TÉLÉMÉDECINE : Elle réduit l'empreinte carbone des soins de santé
Boostée par la nécessité lors de la pandémie COVID, la télémédecine a connu un développement accéléré ces toutes dernières années : de 80.000 téléconsultations recensées en France en 2019, on est passé à 9,4 millions de téléconsultations en 2021, en pleine pandémie.
Avec un avantage collatéral, une réduction considérable de l'empreinte carbone des soins de santé. Des méta-analyses récentes précisent cet impact croissant de la consultation virtuelle sur la durabilité environnementale des soins mais appellent aussi à mieux cerner les conditions et les écueils possibles de cette forme de médecine plus durable.
Les services de santé contribuent fortement à la consommation d'énergie et à la production de déchets. Une étude récente a montré que les soins de santé peuvent représenter jusqu'à 5 % de l'empreinte carbone annuelle d'un pays. En Angleterre, par exemple, le système de santé contribue à 25 % des émissions de carbone du secteur public et à 4 % des émissions totales. Parmi les sources de ces émissions liées aux soins de santé, l'énergie des bâtiments, les achats mais aussi les déplacements.
Les déplacements ont ainsi été identifiés comme un « point chaud » d’émissions de carbone, responsable d’environ 13 % à 15 % de l'empreinte carbone des pays riches.
La télémédecine rassemble plusieurs types d’actes médicaux dont la téléconsultation, la téléexpertise, la télésurveillance médicale, la téléassistance médicale et la régulation médicale des appels passés au SAMU ou aux centres 15. Tous ces actes et particulièrement la consultation virtuelle sont des contributeurs croissants à des soins de santé plus durables, selon les dernières méta-analyses publiées sur le sujet.
La pandémie de COVID-19 a accéléré le passage à la télémédecine dont l’utilisation continue à se généraliser. Ce développement se fait en cohérence avec les efforts des systèmes de santé du monde entier pour réduire leur impact environnemental.
Gain de temps, gain de déplacements, gain d'argent
La vingtaine d’études publiées sur le sujet font valoir :
- principalement : la réduction du temps de déplacement des patients pour les consultations ;
- ce qui suffit à justifier une réduction de l’empreinte carbone des soins ;
- dans une moindre mesure : l'adéquation globale des patients et des situations cliniques avec le principe de téléconsultation, lorsque le patient y a recours ou en accepte son principe ;
- les économies de ressources de santé ;
- la simplification de l'ensemble du parcours clinique dans lequel la consultation virtuelle a été fournie.
Cependant, son également évoqués certains écueils, dont notamment :
- le risque de diagnostics manqués lors de consultations virtuelles et qui vont donc nécessiter des consultations ou des admissions en personne ultérieures ;
- le risque d’augmentation des effets indésirables avec la prescription de médicaments à distance.
Les systèmes de santé doivent de toute urgence devenir plus durables sur le plan environnemental. Certains pays recommandent que toutes les organisations, y compris de santé, réexaminent la nécessité des déplacements du personnel, des patients et des visiteurs. Pour la Santé, cela implique de promouvoir les soins de proximité mais aussi le recours à la télémédecine. La télémédecine et en particulier la téléconsultation, constituent un des moyens pour y parvenir, principalement (mais pas seulement) grâce à ces réductions de déplacement.
D’autres impacts environnementaux ? Des recherches supplémentaires restent nécessaires pour apprécier pleinement l'étendue des émissions de carbone et le potentiel de réduction mais aussi d'autres impacts environnementaux (par exemple, les déchets électroniques) sur l'ensemble du parcours clinique, plutôt que sur les seules consultations virtuelles.
Les conditions d’une télémédecine durable : grâce à ces recherches, si l’ampleur des réductions des émissions de carbone reste à préciser, les conditions de durabilité d’une médecine « virtuelle » sont de mieux en mieux définies. Ainsi :
- leur rentabilité pour le système de santé ;
- l’efficience et l'amélioration de la qualité des soins ;
- la communication en temps réel et le partage d'informations cliniques ;
- une réponse à la pénurie de professionnels de la santé, aux déserts médicaux et un élargissement de l’accès aux soins ;
- une incitation au travail d'équipe, à la persévérance et une nouvelle motivation à la pratique professionnelle.
Mais ces soins à distance pourraient aussi être cliniquement plus risqués,
et nécessiter de toutes nouvelles ressources techniques et logistiques dont les coûts sont encore mal appréciés et ouvrir de nouvelles problématiques réglementaires et éthiques.
Néanmoins, et en dehors des interventions d'urgence, il a été démontré que la télémédecine a des résultats similaires aux consultations en face à face pour les problèmes de santé mentale et de santé physique notamment pour le suivi des maladies chroniques. Il existera toujours un besoin de soins de santé en face à face ainsi que des scénarii dans lesquels la télémédecine peut être plus appropriée.
Il existe donc bien d'importants avantages environnementaux qui soutiennent une poursuite et un développement de l'utilisation de la télémédecine au-delà de la pandémie.
Avec pour soutenir cette médecine plus durable, la nécessité de renforcer, par de nouvelles recherches, la base encore fragile de preuves disponibles.
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