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TROUBLE PRÉMENSTRUEL : Et si la mauvaise humeur avant les règles était génétique ?

Actualité publiée il y a 7 années 11 mois 2 jours
Molecular Psychiatry

Le trouble dysphorique prémenstruel (TDPM) affecte 3 à 8 % des femmes en âge de procréer et, de manière moins sévère un nombre bien plus important de femmes… Mais le TDPM pourrait bien être lié à un complexe génétique sensible à l'hormone sexuelle. C’est du moins la conclusion de cette étude des National Institutes of Health (NIH). Ces travaux révèlent en effet, dans la revue Molecular Psychiatry, des mécanismes moléculaires qui sous-tendent la susceptibilité d'une femme à l'irritabilité, à la tristesse et à l'anxiété, dans les jours qui précédent ses règles.

En fait, il s'agit d'une réponse cellulaire désorganisée aux œstrogènes et à la progestérone liée à l'expression d'un complexe génétique ou réseau de gènes ESC / E (Z). Ce réseau s'avère en effet systématiquement perturbé dans le TDPM (voir visuel ci-contre). Des conclusions qui établissent que les femmes atteintes de TDPM présentent une spécificité « moléculaire » de leur réponse aux hormones sexuelles et ne peuvent donc pas si simplement contrôler leurs comportements émotionnels en amont des règles.


En révélant ici les mécanismes moléculaires qui peuvent expliquer ce trouble : soit le dérèglement de l'expression d'un complexe de gènes, les chercheurs des NIH apportent des preuves supplémentaires sur une cause possible, un dysfonctionnement de la réponse cellulaire à l'œstrogène et la progestérone, pas facilement évitable ou contrôlable. Dès les années 90, l'équipe avait démontré que les femmes qui éprouvaient régulièrement ces troubles de l'humeur juste avant leurs règles étaient anormalement sensibles aux évolutions normales des niveaux d'hormones sexuelles.

Chez des patientes atteintes de TDPM, les chercheurs montrent que la suppression expérimentale des œstrogènes et de la progestérone permet d'éliminer les symptômes du TDPM, tandis que l'ajout expérimental de ces mêmes hormones déclenche la réapparition des symptômes. Ces patientes présentent donc bien une sensibilité comportementale biologique aux hormones qui se traduit par des différences moléculaires également détectables dans leurs cellules.

Sur des lignées de globules blancs en culture de patientes atteintes de TDPM et de témoins exempts de ce trouble, le contrôle génétique de l'expression des gènes dans les cellules du cerveau permet de préciser et de confirmer des différences génétiquement influencées, dans les réponses moléculaires aux hormones sexuelles. L'analyse génétique de ces lignées cellulaires révèle un complexe génique dont l'expression diffère dans les cellules de patientes vs témoins. Il s'agit du complexe de gènes ESC / E (Z) (Extra Sex Combs / Enhancer de Zeste) qui régule certains mécanismes épigénétiques (ou transcription des gènes en protéines en réponse à des facteurs environnementaux), dont ceux qui concernent les hormones sexuelles et les facteurs de stress. Plus de la moitié des gènes du complexe se trouvent surexprimés dans les cellules des patientes vs témoins. Mais paradoxalement, l'expression protéique de 4 gènes clés s'avère diminuée dans les cellules de femmes atteintes de TDPM. En outre, la progestérone stimule l'expression de plusieurs de ces gènes chez les témoins, tandis que l'œstrogène en réduit l'expression dans les lignées cellulaires de patientes à TDMP. Ce qui confirme le dérèglement de la réponse cellulaire aux hormones, dans le TDMP.

Il existe donc des signes cellulaires de signalisation anormale repérables dans les cellules de femmes avec trouble dysphorique prémenstruel. Le trouble et la sensibilité comportementale associée a donc bien une cause biologique plausible et objective.

Molecular Psychiatry January 3, 2016, doi:10.1038/mp.2016.229 The ESC/E(Z) complex, an intrinsic cellular molecular pathway differentially responsive to ovarian steroids in Premenstrual Dysphoric Disorder

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