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TRAVAIL de NUIT: Ses effets font froid dans le dos

Actualité publiée il y a 7 années 9 mois 1 semaine
ANSES

En France, plus de 15 % des salariés, soit 3,5 millions de personnes, travaillent la nuit, habituellement ou occasionnellement. La tendance est à une progression de ce mode d’activité, n particulier chez les femmes. En effet, les formes d’organisation du travail évoluent, conduisant aujourd’hui à un nombre de plus en plus important de travailleurs concernés par des horaires décalés et atypiques, comme le travail posté, de nuit, ou du weekend. La désynchronisation de notre horloge biologique a souvent été évoquée et ses effets néfastes pour la santé documentés par de multiples études. Cette expertise de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES), basée sur l’analyse de la littérature et la consultation d’experts et d’autorités de « la partie », confirme et consolide les répercussions importantes du travail de nuit sur l’état de santé des travailleurs voire de la société.

Le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) avait déjà averti : le travail posté qui induit la perturbation des rythmes circadiens fait partie des agents « probablement cancérogènes » (groupe 2A). En 2012, la Haute Autorité de Santé (HAS) a également publié ses recommandations de bonnes pratiques pour la surveillance des travailleurs postés et/ou de nuit, à l'issue de l'examen des effets évoqués dans la littérature. Cette nouvelle évaluation de l'Anses nous en propose aujourd'hui une synthèse réactualisée (cliquer sur tableau ci-contre). Notamment, sur :


· L'obésité et le surpoids : de nombreuses études montrent une association significative entre le travail posté incluant la nuit et la prise de poids. Si l'expertise conclut à des preuves limitées sur un effet direct, l'augmentation de la prise alimentaire en réponse à la privation de sommeil documentée par de nombreuses études, confirme un effet probable du travail de nuit sur le risque d'obésité et de surpoids.

· Diabète de type 2 : une relation dose-réponse significative entre la durée de travail posté incluant la nuit et le risque de diabète de type 2 a pu être mise en évidence dans deux études de cohortes et d'autres études confirment que le travail posté est associé à un risque significativement augmenté de diabète de type 2. Ainsi, compte-tenu des éléments de preuve disponibles, l'Anses conclut à un effet probable du travail de nuit sur le diabète.

· Dyslipidémies : Prenant en compte les limites méthodologiques et le faible nombre d'études disponibles, l'expertise de l'Anses conclut à l'impossibilité de conclure à l'existence ou non d'un effet du travail de nuit sur les dyslipidémies.

· Syndrome métabolique (présence simultanée d'au moins 3 critères sur 5 paramètres biologiques et cliniques liés au tour de taille, à la pression artérielle, à la triglycéridémie, à la cholestérolémie et à la glycémie). Des éléments de preuve suffisants permettent de conclure à l'existence d'un effet. « Les effets de la perturbation circadienne et/ou de la restriction de sommeil sur les composantes du syndrome métabolique sont plausibles », concluent les experts. L'effet du travail de nuit sur la survenue du syndrome métabolique est donc avéré.

· Pathologies cardiovasculaires : L'association entre travail de nuit/posté et troubles cardiovasculaires apparaît plausible sur la base des facteurs de risque examinés. Précisément, le rapport conclut à un effet du travail de nuit,

- probable sur les maladies coronariennes,

- possible sur l'hypertension artérielle et sa relation avec l'accident vasculaire cérébral ischémique.

· Cancer : au-delà de l'évaluation du Circ, l'expertise de l'Anses conclut en faveur d'un effet du travail de nuit sur le risque de cancer du sein, mais avec des éléments de preuve limités, d'un effet possible sur le risque de cancer de la prostate, mais avec des éléments de preuve insuffisants, et, globalement d'un effet probable du travail de nuit sur le risque de « cancer, en général ».

· Accidentologie et pathologie traumatique : la fréquence et la gravité des accidents survenant lors du travail posté incluant la nuit sont bien documentées comme généralement augmentées.

En conclusion, ces résultats d'expertise mettent en évidence des effets sur la santé du travail de nuit non seulement, bien sûr, sur la somnolence, la qualité de sommeil et la réduction du temps de sommeil total et le syndrome métabolique mais aussi sur l'augmentation du risque de nombreuses pathologies dont le cancer. La recommandation de notre agence de sécurité serait donc de pouvoir le limiter, et, a minima, accroître les mesures de protection de la santé des travailleurs de nuit, et dans un nouveau cadre à dimension européenne.

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