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SOCIÉTÉ : Mais pourquoi restons-nous dans la norme ?

Actualité publiée il y a 7 années 4 mois 3 semaines
PNAS

La coopération est la base de toute société humaine, comprendre comment les normes sociales peuvent la favoriser peut permettre de renforcer les comportements coopératifs de bonne pratique. Ces chercheurs du National Institute for Mathematical and Biological Synthesis (NIMBioS) travaillent sur le pouvoir des normes sociales, majoritairement non dites et inconscientes, et donc sur les origines et l’évolution de la coopération humaine. En modélisant les comportements individuels dans les actions collectives de groupe et en décryptant les mécanismes génétiques (et biologiques) sous-jacents à ces comportements, ces travaux présentés dans les Actes de l’Académie des Sciences américaine révèlent, entre autres implications, une variation génétique significative de la capacité des humains à internaliser ces normes.

La manière de s'habiller, de s'exprimer, de manger et même de percevoir ou ressentir est souvent conditionnée à des règles non dites, spécifiques d'un groupe : des normes sociales majoritairement internalisées au point qu'on les suit sans même s'en rendre compte. Pourtant parfois ces normes peuvent « coûter », en particulier lorsqu'elles exigent un sacrifice pour le bien du groupe. Certains individus et groupes sont également prêts à "payer un prix extrêmement élevé pour défendre ou promulguer des valeurs et des normes spécifiques qu'ils jugent importantes. De tels comportements, inversement associés à l'aptitude biologique, représentent un casse-tête évolutif. Ces chercheurs tentent de mieux comprendre les origines évolutives de la capacité humaine à internaliser et à suivre les normes sociales. Ils se concentrent sur 2 types d'actions collectives, la coopération pour surmonter les défis de la nature et la coopération pour résoudre les conflits avec des groupes voisins. Ils finissent par développer un modèle prédictif -écrivent-ils- de comportements individuels et collectifs.


Les chercheurs utilisent des simulations informatiques pour modéliser à la fois le comportement individuel dans les actions collectives de groupe et les mécanismes génétiques sous-jacents contrôlant le comportement. Les chercheurs ont travaillé à partir de l'hypothèse que l'adhésion aux normes est socialement renforcée par l'approbation et la récompense, que le non-respect des normes l'est par la désapprobation et la sanction.

Les auteurs ont examiné 2 grands types d'actions collectives nécessitant une coopération :

-Un scenario de coopération face aux défis de la nature : se défendre contre des prédateurs, chasser et se développer de manière coopérative

-Un scenario de compétition entre plusieurs groupes : compétitions pour un territoire, compétition entre 2 mâles pour l'accouplement, compétition pour l'accès aux voies etc…

L'internalisation de la norme, préalable à la coopération humaine, évolue facilement. En effet l'étude et la modélisation de ces 2 grands types de scenarii suggère que :

-l'internalisation de la norme évolue rapidement en fonction du contexte et des scenarii,

-au fil de l'évolution « la sanction » a été beaucoup plus efficace que la récompense pour promouvoir la coopération,

-il existe une variation génétique significative de la capacité des humains à internaliser les normes : pour preuve, il existe, certes en nombre faible dans un groupe de population donné, des individus « sur-socialisés » qui sont prêts à faire des sacrifices extrêmes pour leurs groupes. De même, il existe aussi des individus « sous-socialisés » (e.g. psychopathes) ou simplement réfractaires à l'égard de toute norme sociale.

Enfin, le modèle explique cette variation et peut prédire comment des différences d'environnement social et physique peuvent affecter le comportement social humain, la prise de décision humaine et finalement la propension à la coopération.

Bref, des travaux très théoriques sur les mécanismes et les origines de la coopération humaine, mais qui pourraient présenter quelques applications pratiques, comme mieux comprendre la prise de décision humaine et mieux prédire les actions humaines en réponse à certains événements ou choix politiques. Il serait alors possible d'identifier les stratégies les plus efficaces pour optimiser les comportements collectifs. Quoiqu'il en soit, cette recherche incite à réfléchir sur la part inconsciente et la part volontaire de nos comportements normatifs.

May 4, 2017 doi: 10.1073/pnas.1703857114 Collective action and the evolution of social normal internalization

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Lire aussi : ÉVOLUTION: Altruisme et coopération, une question de hasard?

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