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ASPIRINE : Faut-il revoir ses indications en prévention primaire ?

Actualité publiée il y a 4 années 4 mois 4 semaines
Family Practice
L'utilisation généralisée des statines et les nouvelles techniques de dépistage du cancer, pourraient avoir considérablement réduit « la valeur ajoutée » de l'utilisation de l'aspirine en prévention primaire des maladies cardiovasculaires et du cancer.

L'efficacité de l’aspirine en prévention primaire des maladies cardiovasculaires et du cancer est mise à mal par cette nouvelle analyse de la littérature sur le sujet, menée par une équipe de l’Université de Géorgie. Les conclusions, présentées dans la revue Family Practice, révèlent que de nouvelles options, dont l'utilisation généralisée des statines et les nouvelles techniques de dépistage du cancer, pourraient avoir considérablement réduit « la valeur ajoutée » de l'utilisation de l'aspirine en prévention primaire des maladies cardiovasculaires et du cancer.

 

40% des adultes (ici aux États-Unis) prennent de l'aspirine en prévention primaire des maladies cardiovasculaires. Près de la moitié des adultes de 70 ans et plus déclarent ainsi prendre de l'aspirine quotidiennement même s'ils n'ont pas d'antécédents de maladie cardiaque ou d'accident vasculaire cérébral. Cet examen de la littérature actuelle remet en cause la légitimité de ces comportements.

Le bénéfice actuel de l'aspirine en prévention primaire est considérablement réduit.

Les premiers examens du rôle et de l’efficacité de l'aspirine dans la prévention cardiovasculaire datent d’il y a environ 30 ans. Ils signalent une réduction du risque de crises cardiaques fatales et non mortelles. Des études, qui ont suivi, ont également constaté une réduction des décès par cancer chez les patients prenant de l'aspirine pendant 5 ans ou plus, mais ont conclu à des résultats mitigés sur la réduction des décès ou des accidents vasculaires cérébraux. Ces études plus récentes mettaient également en garde contre un risque important de complications hémorragiques majeures. La plupart de ces essais ont été menés en Europe et aux États-Unis et ont recruté des patients avant 2000.

 

Depuis les années 2000, les médicaments hypocholestérolémiants sont devenus plus largement utilisés, la prise en charge de l'hypertension s’est améliorée, des campagnes ont été lancées en faveur de la réduction du tabagisme et le dépistage du cancer colorectal s’est généralisé. Les chercheurs ont donc analysé 4 larges essais plus récents sur l'aspirine, publiées après ces grands changements. Les participants de ces essais plus récents utilisent l'aspirine en prévention primaire, sont un peu plus âgés que dans les études plus anciennes, un peu moins fumeurs, et un plus susceptibles d’être diabétiques.

 

L’absence de bénéfice significatif actuel de l’aspirine en prévention : ces « nouveaux » essais sur l’efficacité de l'aspirine en prévention primaire n’identifient aucun avantage en termes de réduction du risque de décès mais concluent à l’identique à une augmentation drastique du risque d'hémorragies majeures. De plus, contrairement aux études plus anciennes, ces nouveaux essais n’identifient aucune preuve des avantages de l'aspirine autrefois mis en avant, soit la réduction du risque de décès par cancer et du risque de crises cardiaques non mortelles. Ces essais récents concluent ainsi :

  • pour 1.000 patients ayant pris de l'aspirine pendant 5 ans, il y a 4 événements cardiovasculaires majeurs en moins, mais 7 épisodes d'hémorragie majeure en plus et aucun changement de mortalité cardiovasculaire globale.

 

Ces dernières années, l'utilisation élargie des statines et le dépistage généralisé du cancer colorectal a modifié le contexte d’utilisation de l'aspirine en prévention primaire. Ainsi, si l'incidence des maladies cardiovasculaires et du cancer colorectal diminue en raison d'un meilleur contrôle des facteurs de risque et du dépistage, le bénéfice de l'aspirine en prévention primaire est considérablement réduit.

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