ADVERSITÉ : Le stress en début de vie fait plus de mal qu’un choc à la tête
Le stress au début de la vie modifie plus de gènes dans le cerveau qu'un traumatisme crânien, conclut cette équipe de neurologues de l’Ohio State qui évalue ainsi comme sévères les conséquences du stress durant l'enfance. L’étude, expérimentale, présentée à la Réunion Neuroscience 2023 ajoute à la preuve des conséquences dramatiques à vie, de l’adversité ou du stress subi durant l’enfance.
On savait déjà que les traumatismes crâniens sont fréquents chez les jeunes enfants, en raison des chutes fréquentes, et que ces chocs peuvent parfois entraîner des traumatismes induisant des troubles de l’humeur voire des difficultés sociales ou des troubles du comportement, plus tard dans la vie. Cependant, les expériences négatives vécues pendant l’enfance, également très courantes, pourraient entraîner les mêmes effets, voire aggravés.
L’adversité à l’enfance peut interagir avec le développement du cerveau
Si de nombreuses recherches ont démontré l’association, les processus sous-jacents aux effets de l’adversité sur le développement du cerveau de l’enfant, restent mal compris, souligne l’auteur principal, Kathryn Lenz, professeur agrégé de psychologie à l'Ohio State : « Nous voulions comprendre si le fait de subir un traumatisme crânien dans un contexte de stress au début de la vie pouvait moduler la réponse à ce traumatisme crânien.
L’étude, menée sur un modèle animal qui teste 3 scenarii : stress seul, traumatisme crânien seul et stress combiné à un traumatisme crânien, permet de mieux comprendre les mécanismes par lesquels à la fois un choc physique et un choc psychologique peuvent avoir un impact sur le développement du cerveau. Une première série d’expériences menée sur l’animal suggère que :
- plusieurs gènes sont exprimés de manière différente en cas de stress ou de traumatisme crânien ;
- le stress induit un effet puissant sur ces gènes « que nous ne devrions pas sous-estimer » et qui contribue à expliquer son impact sur le cerveau en développement
- le stress seul et le stress combiné à un traumatisme crânien produisent des résultats « remarquables », -écrivent les chercheurs : les 2 facteurs activent des voies dans les neurones excitateurs et inhibiteurs associées à la plasticité, qui représente la capacité du cerveau à s’adapter ;
- avec ces 2 facteurs, le cerveau s'ouvre à une nouvelle période de vulnérabilité en programmant des déficits plus tard dans la vie ;
- ces 2 facteurs ont également un effet sur la signalisation liée à l’ocytocine, une hormone liée au comportement maternel et au lien social ;
- enfin, subir un stress en début de vie semble induire une plus grande prise de risque, plus tard dans la vie.
Ainsi, « le stress ou l’adversité et les traumatismes crâniens à l’enfance sont tous deux liés à un comportement social anormal et l’effet du stress pourrait même moduler les conséquences d’un traumatisme crânien », concluent les chercheurs. L’ocytocine est impliquée dans la réponse au stress et dans la réparation ou cicatrisation, ce qui suggère que l'hormone pourrait être une cible intéressante.
Ces données rappellent également l’importance de détecter cette histoire d’adversité à l’enfance chez les patients présentant des troubles mentaux, dont l’usage de substances, concluent les auteurs.
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