ANTIBIOTIQUES : Chez l’Enfant, un déclencheur de diabète de type 1 ?
Précisément, des anticorps contre un antibiotique courant, pourraient constituer un nouveau facteur déclenchant de diabète de type 1, révèle cette équipe de pharmacologues et d’endocrinologues de l'Université d'Augusta (Géorgie). L'antibiotique courant en question, la gentamicine, semble en effet induire cette augmentation de l’incidence du diabète de type 1 chez des enfants déjà génétiquement prédisposés à la maladie. L’étude, publiée dans la revue Nature Communications, ajoute aux effets indésirables de ces antibiotiques prescrits durant la petite enfance : ainsi, entre 5 et 10 % des nouveau-nés reçoivent l'antibiotique à large spectre pour traiter une septicémie.
Les chercheurs du Medical College of Georgia comparent le sang de près de 300 participants atteints de diabète de type 1 à celui de témoins sains et découvrent qu’un niveau plus élevé d'anticorps contre la gentamicine est associé à un risque accru de développement de diabète de type 1. D’autres analogues de la gentamicine font l’objet d’une association similaire.
Antibiotique et maladies auto-immunes ?
L’étude : il s’agit de l’analyse combinée des données de l’étude Diabetes Autoimmunity Study in the Young (DAISY) et de l’étude Phenome and Genome of Diabetic Autoantibody (PAGODA). 5,3% des participants présentaient des niveaux élevés de ces anticorps et un taux élevé dans ce groupe a développé un diabète de type 1. On sait par ailleurs que les bébés prématurés présentent un risque plus élevé de septicémie et de diabète de type 1. La norme actuelle de soins pour les nouveau-nés atteints de septicémie est justement de leur donner de la gentamicine, conformément aux directives de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
« Ces infections nécessitant la prescription de gentamicine sont courantes et les bébés ont besoin de ces antibiotiques », ajoute l’auteur principal, le Dr Sharad Purohit, biochimiste, « leur système immunitaire n'est pas encore bien développé à ce stade et le médicament peut leur sauver la vie ».
Les antibiotiques induisent la production d'anticorps : ce phénomène n’est pas rare parce que le corps peut considérer les médicaments comme étrangers. Ici, les scientifiques examinent les anticorps dirigés contre les glycanes, qui se trouvent à la surface de nos cellules ainsi que les cellules de micro-organismes comme les bactéries connus pour être une cible immédiate pour cette réponse immunitaire. La gentamicine et d'autres antibiotiques similaires sont en effet des aminoglycosides, classés également comme glycanes en raison de leur teneur en sucre. L’analyse révèle :
- une association entre les niveaux d’anticorps contre la gentamicine et les cellules des îlots du pancréas, suggérant une aggravation du risque de diabète de type 1 avec l’antibiotique ;
- le gène FUT2 déjà impliqué dans de nombreux facteurs clés impliqués dans la progression vers le diabète de type 1 semble médier cette association ;
- l’analyse des anticorps dirigés contre 202 glycanes dans le sang de 278 participants atteints de diabète de type 1 vs 298 témoins exempts de diabète révèle les différences de niveaux des anticorps dirigés contre ces classes de glycanes, ces différences pouvant expliquer les différences dans le contrôle de la réponse immunitaire.
Des anticorps spécifiques aux glycanes dans le sang ont déjà été associés au cancer et à d'autres maladies auto-immunes. Ces associations ont également suggéré l’intérêt de ces anticorps glycanes comme biomarqueurs de diagnostic de maladies auto-immunes. L’étude suggère qu’ils peuvent également être un marqueur de diabète de type 1.
Alors que l’association antibiotique – diabète de type 2 doit faire l’objet de plus de recherche, l’équipe va poursuivre son étude auprès d’une population plus large d'enfants et de jeunes diagnostiqués comme à risque de diabète de type 1.
Par ailleurs, les auteurs précisent que le rôle des glycanes est exploré dans toute une variété de pathologies, dont le cancer et d'autres maladies auto-immunes.
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