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ADIPOSITÉ : Comment la graisse s’attaque d’abord à la moelle osseuse

Actualité publiée il y a 1 année 5 mois 3 semaines
eLife
Les régimes riches en graisses alimentent la création de cellules immunitaires inflammatoires dans la moelle osseuse (Visuel Adobe Stock 266377735)

Cette équipe de l’Université de Toronto explique comment les régimes riches en graisses alimentent la création de cellules immunitaires inflammatoires dans la moelle osseuse, qui envahissent ensuite les tissus adipeux du corps, ce qui déclenche le développement de la résistance à l'insuline, du diabète de type 2 et d'autres complications et comorbidités de l’obésité. Ces travaux menés chez l’animal, et publiés dans la revue eLife, désignent ainsi la moelle osseuse comme un répondeur précoce aux régimes riches en graisses et un précurseur de l'inflammation systémique observée dans l'obésité.

 

Une invasion de cellules immunitaires inflammatoires, appelées monocytes, dans le tissu adipeux est une caractéristique de l'obésité, mais l’événement déclencheur de ce phénomène reste mal compris. L’équipe canadienne suggère avec ces travaux, que tout pourrait partir de la moelle osseuse. En effet, de très nombreuses cellules immunitaires, dont les monocytes, produites dans la moelle osseuse, documentées comme très sensible aux changements environnementaux se développent rapidement en réponse à un régime riche en graisses.

La moelle osseuse, répondeur précoce à un régime riche en graisses

L’auteur principal, Amira Klip, chercheur en biologie cellulaire et professeur de biochimie et de physiologie à l'Université de Toronto a cherché à savoir, avec son équipe, si les changements induits par un régime riche en graisses dans la moelle osseuse conduisaient à la production de monocytes inflammatoires qui, en envahissant les tissus adipeux chez les personnes obèses, pourraient déclencher les comorbidités bien connues de l’obésité. Chez des souris nourries avec un régime riche en graisses, l’équipe observe :

 

  • des perturbations métaboliques dans la moelle osseuse et dans tout le corps en seulement 3 semaines ;
  • les cellules graisseuses de la moelle osseuse se multiplient et adoptent les caractéristiques des cellules graisseuses blanches ;
  • des changements métaboliques sont observés dans les monocytes des cellules de la moelle osseuse : ces monocytes ont alors besoin de moins d'oxygène pour décomposer le sucre en énergie et l'acide lactique s'accumule dans les cellules environnantes ;
  • les mitochondries, les minicentrales énergétiques des cellules qui décomposent le sucre en énergie, se fragmentent dans les monocytes et deviennent moins efficaces. Ce processus de fragmentation mitochondriale est associé à la résistance à l'insuline ;
  • en quelques semaines, le nombre de monocytes dans la moelle osseuse se déplace pour inclure moins de monocytes appelés Ly6Clow et plus de monocytes appelés Ly6Chigh, soit le même type de monocytes que celui qui envahit le tissu adipeux chez les personnes obèses ;
  • l’accumulation de monocytes Ly6Chigh dans la moelle osseuse commence avant que les monocytes ne s'accumulent dans les tissus adipeux du reste du corps pour devenir des macrophages inflammatoires.

 

Prises ensemble, ces observations indiquent en cas de régime riche, un remodelage des cellules graisseuses de la moelle osseuse qui perturbe l'équilibre normal des monocytes, et qui par la suite entraîne une invasion de « mauvais » monocytes dans le corps. En d’autres termes,

tout partirait de la moelle osseuse ?

Enfin, toujours chez la souris, les biologistes observent que :

 

  • la graisse blanche stimule encore ces changements ;
  • alors que le tissu adipeux brun, plus abondant chez les personnes plus maigres, favorise plutôt la prolifération de « bons » monocytes non invasifs.

 

L’étude décrypte ainsi toute une cascade inflammatoire systémique qui part de la moelle osseuse. Des recherches supplémentaires sont envisagées pour identifier des moyens de prévenir ou d'inverser ce processus. Ce qui pourrait conduire à de nouvelles thérapies pour traiter l'obésité et ses comorbidités caractérisées par cette inflammation de bas grade.

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