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TRAVAIL POSTÉ : Le sommeil de l’infirmier, un facteur clé de sécurité des soins

Actualité publiée il y a 4 années 3 mois 3 semaines
Sleep Health
Les infirmier(e)s dorment près d'une heure et demie de moins avant un quart de travail

Les infirmier(e)s dorment près d'une heure et demie de moins avant un quart de travail, ce qui nuit à la qualité et à la sécurité des soins, conclut cette étude de l’Université de New York. Ces données présentées dans la revue Sleep Health de la National Sleep Foundation, confirment un manque de sommeil chronique dans la profession, qui vient s’ajouter aux horaires et conditions de travail difficiles. Un facteur de pénibilité pour les personnels avec un risque médical associé pour les patients.

 

« Les infirmières dorment, en moyenne, moins que la durée de sommeil recommandée ce qui a un impact sur leur santé et sur leur performance au travail », résume l’auteur principal, Amy Witkoski Stimpfel, professeur au Rory Meyers College of Nursing de l’Université de New York. Ainsi, l’étude estime que les infirmières dorment moins de 7 heures avant de prendre leur quart de travail : c’est 83 minutes de moins que durant leurs jours de congé.

Travail posté et heures supplémentaires, une double peine pour les infirmières 

Les soins infirmiers à l’hôpital sont organisés selon le travail posté, les infirmières travaillant en dehors des heures et jours ouvrables afin d’assurer une présence au chevet du patient 24 heures sur 24. De nombreuses recherches ont déjà montré que le travail posté dérègle les rythmes circadiens, entraîne des effets néfastes sur la santé mais nuit aussi aux performances et à la sécurité. Chez les personnels infirmiers, les quarts de travail de 12 heures sont courants et comprennent souvent des heures supplémentaires imprévues. A ce temps de travail prolongé enfin, vient s’ajouter le temps de trajet et les tâches domestiques. Il ne reste aux infirmières qu’un temps limité pour dormir avant ou entre deux quarts de travail.

 

Sommeil de l’infirmier et sécurité des soins : l’équipe a analysé les données de 2 enquêtes menées en 2015 et 2016 auprès de 1.568 infirmières, afin de mieux cerner leurs habitudes de sommeil et le lien avec les résultats patients. Les chercheurs ont pris en compte la durée habituelle de sommeil, les siestes, la durée totale de sommeil au cours des 24 heures précédant un quart de travail prévu, et la durée de sommeil durant les jours de congés. Les chercheurs ont rapproché ces données des scores de qualité et de sécurité des soins prodigués aux patients fournies par l’Agency for Healthcare Research and Quality (AHRQ). L’analyse montre que :

  • les infirmières dorment en moyenne un peu moins de 7 heures (414 minutes) avant une journée de travail ;
  • plus de 8 heures (497 minutes) avant une journée de congé ;
  • ainsi, la différence de durée du sommeil entre les jours de travail et les jours de congé est de 83 minutes ;
  • c’est près d'une heure et demie de sommeil en moins avant un quart de travail.
  • Une durée réduite de sommeil est associée à des scores plus faibles de sécurité et de qualité des soins.

 

 

Plusieurs explications sous-jacentes :

  • au niveau individuel, les infirmières qui dorment moins peuvent être plus fatiguées au travail, ce qui peut entraîner une baisse de la performance et de la vigilance ;
  • au niveau de l’organisation, de fréquentes pénuries de personnel peuvent entraîner des heures supplémentaires imprévues et un temps de travail prolongé pour les personnels infirmiers, ce qui compromet leur vigilance dans les soins apportés aux patients ;

Le rattrape du sommeil serait-il possible entre les quarts de travail ? Les recherches portant sur la privation chronique de sommeil chez des adultes en bonne santé montrent qu'après plusieurs jours de manque de sommeil, plus d'un jour de sommeil réparateur peut être nécessaire pour « recaler l’horloge » et permettre la récupération. Mais compte tenu de l’organisation du temps de travail infirmier, la probabilité de pouvoir rattraper le manque de sommeil est faible.

 

Le risque d’erreur médicale : la privation de sommeil nuit à la capacité à gérer des tâches complexes et stressantes, et la perte de vigilance peut conduire à de graves erreurs dans d'autres secteurs. En milieu hospitalier, la qualité et la sécurité des soins sont directement impactées. Les infirmières fatiguées peuvent commettre des erreurs critiques dans l'administration de médicaments ou la prise de décisions cliniques.

Les chercheurs appellent les organisations de santé à opter pour des stratégies de planification fondées sur des preuves, à limiter le recours aux heures supplémentaires et à proposer aux infirmières des interventions ou des modes d’organisation plus favorables à la qualité de sommeil et à la récupération.

« Seules des infirmières bien reposées peuvent remplir leur fonction critique au sein du système de santé et assurer la sécurité des patients ».

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