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CANCER du SEIN : Choisir le bon contraceptif pour prévenir le risque

Actualité publiée il y a 2 années 10 mois 2 jours
EMBO Molecular Medicine
Mieux choisir son contraceptif peut contribuer à prévenir ce risque de cancer du sein (Visuel Adobe Stock 295877600)

Certains contraceptifs hormonaux sont connus pour augmenter le risque de cancer du sein, le premier cancer en termes d’incidence et de décès par cancer chez les femmes dans le monde. Mieux choisir son contraceptif peut donc contribuer à prévenir ce risque de cancer du sein associé, rappelle cette recherche d’une équipe de scientifiques de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL), en particulier lorsqu'on est à risque élevé. L’étude, publiée dans la revue Embo Molecular Medicine, alerte contre les effets biologiques spécifiques des différents progestatifs sur le sein, et incite à des choix mieux éclairés et personnalisés pour chaque patiente, en fonction de ses antécédents et de ses facteurs de risque.

 

La contraception hormonale (ex : la pilule, le patch et l'anneau vaginal) expose les femmes à des agonistes synthétiques des récepteurs de la progestérone, qui empêchent la grossesse en arrêtant l'ovulation. Ces hormones synthétiques modifient la glaire cervicale pour empêcher le sperme de traverser le col de l'utérus et d’atteindre l’ovule et/ou modifient la muqueuse utérine pour empêcher un ovule fécondé de s’implanter.

 

Les progestatifs sont ainsi les principaux composants des contraceptifs hormonaux, ils imitent (agonistes) la progestérone, une hormone sexuelle féminine. Or, la progestérone est impliquée dans un certain nombre de processus biologiques, dont le cycle menstruel, la grossesse et divers aspects du développement fœtal, comme la programmation cérébrale.

Certains progestatifs peuvent accroître, de façon transitoire, le risque de cancer du sein.

L'effet de la progestérone et des progestatifs sur l'épithélium mammaire reste pourtant mal compris en raison notamment du manque de modèles d’études. Cette recherche suggère que les différents progestatifs présents dans les contraceptifs hormonaux affectent différemment la prolifération des cellules épithéliales du sein et donc le risque de cancer du sein.

L’équipe suisse dirigée par le professeur Cathrin Brisken de l'EPFL a étudié de près les effets biologiques spécifiques des différents progestatifs des contraceptifs hormonaux sur le tissu mammaire ou épithélium mammaire de souris, mais « humanisé ». « Si les effets des différents contraceptifs sur le système cardiovasculaire sont mieux connus (e.g. risque thrombo-embolique), leurs effets sur le sein sont moins documentés ». L’équipe a donc développé de nouvelles approches pour comparer les progestatifs les plus couramment utilisés dans les différents contraceptifs hormonaux et constate que

certains progestatifs stimulent la prolifération cellulaire dans le sein.

Un modèle préclinique d’étude pertinent : ainsi, les chercheurs ont développé des glandes mammaires de souris « humanisées » en greffant des cellules épithéliales mammaires humaines dans les canaux lactifères des animaux et en surveillant leur croissance in vivo. Ce processus permet d’obtenir un modèle préclinique d’étude pertinent. L'équipe constate alors que ce qui distingue les progestatifs stimulants des progestatifs inoffensifs réside dans leur «propriétés androgéniques».

 

Des propriétés androgéniques : ces propriétés se retrouvent dans des substances qui déclenchent le développement de caractéristiques masculines, telles que les poils, la masse musculaire, etc. Or, certains progestatifs ont des propriétés androgènes, et agissent donc comme la testostérone; La clé est une protéine ou récepteur des androgènes, qui, lorsqu'elle est activée par un progestatif androgène, se déplace dans le noyau de la cellule où elle régule l'expression de certains gènes. Certains progestatifs agissent à travers le récepteur des androgènes pour induire l'expression d’une protéine Rankl, qui joue à son tour un rôle important dans la prolifération cellulaire dans l'épithélium mammaire.

 

Cet effet n'est en revanche pas observé avec les progestatifs anti-androgènes.

 

En conclusion, les progestatifs androgéniques -mais pas anti-androgéniques - favorisent la prolifération voire l’hyperprolifération cellulaire. Alors que la contraception hormonale expose les femmes à différents progestatifs avec ou sans œstrogène, les propriétés androgéniques des progestatifs déterminent leur activité biologique dans l'épithélium du sein et révèlent un rôle inattendu de l'activité des récepteurs aux androgènes dans la prolifération des cellules épithéliales du sein.

Ces activités biologiques distinctes dans l'épithélium mammaire doivent être considérées pour des choix mieux éclairés en matière de contraception hormonale. On retiendra donc que les progestatifs ayant une activité anti-androgène (norgestimate, gestodène, désogestrel ) peuvent être une option plus sûre en ce qui concerne le risque de cancer du sein que les composés liés à la testostérone (ex : lévonorgestrel).

 

Mais, ce choix éclairé doit être personnalisé en fonction des facteurs de risques et antécédents de chaque patiente.

 

Arbitrer entre les différents effets indésirables : ainsi les pilules de 3e génération contenant du désogestrel ou du gestodène exposent en revanche à un risque accru (mais rare) d’accidents thromboemboliques par rapport aux pilules contenant du lévonorgestrel. En France, la Haute Autorité de Santé (HAS) ne les recommande donc pas en première intention.

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