TABAGISME et CANCER : Pourquoi il n’est jamais trop tard pour arrêter de fumer
Il n'est jamais trop tard pour arrêter de fumer, y compris pour les personnes atteintes de cancer, rappellent avec force, ces médecins de la Washington University (WashU Medicine). L’équipe a développé un programme de sevrage tabagique, mis en œuvre au Siteman Cancer Center qui, selon ces premières données, publiées dans le Journal of the National Comprehensive Cancer Network (JNCCN) est plus efficace que certaines chimiothérapies à prolonger la vie.
Avec ce programme de sevrage tabagique, les patients atteints de cancer qui arrêtent de fumer vivent en moyenne 330 jours de plus que ceux qui continuent de fumer, tous types et stades de cancer confondus.
Ce résultat ne peut que retenir l’attention alors que dans les pays riches, on estime que
environ 25 % des personnes atteintes de cancer sont des fumeurs actifs au moment du diagnostic,
une grande partie d’entre elles continuant même de fumer pendant le traitement. Ces comportements peuvent s’expliquer par un préjugé erroné : arrêter de fumer n'apporterait pas grand-chose en cas de diagnostic cancer, surtout à un stade avancé.
L’étude confirme l’augmentation de la survie avec l’arrêt du tabac et révèle, contre toute attente, que
ce sont les fumeurs atteints de cancers les plus avancés qui en tirent le plus grand bénéfice,
doublant ainsi leur espérance de vie.
Les 13.282 participants ont été invités à suivre le programme de sevrage tabagique développé par l’équipe, une approche unique intégrant prise en charge du cancer et interventions de sevrage tabagique au plan de traitement des patients. La prise en charge de ces 2 types de traitements dans le cadre des soins ambulatoires délivrés sur une durée de 6 mois, sur place a permis aussi d’éliminer les contraintes de temps et de transport et de favoriser l’observance des traitements. L'équipe a enregistré le statut tabagique de chaque participant lors de sa première visite, puis a suivi les taux de sevrage au cours des 6 mois suivants, ainsi que la survie au cours des 2 années suivantes. L’expérience montre que :
- sur les 1.725 patients fumeurs au moment de leur première visite, environ 20 % ont arrêté dans les six mois suivants ;
- tous types et stades de cancer confondus, la probabilité de survie 2 ans après la première consultation d'oncologie est de 74 % chez les patients ayant continué à fumer vs 85 % chez les participants ayant arrêté ;
- ce bénéfice est particulièrement marqué, voire concentré chez les patients atteints de cancers à un stade avancé (stade 3 ou 4), chez lesquels l'arrêt du tabac était associé à une augmentation plus importante du taux de survie sur le suivi ;
-
parmi les patients atteints d'un cancer de stade 3 ou 4 ayant continué à fumer, 85 % étaient encore en vie à 210 jours. Parmi ceux ayant arrêté, 85 % étaient encore en vie à 540 jours ;
-
cela représente près d'1 année de vie gagnée pour ceux qui ont arrêté.
L’un des auteurs principaux, le Dr Steven Tohmasi, médecin résident au département de chirurgie de la faculté de médecine de Washington, précise : « les patients atteints d'un cancer à un stade avancé se sentent souvent désespérés. S'ils estiment disposer de peu de temps, ils sont moins enclins à arrêter de fumer et privilégient leur confort aux efforts de sevrage. Mais lorsque nous présentons ces données aux patients, cela leur redonne espoir et les motive à vouloir arrêter.
Une année de vie supplémentaire, c'est long pour des patients à qui on a peut-être annoncé qu'il ne leur restait que quelques mois à vivre ».
Comment intégrer ce programme de sevrage tabagique ? L'objectif est essentiellement de faire du sevrage tabagique « le quatrième pilier du traitement du cancer, aux côtés de la chirurgie, de la radiothérapie et de la chimiothérapie ». C’est pourquoi le programme de sevrage tabagique utilise les dossiers médicaux électroniques pour identifier les patients fumeurs et évaluer leur intérêt à arrêter. Une infirmière ou un assistant médical propose ensuite une assistance pour arrêter de fumer lors de la consultation, notamment un accès à des conseils par téléphone ou par SMS, une application conçue pour les aider à arrêter, une orientation vers un groupe de sevrage tabagique et des médicaments pour soutenir le sevrage.
L’arrêt du tabac améliore l'efficacité du traitement et augmente les taux de survie. Cependant, les médecins peuvent rencontrer une certaine résistance à la mise en œuvre de ce « 4è pilier ». « Le tabagisme est également très addictif et il est difficile d'arrêter. Nous devions donc nous assurer que cet effort en vaudrait la peine pour les patients et leurs équipes soignantes. »
Le programme a été déployé à grande échelle et adapté à plusieurs centres de santé partenaires du Siteman Cancer Center. Il continue de démontrer son efficacité pour les patients, mais également sa rentabilité pour les centres de cancérologie et plus largement, pour les systèmes de santé.
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