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VACCINATION : L’hystérèse explique la résistance du public

Actualité publiée il y a 5 années 1 mois 2 semaines
Proceedings of the Royal Society B
Le phénomène de résistance à la vaccination est décrit ici avec le concept d’hystérèse ou hystérésis applicable à d’autres dynamiques sociales, comme le chômage, ou physiques comme un élastique qui ne reprend pas sa forme d’origine une fois détendu.

Cette étude explique la dynamique du phénomène social de résistance du public à la vaccination, une « reluctance » qui aboutit, dans certains cas à une couverture vaccinale insuffisante en population Un phénomène ici décrit avec le concept d’hystérèse ou hystérésis applicable à d’autres dynamiques sociales, comme le chômage, ou physiques comme un élastique qui ne reprend pas sa forme d’origine une fois détendu. Une désaffection générale qui finalement aboutit à la non-atteinte de l’objectif communautaire de la vaccination, la couverture vaccinale.

 

Cette même force semble ici intervenir en Santé publique et compliquer les efforts de prévention des maladies, souligne cette équipe du Collège de Dartmouth, qui illustre ce phénomène d’hystérèse avec l’exemple des épidémies de rougeole et d'autres maladies infantiles en Europe et en Amérique du Nord (Visuel 2). En synthèse, les événements indésirables documentés comme liés aux vaccins favorisent et déclenchent ce phénomène d’hystérèse en créant un antécédent ou préjugé négatif qui renforce la résistance du public à la vaccination. Il devient alors plus difficile d'augmenter la couverture vaccinale, même lorsque de nouvelles preuves irréfutables indiquent que les vaccins sont sûrs et bénéfiques.

 

Hystérèse vs vaccination : En décrivant ce mécanisme, l’étude contribue à expliquer pourquoi il est si difficile d'augmenter le nombre de personnes qui se font vacciner et pourquoi le public reste réfractaire à la vaccination alors même que l’incidence des maladies augmente : le fameux phénomène d’hystérèse implique en effet l'impact d'une force -ici des événements indésirables liés aux vaccins- même après que ces événements aient été remis en perspective en regard des bénéfices objectifs majeurs de la vaccination. Le phénomène est « social » tout comme celui observé, sur le même schéma, avec les taux de chômage qui peuvent perdurer comme élevés même dans une économie en reprise.

 

L’explication d’un anachronisme : l’étude explique ainsi pourquoi en dépit de tous les avantages de la vaccination, les taux de vaccination rentent obstinément faibles, ajoute le chercheur Feng Fu, professeur de mathématiques au Dartmouth College : « l'hystérésis fait partie de la réponse ; une fois que les gens s'interrogent sur l'innocuité ou l'efficacité d'un vaccin, il va être très difficile de les amener à dépasser ces associations négatives. L'hystérésis est une force puissante qu'il est difficile de briser au niveau de la société », ajoute le co-auteur, Fu.

 

La perte d’’immunité collective et la propagation des maladies infectieuses sont les sanctions, lourdes, de ce modèle comportemental. Il convient donc de mieux comprendre le défi représenté par la vaccination volontaire et de trouver le moyen d'inverser des niveaux de vaccination faibles ou en baisse. Les arguments factuels et logiques autour des questions de santé publique ne portent pas suffisamment pour surmonter ce phénomène d’hystérèse appliqué au comportement humain. La trajectoire de vaccination reste bloquée dans le cycle de l'hystérèse, ajoutent les auteurs, il s’agit donc de l’en sortir : sont ainsi donnés l'exemple du vaccin anticoquelucheux en Angleterre et au Pays de Galles de 1978 à 1992. Il a fallu 15 ans pour que ce vaccin contre la "coqueluche" atteigne une couverture vaccinale suffisante. L’exemple de la lente augmentation de la vaccination antirougeoleuse face à la recrudescence des épidémies est également apporté : dans certains pays, comme la France, la rougeole est devenue une maladie endémique en dépit de la disponibilité d'un vaccin efficace. Le modèle délétère est là : les niveaux de vaccination peuvent chuter rapidement en population générale, mais en raison de l'hystérèse, la reprise vaccinale de cette même population peut prendre des années.

 

Une voie possible pour lutter contre cette hystérèse ? Les auteurs suggèrent que l’efficacité du vaccin est la première condition d’un taux élevé de vaccination. Ainsi, pour être un succès, la vaccination contre la grippe devrait garantir une efficacité supérieure à 50%, un niveau cependant difficile à atteindre en raison de la rapidité avec laquelle la maladie évolue.

Il reste donc à trouver les arguments d’une vaccination volontaire, et responsable : en faisant de la vaccination un comportement altruiste et communautaire en ligne avec les normes morales et sociales.

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