AUTOMÉDICATION : Vers l'élargissement des médicaments en vente libre ?
On les appelle "over-the-counter", ou "par dessus le comptoir", les OTC sont les médicaments accessibles en automédication, en vente libre, sans prescription. Selon l’Agence américaine, la Food and Drug Administration (FDA), l’inaccessibilité hors prescription d’un certain nombre de produits pharmaceutiques est devenue « gênante » au cours de ces dernières années. Selon la FDA, les dernières études montrent en effet que 20% des patients ayant des prescriptions ne les utilisent pas. En revanche, certains besoins de traitement ne sont pas remplis. En cause, le circuit patient, le délai, le temps et le coût de consultation d’un médecin, parfois l'inaccessibilité aux soins et la perte de mobilité. En projet, se dessine une grande réforme de l'automédication.
La Food and Drug Administration estime aussi que certaines de ces visites chez le médecin pourraient être évitées et souhaite étudier les moyens de fabriquer plus de médicaments pour les affections courantes disponibles en vente libre et d'élargir leur accessibilité pour les usagers de santé. Enfin, la FDA étudie l'opportunité d'approuver pour la vente libre un certain nombre de médicaments jusque-là réservés à la prescription, sous réserve d'un certain nombre de conditions.
"Les médicaments en vente libre ont beaucoup de succès auprès des consommateurs et c'est une excellente option de soins auto-administrés. Mais notre concept d'auto-soins est limité à un trop faible nombre de pathologies", précise l'Agence. De multiples maladies ou conditions peuvent pourtant faire l'objet d'auto-diagnostics et d'auto-traitements, basés sur l'information de la notice de la boîte, combinée avec un savoir courant de base et les conseils des pharmaciens », précise le Dr Janet Woodcock, directeur du Centre d'évaluation et de recherche de la FDA.
Quel est l'avis de usagers sur le principe ? L'Agence américaine veut sur ce projet recueillir, à « l'américaine », les avis des usagers de santé mais aussi des pharmaciens, des professionnels de santé, de l'industrie pharma et des complémentaires santé sur la faisabilité de cette initiative, et quels types de preuves seraient nécessaires pour démontrer que certains médicaments pourraient être utilisés en toute sécurité et efficacement dans un esprit de vente libre auto-responsable.
Garantir une utilisation sûre et appropriée, reste la condition essentielle : Des conditions particulières doivent s'appliquer à certains types de produits en vente libre. Certains médicaments nécessitent le conseil du pharmacien, exigent d'avoir effectué un test de diagnostic, de consulter un médecin, mais forcément ou systématiquement lorsqu'il s'agit de reconduire le traitement….
Les pharmaciens pour « renforcer » l'indication du produit : Différentes circuits sont envisagés, comme le principe, par exemple, de questionnaires sur Internet, pour aider les usagers à diagnostiquer correctement leur pathologie et sélectionner le bon produit pharmaceutique ou encore comprendre les avertissements, contre-indications ou interactions médicamenteuses…Ou, enfin, impliquer les pharmaciens dans la vérification du diagnostic de l'usager et confirmer l'indication du produit.
Les avantages pour l'usager sont multiples, plaident les Autorités sanitaires américaines : Une augmentation de l'utilisation appropriée des médicaments, une diminution des coûts de santé, un meilleur accès aux tests de diagnostic, un accès facilité aux traitements, une plus grande égalité de l'accès aux soins, sont les arguments mis en avant. « Les règles pour la vente OTC ont été établies à une époque où l'accès généralisé aux technologies de l'information n'existait pas. Il existe aujourd'hui de nouveaux mécanismes interactifs qui peuvent aider les patients à pratiquer l'auto-diagnostic et le choix des bons médicaments ».
Il reste des défis pour mettre en oeuvre une telle initiative, dont le remaniement des règles d'autorisation (AMM), la redéfinition du recours au médecin et différents services de santé, le développement des dossiers médicaux électroniques et autres outils électroniques tels que les ordonnances électroniques et les portails web pour patients. Selon la FDA, le pharmacien pourrait être l'acteur pivot de cette période de transition, mais là-encore, émergent de nouveaux défis associés à la responsabilité du pharmacien, à la perturbation de leur charge de travail, aux coûts d'équipement et de logicieks, au mode de remboursement des assurances santé.
Si l'orientation actuelle américaine est plutôt en faveur du oui, que du non, de nombreux obstacles restent donc à surmonter mais le mouvement de l'automédication et de l'auto-soins semble en marche, et au-delà des seuls Etats-Unis.
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