dépression, la Netherlands Study of Depression and Anxiety qui suit, depuis déjà 9 ans, plus de 3.000 participants. L'équipe de Stanford a analysé les données de 601 hommes et femmes témoins de l'étude, âgés de 41 ans en moyenne et exempts à l’inclusion, d’anxiété et de dépression. L'équipe a évalué 3 indicateurs de la résistance à l'insuline : la glycémie à jeun, le tour de taille et le rapport des taux de triglycérides circulants vs lipoprotéines de haute densité (HDL ou « bon » cholestérol). L’analyse confirme la relation, sur la base de chacune de ces 3 mesures, et constate :

 

  • qu’une augmentation modérée de la résistance à l'insuline, telle que mesurée par le rapport triglycérides/HDL, est liée à une augmentation de 89 % du taux de nouveaux cas de trouble dépressif majeur ;
  • que chaque augmentation de 5 centimètres de graisse abdominale est liée à un taux de dépression accru de 11% ;
  • qu’une augmentation de la glycémie à jeun de 18 milligrammes par décilitre de sang est associée à un taux de dépression accru de 37 %.

Une sous-analyse limitée à 400 participants qui ,'avaient jamais souffert de dépression et n'avaient montré aucun signe de résistance à l'insuline, montre que :

 

  • près de 100 de ces participants sont devenus résistants à l'insuline au cours du suivi ;
  • les participants ayant développé un prédiabète au cours des 2 premières années de l'étude ont un risque multiplié par 2,7 de dépression majeure au cours du suivi de 9 ans, vs les participants qui ont maintenu une glycémie normale au cours du suivi.

 

« Il est temps pour les professionnels de santé de prendre en compte l'état métabolique des patients souffrant de troubles de l'humeur mais aussi d’évaluer l'humeur des patients atteints de maladies métaboliques telles que l'obésité et l'hypertension.

Prévenir la dépression passe aussi par la prévention de la sensibilité à l'insuline ».

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