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ARTHROSE : Les articulations aussi ont leur microbiome

Actualité publiée il y a 1 année 4 mois 1 jour
JBJS
Ces travaux incitent déjà à en savoir plus sur le rôle de microbes dans le cadre d'un microbiome propre à l’articulation et sur le mécanisme de la colonisation microbienne vs infection (Visuel Adobe Stock 601410152)

Cette étude génétique qui explore le microbiome de l'arthrose de la hanche et du genou ajoute aux preuves croissantes de la présence d’ARN bactérien dans des sites jusque-là supposés stériles. Ces travaux originaux menée à l’Université Thomas Jefferson (Philadelphie), présentés dans le Journal of Bone & Joint Surgery (JBJS), incitent déjà à en savoir plus sur le rôle de microbes dans le cadre d'un microbiome propre à l’articulation et sur le mécanisme de la colonisation microbienne vs infection.

 

Alors que l'infection est une cause majeure d'insuffisance articulaire chez les patients subissant une arthroplastie totale, aucune cause bactérienne spécifique n'est pourtant identifiée dans de nombreux cas. Ces nouvelles techniques de séquençage d'ADN permettent ici d’identifier la présence d'ADN bactérien dans des échantillons chirurgicaux d'arthrite de la hanche et du genou, issus de patients ayant subi une première arthroplastie articulaire totale.

Les articulations natives ont bien leur microbiome

« Il existe donc un microbiome articulaire, dont les effets restent à préciser », commente l’auteur principal, le Dr Javad Parvizi, du Rothman Orthopaedic Institute de l'Université Thomas Jefferson.

 

Ces travaux qui suivent des recherches nombreuses et approfondies sur les effets des microbiomes sur la santé et la maladie humaines et notamment les effets spécifiquement attachés aux différents types et à la diversité des bactéries présentes dans différents sites corporels, posent également la question du rôle du microbiome dans l’articulation.

 

Alors les articulations stériles ou pas ? Jusque-là, on pensait que les articulations natives de la hanche et du genou, ainsi que d'autres zones du corps non affectées par la chirurgie ou d'autres sources de contamination, étaient stériles. Des études récentes sur le microbiome ont trouvé de l'ADN bactérien dans de nombreux « sites corporels précédemment supposés stériles », par exemple, dans le fœtus en développement, le sein et plus récemment dans l'articulation de l'épaule.

 

L’étude a analysé avec ces nouvelles techniques des échantillons peropératoires de liquide synovial, des échantillons de tissus profonds et des écouvillons intramédullaires de la hanche ou du genou opératoire issus de 117 patients ayant subi une première arthroplastie de la hanche ou du genou. Les échantillons ont été prélevés avec une attention stricte en termes d’asepsie et de stérilité, afin de minimiser le risque de contamination bactérienne. L'analyse de plus de 800.000 lectures d'ADN a permis :

 

  • l’obtention de preuves d'ADN bactérien qui sans ces techniques de dernière génération ne seraient pas détectées ;
  • dans l'ensemble, l'ADN bactérien a été trouvé dans les échantillons de 113 des 117 patients souffrant d'arthrose de la hanche ou du genou ;
  • précisément, l'identification de 361 espèces différentes de bactéries ;
  • les 5 types de bactéries les plus fréquents sont Escherichia, Cutibacterium, Staphylococcus, Acinetobacter et Pseudomonas : tous des microbes courants provoquant des infections ;
  • le constat d’une composition bactérienne similaire dans les 3 types d'échantillons d'arthroplastie prélevés ;
  • ce microbiome semble varier cependant selon l’environnement de soin (l'hôpital ou le service) et l'injection de stéroïdes. Ces 2 facteurs liés aux soins expliquent environ 18 % de la variation de la diversité bactérienne. Enfin, les variations liées aux injections de corticostéroïdes au cours des 6 derniers mois soulèvent l’hypothèse d'une contamination.

 

L’analyse des résultats du microbiome est, cependant, sans rapport avec un large éventail de facteurs liés au patient : notamment l'âge, le sexe, l’ethnie et les éventuelles comorbidités. Cette découverte pourrait refléter des différences dans les types de bactéries présentes dans les environnements hospitaliers ou une éventuelle contamination peropératoire.

 

L'étude ajoute ainsi à un nombre croissant de preuves que les articulations, traditionnellement supposées stériles et exemptes de bactéries, sont en quelque sorte exposées aux microbes, au cours de la vie. Ces résultats contribuent à établir « le signal microbien de base » et à identifier les variations typiques ou contributives à l'articulation arthrosique, qui peuvent être utiles comme marqueur de résultats et de succès à long terme de l'arthroplastie.


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