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CACHEXIE : Le fer pour lutter contre la perte musculaire ?

Actualité publiée il y a 2 années 8 mois 4 semaines
EMBO Reports
Parmi les effets secondaires les plus sévères des cancers, impliquée dans une grande partie des décès associés, la cachexie reste une condition toujours mal comprise, sans traitement adapté (Visuel Adobe Stock 133318789)

Parmi les effets secondaires les plus sévères des cancers, impliquée dans une grande partie des décès associés, la cachexie reste une condition toujours mal comprise, et sans traitement adapté. Cette équipe de l’Université de Turin a regardé les effets de la supplémentation en fer sur l'atrophie des muscles squelettiques chez les patients cancéreux et les personnes souffrant d'autres maladies caractérisées par cette perte irrémédiable de masse musculaire. Ces travaux, comportant une étude précinique et un petit essai clinique pilote, publiés dans les EMBO Reports, décryptent ces mécanismes de « dépérissement » chez les patients atteints d'un cancer à un stade avancé, un groupe de patients au sein duquel la prévalence de la cachexie atteint 80 %.

 

La cachexie affecte environ 50 % des patients atteints de cancer et est un facteur de décès chez environ un tiers d’entre eux. Caractérisée principalement par une perte musculaire mais aussi par des changements métaboliques, la condition n’est pas gérable par augmentation de l'apport alimentaire ou supplémentation nutritionnelle. Le syndrome va bien au-delà de la perte de poids, représentant toujours un défi biologique et thérapeutique pour les cliniciens.

 

Bien qu’associée à une mauvaise réponse aux traitements oncologiques, à une augmentation des hospitalisations et à un fardeau important pour les aidants familiaux, la cachexie reste encore insuffisamment prise en charge dans de nombreux centres et services d'oncologie. Faute de traitement adapté, les patients connaissent un déclin irréversible de leur santé jusqu'au décès.

La carence en fer, liée causalement à la cachexie ?

Trouver le moyen d’inverser la perte de masse et de fonction musculaire permettrait de prolonger la survie et de restaurer la qualité de vie de très nombreux patients. Car les patients cancéreux atteints de cachexie souffrent fréquemment d'une résistance à l'insuline, d'un dysfonctionnement hépatique, d'une inflammation chronique, d'une altération du microbiote intestinal et d’une malabsorption des nutriments.

 

L'étude in vivo :

La carence en fer, déjà connue pour être très répandue chez les patients cancéreux et associée à un mauvais pronostic, est en effet confirmée comme un facteur de cachexie : ici, les chercheurs italiens induisent une anémie ferriprive sévère chez la souris par la combinaison d’un régime alimentaire sans fer et de saignées, ce qui réduit le volume de sang circulant. Cette privation de fer induit une atrophie musculaire, ce qui confirme l'hypothèse selon laquelle une perturbation du métabolisme du fer peut induire une fonte musculaire, similaire à celle observée dans le cancer.

La supplémentation en fer, toujours chez la souris, modèle de cancer du côlon, permet une reprise de masse musculaire, un rétablissement de la fonction musculaire et prolonge la survie.

La supplémentation en fer empêche ou inverse la cachexie.

Ici, ce sont des injections intraveineuses de fer qui apportent aux animaux une meilleure vitalité, une survie prolongée ainsi qu'une force de préhension considérablement améliorée.

 

La preuve chez l’Homme ? Cette amélioration modérée de la force est également observée chez un petit groupe de patients humains atteints de cancer, quelques jours après une injection de carboxymaltose ferrique.

Il reste à mieux comprendre les mécanismes sous-jacents, mais les auteurs suggèrent que la supplémentation en fer pourrait favoriser la production d'adénosine triphosphate (ATP) par les mitochondries, l'énergie nécessaire aux cellules musculaires et au processus de contraction musculaire.

 

Cette découverte a de nombreuses implications au-delà du cancer, car l'atrophie des muscles squelettiques est une caractéristique de nombreuses maladies chroniques telles que l'insuffisance cardiaque et la MPOC (maladie pulmonaire obstructive chronique). Si ces effets bénéfiques de la supplémentation en fer doivent encore être validés dans d'autres modèles de cancer et ces autres maladies, cette découverte laisse espérer que la supplémentation en fer pourrait au moins atténuer l'atrophie musculaire et restaurer en partie la qualité de vie.  


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