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COVID-19 : La dépression, composante pathologique ou réponse au stress ?

Actualité publiée il y a 2 années 10 mois 3 semaines
JAMA Network Open
La dépression post-COVID est liée à un processus pathologique, au moins chez un petit groupe de patients (Visuel Adobe Stock 370587041)

On retient qu’environ une personne sur 4 a souffert de dépression au cours de la pandémie de COVID-19 et que les taux de symptômes dépressifs majeurs sont élevés après une infection aiguë par le SRAS-CoV-2. On ignore cependant si ces symptômes représentent une conséquence générale du stress associé à la maladie ou s'ils sont le résultat de séquelles cérébrales spécifiques associées à la physiopathologie même du COVID-19. Cette équipe de l’Université d’Harvard qui a comparé les caractéristiques de la dépression majeure chez des personnes avec ou sans antécédent de COVID-19, conclut à un processus pathologique, au moins chez un petit groupe de patients et appelle à des recherches supplémentaires.  

 

L’équipe a mené 12 vagues d’enquête auprès de 91.791 participants, sur la période de mai 2020 à février 2021, portant sur les données sociodémographiques (sexe, revenu, âge, niveau d’études, type de résidence, origine ethnique…) et d’antécédents de diagnostic clinique de COVID-19 ou de résultat PCR positif. Pour l’évaluation des symptômes dépressifs, les chercheurs ont invité les participants à répondre au Patient Health Questionnaire (PHQ)-9 auquel un score de 4 ou plus sur 10 commence à indiquer des symptômes au moins modérés.

Visuel JAMA Network Open

Des caractéristiques spécifiques de la dépression post-COVID

Les chercheurs ont appliqué un algorithme rapprochant les symptômes dépressifs comme variable dépendante, les caractéristiques sociodémographiques comme variables indépendantes, des antécédents éventuels de COVID-19. Cela leur a permis de comparer les valeurs moyennes pour chaque symptôme de la dépression et de l’anxiété chez les participants avec et sans antécédents. Enfin, les chercheurs ont examiné la prévalence des symptômes dépressifs par mois écoulés depuis la maladie COVID-19. Cette analyse révèle des associations significatives de symptômes dépressifs avec un antécédent de COVID-19 antérieur :

 

  • pour le sexe, les femmes présentant un risque moindre de dépression « post-COVID » ;
  • le revenu, un revenu plus élevé que la moyenne étant associé à un risque de dépression post-COVID plus élevé ;
  • l’origine ethnique qui semble également influer sur ce risque ;

 

La comparaison des symptômes individuels entre les patients avec et sans antécédent de COVID-19 révèle les différences les plus marquées dans les scores de :

  • suicidalité ;
  • symptômes moteurs (Voir visuel ci-contre).

 

Le risque de symptômes dépressifs augmente avec le temps, après une forme sévère de la maladie,

précisément de 7% par mois supplémentaire.

 

Une grande variabilité mais aussi des caractéristiques spécifiques aux dépressions post-COVID: ainsi, cette analyse complexe conclut à une grande variabilité des symptômes dépressifs et selon les variables sociodémographiques entre les sujets avec ou sans antécédent de COVID. Selon les chercheurs, ces différences suggèrent indirectement que les épisodes dépressifs majeurs apparents après la maladie COVID-19 peuvent être distincts de ceux généralement observés chez les adultes en population générale. De plus, le risque de dépression augmente avec le délai post-COVID alors, qu’en population générale traitée pour dépression, ou dans le cas de dépression en réponse à un stress aigu, la dépression n’a pas systématiquement tendance à s’aggraver.

 

  • De plus, les chercheurs soulignent des taux de délire nettement plus élevés chez les patients atteints de COVID-19, et prennent en compte que le délire est également souvent associé à des symptômes moteurs et cognitifs.
  • Pris ensemble, ces données laissent entrevoir des caractéristiques spécifiques à la dépression post-COVID, résultat d’un processus pathologique différent au moins dans un sous-ensemble de participants.

 

Les chercheurs écrivent qu’« au minimum, ces données spécifiques suggèrent la nécessité de mieux comprendre les différences et les similitudes entre les symptômes dépressifs associés au COVID-19 » et d’identifier les processus pathologiques éventuellement en cause.

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