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CANCER du SEIN : Les progrès de l’immunothérapie personnalisée

Actualité publiée il y a 2 années 1 mois 4 semaines
Journal of Clinical Oncology
Le concept est une forme d'immunothérapie qui utilise les propres cellules immunitaires antitumorales du patient (Visuel Adobe Stock 181240989)

Cette étude du National Cancer Institute (NCI/NIH) marque une étape importante dans l’avancée des immunothérapies des cancers, et, précisément l'immunothérapie personnalisée pour le cancer du sein métastatique. Le concept est une forme d'immunothérapie qui utilise les propres cellules immunitaires antitumorales du patient. Cette immunothérapie personnalisée pourrait trouver sa place dans l’arsenal des traitements du cancer du sein métastatique, et d’autres cancers. Ces premières données encourageantes, publiées dans le Journal of Clinical Oncology, montrent que cette forme personnalisée d’immunothérapie parvient à faire régresser la tumeur, et dans certains cas jusqu’à la rémission.

 

L’immunothérapie est un traitement qui aide le système immunitaire d’une personne à combattre le cancer. Cependant, la plupart des immunothérapies disponibles, telles que les inhibiteurs de point de contrôle immunitaire, ont montré une efficacité limitée contre les cancers du sein à récepteurs hormonaux positifs, qui constituent la majorité des cancers du sein.

 

Et pour le cancer du sein métastatique ? Il existe donc l’idée largement partagée que les cancers du sein à récepteurs hormonaux positifs ne sont pas capables de provoquer une réponse immunitaire et ne sont pas sensibles à l'immunothérapie, commente l’auteur principal, le Dr Steven A. Rosenberg, Chef de Service chirurgie du cancer du NCI. Cependant, l'essai suggère que cette forme d'immunothérapie peut être utilisée avec succès chez les patientes ayant épuisé toutes les autres options de traitement.

L'approche d'immunothérapie personnalisée,

testée dans cet essai a été lancée à la fin des années 1980 par le Dr Rosenberg et ses collègues du NCI. Il repose sur les TIL, des lymphocytes T qui infiltrent et se trouvent dans et autour de la tumeur. Les TIL peuvent cibler les cellules tumorales qui ont des protéines spécifiques à leur surface, appelées néoantigènes. Ces néoantigènes sont produits lorsque des mutations se produisent dans l'ADN tumoral.

D'autres formes d'immunothérapie se sont avérées efficaces dans le traitement de cancers, tels que le mélanome, qui présentent de nombreuses mutations, et donc de nombreux néo-antigènes. L’efficacité des immunothérapies dans les cancers qui ont moins de néo-antigènes, comme le cancer du sein, est moins claire.

 

La thérapie « s’adresse » néanmoins aux patientes atteintes d'un cancer du sein métastatique capables de développer une réaction immunitaire contre leurs tumeurs, ce qui constitue une condition préalable à ce type d'immunothérapie, qui repose sur les lymphocytes infiltrant les tumeurs (TIL).

 

L’essai clinique est mené auprès de 42 femmes atteintes d'un cancer du sein métastatique. Les chercheurs ont utilisé le séquençage du génome entier pour identifier les mutations dans des échantillons de tumeurs des participantes dont les cancers avaient progressé en dépit de précédents traitements. Les chercheurs ont ensuite isolé les TIL des échantillons de tumeurs et, lors de tests en laboratoire, ont testé leur réactivité contre les néoantigènes produits par les différentes mutations de la tumeur.

 

  • 28 (ou 67 %) ont généré une réaction immunitaire contre leur cancer ; en d’autres termes, 28 participantes avaient des TIL qui reconnaissaient au moins un néoantigène. Presque tous les néoantigènes identifiés étaient uniques à chaque patiente ;
  • l'approche d’immunothérapie spécialisée a testée chez 6 patientes ; pour les 6 femmes traitées, les chercheurs ont extrait les TIL réactifs et les ont multipliés en grand nombre en laboratoire. Ils ont ensuite infusé ces cellules immunitaires à chaque patiente par perfusion intraveineuse. Toutes les patientes ont également reçu 4 doses de l'inhibiteur de point de contrôle immunitaire pembrolizumab (Keytruda) avant la perfusion pour empêcher les lymphocytes T nouvellement introduits de s’inactiver ;
  • 3 de ces 6 patientes ont bénéficié d’un rétrécissement notable de la tumeur ; l’une des patientes reste sans cancer à ce jour. Les 2 autres patientes ont bénéficié d’un rétrécissement tumoral de 52 % et 69 % 6 mois et 10 mois, respectivement. Ces 2 patientes sont aujourd’hui en rémission, depuis environ 5 et 3,5 ans, respectivement.

 

Les scientifiques concluent avec ironie que

« le talon d'Achille de ces cancers est en fait constitué par les mutations génétiques mêmes qui ont causé le cancer ».

L’équipe applique aujourd’hui ces nouvelles immunothérapies à un plus grand nombre de patientes atteintes d'un cancer du sein métastatique dans le cadre de l'essai clinique en cours, qui se poursuit.

Les chercheurs concluent sur les applications possibles à d'autres types de cancer, car ils utilisent « les propres lymphocytes d'un patient comme médicament pour traiter le cancer en ciblant les mutations uniques de ce cancer ».  

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