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XÉNOGREFFE CARDIAQUE : Une grande étape vers la greffe de cœur de porc

Actualité publiée il y a 1 année 9 mois 1 semaine
New England Journal of Medicine
Les résultats de la première greffe "réussie" d'un cœur de porc génétiquement modifié, chez un patient humain (Visuel Adobe Stock 99129205)

La xénogreffe est plus couramment utilisée pour greffer des valves cardiaques de porcs chez l’Homme, cependant cette équipe de chirurgiens cardiaques de l'Université du Maryland publie aujourd’hui les résultats de la première greffe réussie d'un cœur de porc génétiquement modifié, chez un patient humain. Le patient a survécu pendant 2 mois, avec un cœur en bon état de fonctionnement ne montrant aucun signe évident de rejet. Ce premier succès vient d’être documenté dans le New England Journal of Medicine (NEJM).

 

Il y a 6 mois, l’équipe réalisait cette transplantation d’un cœur de porc génétiquement modifié chez un patient de 57 ans atteint d'une maladie cardiaque en phase terminale et lors d'une opération chirurgicale unique en son genre. La chirurgie était alors la seule option de traitement disponible pour le patient, qui n'était pas admissible à une transplantation cardiaque traditionnelle et souffrait d'insuffisance cardiaque. L’Agence américaine Food and Drug Administration (FDA) a autorisé la procédure dans le cadre d’un « usage compassionnel ».

La xénogreffe de cœur pourrait sauver des vies ?

Avant la greffe, le patient était resté alité pendant 8 semaines, sous oxygénation par membrane extracorporelle (ECMO), pour rester en vie. Quelques jours après la greffe, l'ECMO a été retirée et le patient a entamé progressivement une rééducation active pendant près de deux mois. Les médecins décrivent alors des progrès considérables, son cœur reprenant des forces, « le patient démontrant une grande volonté de vivre », précise l’un des auteurs principaux, le Dr Bartley Griffith, professeur de chirurgie émérite.

 

Le cœur de porc greffé a donc bien fonctionné pendant plusieurs semaines et n'a montré aucun des signes typiques de rejet y compris lors de l’autopsie. Ainsi, les chercheurs concluent que le patient est décédé d'une insuffisance cardiaque probablement causée par un ensemble complexe de facteurs. L’équipe est donc très confiante sur la sécurité et l’efficacité de la procédure, dont le cœur de porc génétiquement modifié et le médicament expérimental utilisé pour prévenir le rejet.

« Les xénogreffes pourraient sauver de nombreuses vies »,

ajoute, l’un des auteurs principaux, le Dr Muhammad M. Mohiuddin, professeur de chirurgie et directeur du programme de xénotransplantation cardiaque.

« Nos résultats d'autopsie ne révèlent aucune preuve de rejet. Nous observons un épaississement puis un raidissement du muscle cardiaque qui a conduit à une insuffisance cardiaque diastolique, ce qui signifie que le muscle cardiaque n'a pas été en mesure de se détendre et de remplir le cœur de sang ».  

 

Plusieurs facteurs possibles : les chercheurs identifient plusieurs causes possibles du décès :

 

  • l'utilisation d'immunoglobuline intraveineuse, IVIG, un médicament administré au patient 2 fois au cours du deuxième mois après la greffe pour prévenir le rejet et l'infection. Le médicament contient des anticorps contre les cellules porcines qui peuvent avoir interagi avec le cœur du porc, provoquant une réaction pouvant endommager le muscle cardiaque ;
  • le cœur s'est également avéré contenir des preuves d'ADN d'un virus porcin latent appelé cytomégalovirus porcin (pCMV), sans preuves néanmoins d’infection chez le patient. Avant la chirurgie, les mesures de prévention des infections avaient bien été suivies. Le porc donneur sain utilisé pour la xénotransplantation avait été soumis à plusieurs tests de dépistage d'agents pathogènes.

 

« Nous avons été des pionniers avec cette première mondiale, et nous avons beaucoup appris de cette expérience. Nous sommes entrés dans une nouvelle ère de la transplantation d'organes. Bien que nous ayons encore du chemin à parcourir avant que la xénotransplantation ne devienne une réalité quotidienne, cette chirurgie historique met à notre portée un avenir que beaucoup n'auraient jamais cru possible ».

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