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SOMMEIL : Il pèse lourd dans le risque cardiaque

Actualité publiée il y a 5 années 3 jours 7 heures
Cardiovascular Research
Le manque de sommeil peut expliquer pourquoi les plus démunis souffrent plus souvent de maladie cardiaque

Le manque de sommeil peut expliquer pourquoi les plus démunis souffrent plus souvent de maladie cardiaque, conclut cette étude du Centre Unisanté (Lausanne) : les personnes à statut socioéconomique « faibles » dorment moins pour différentes raisons : elles peuvent occuper plusieurs emplois, travailler par roulement, vivre dans des environnements plus bruyants et souffrir de niveaux de stress émotionnel et financier plus importants. L’étude, publiée aujourd'hui dans la revue Cardiovascular Research, qui associe à nouveau l’incidence de la maladie aux troubles et à l’insuffisance de sommeil, appelle les médecins à la détection de ces troubles chez les personnes les plus vulnérables.

C’est la première grande étude en population à examiner, dans le cadre d’un programme nommé « Lifepath », ce lien entre statut socio-professionnel, durée de sommeil et incidence de la maladie cardiaque, chez les hommes et chez les femmes. Au-delà de l'impact logique de 2 facteurs souvent combinés, statut socio-professionnel faible et manque de sommeil,  cette analyse apporte matière à réflexion chez les femmes. En effet, chez les femmes, l'association statut socio-professionnel et durée de sommeil est très réduite, en raison de leurs autres responsabilités familiales, qui pèsent elles-aussi sur le risque de maladie cardiaque. 

Un faible statut socio-professionnel est associé à un risque cardiaque accru

 

Les chercheurs ont analysé les données de 8 cohortes soit de 111.205 participants de 4 pays européens. Le statut socioéconomique a été qualifié comme faible, moyen ou élevé selon la profession, l’activité et le niveau de revenus des participants. Les chercheurs ont également pris en compte les facteurs de confusion possibles, dont les antécédents de maladie coronarienne et d'accident vasculaire cérébral (AVC). La durée moyenne du sommeil a été également classée comme « sommeil recommandé ou normal » (6 à 8,5 heures/nuit), « courte durée de sommeil » (6h/nuit) et sommeil prolongé (>8,5 heures par nuit). La contribution de l'insuffisance de sommeil au risque de maladie ou d’événement cardiovasculaire a été évaluée à l'aide d'une approche statistique développée par l’équipe. L’analyse conclut :

  • à un poids conséquent du facteur « sommeil » dans les résultats de santé cardiovasculaire : le sommeil pèse en effet pour 13,4% du lien entre l’activité professionnelle et la maladie coronarienne chez les hommes ;
  • précisément, un faible statut socio-professionnel est associé chez les hommes à un risque accru de maladie cardiaque de 19% et de 25% chez les femmes ;
  • précisément, un faible statut socio-professionnel est associé chez les hommes à un risque accru de 48% de coronaropathie chez les hommes et de 53% chez les femmes ;
  • chez ces femmes, aucun effet de médiation lié à une trop courte durée de sommeil n’est constaté ;
  • l‘incidence de l'accident vasculaire cérébral (AVC) ne présente aucune association avec les variables examinées.

 

 

Une surveillance à développer, en particulier chez les femmes : les femmes à faible statut socio-économique subissent en général une double peine, la tension physique et psychosociale d’un emploi manuel mal rémunéré et le poids des responsabilités domestiques et le stress, ce qui affecte doublement leur sommeil et multiplie les effets négatifs sur leur santé. « L'absence de « médiation » d’une trop courte durée de sommeil chez les femmes sur le risque cardiaque s’explique par la relation plus faible entre l'activité professionnelle et la durée du sommeil, par rapport aux hommes », explique l’auteur principal, Dusan Petrovic, du Centre universitaire de médecine générale et de santé publique de Lausanne.

 

En d’autres termes, chez les femmes, un faible statut socio-professionnel vient s’ajouter au stress du quotidien lié aux responsabilités familiales, pour influer de manière négative sur le sommeil et le risque cardiaque.

 

Les auteurs appellent à des réformes structurelles pour permettre simplement aux gens de mieux dormir, quels que soient leurs statuts socioprofessionnels. Cela passe par la lutte contre la pollution sonore et lumineuse, par la conception de logements sociaux mieux isolés, à stores et double vitrage par exemple, et suffisamment éloignés des sources de pollution atmosphérique, mais aussi par une meilleure adéquation entre les horaires de travail et les responsabilités familiales.


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