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DÉMENCE : La sieste prolongée, signe de déclin accéléré ?

Actualité publiée il y a 1 année 11 mois 1 semaine
Alzheimer’s and Dementia
Chez la personne âgée, les siestes diurnes constituent un marqueur, on ne peut plus simple, aux aidants comme aux soignants, de risque de développement de la maladie d'Alzheimer et d'autres démences (Visuel Adobe Stock 336154070)

Une sieste prolongée pourrait être, chez les personnes âgées, un signe de vieillissement accéléré eet avant-coureur de démence : l’équipe de gériatres de l’Université de Californie - San Francisco constate que la durée du sommeil diurne triple après le diagnostic de la maladie d'Alzheimer. La recherche publiée dans la revue Alzheimer’s and Dementia apporte un marqueur, on ne peut plus simple, aux aidants comme aux soignants, de risque de développement de la maladie d'Alzheimer et d'autres démences.

 

La sieste diurne chez les personnes âgées fait partie du vieillissement normal, mais elle peut aussi annoncer, par sa durée excessive, la maladie d'Alzheimer et d'autres démences. La recherche montre qu’une fois la démence ou son précurseur habituel, une déficience cognitive légère, sont diagnostiquées, la fréquence et la durée des siestes s'accélèrent rapidement.

 

Les chercheurs de l'UC San Francisco avec leurs collègues de la Harvard Medical School et du Brigham and Women's Hospital (BWH) expliquent que la sieste diurne chez les personnes âgées n’est pas seulement le moyen de compenser une nuit trop courte ou un mauvais sommeil nocturne. La démence peut en effet affecter les neurones favorisant l'éveil dans des zones clés du cerveau et favoriser ces endormissements diurnes : « Nous constatons une association claire entre les siestes diurnes excessives et la démence même après prise en compte de la quantité et de la qualité du sommeil nocturne », précise l’un des auteurs principaux, le Dr Yue Leng, du Département de psychiatrie et des sciences du comportement de l'UCSF.

La démence associée à 68 minutes de sieste diurne en plus

La sieste diurne, un marqueur de démence indépendant du sommeil nocturne : c’est la démonstration apportée par cette étude qui a suivi, durant 14 ans, les données de . 401 personnes âgées, dans le cadre du Rush Memory and Aging Project (Chicago). Les participants, âgés en moyenne de 81 ans, à 75 % des femmes, ont été équipés, durant 14 jours, d’un dispositif permettant de suivre leur mobilité. Chaque période prolongée d'inactivité durant la période diurne soit de 9 h à 19 h a été considérée comme une sieste. Une fois par an, chaque participant a subi une batterie de tests cognitifs. Au début de l'étude, 75,7 % des participants ne présentaient aucune déficience cognitive, 19,5 % une déficience cognitive légère et 4,1 % souffraient de la maladie d'Alzheimer. L’analyse constate que :

 

  • pour les participants qui n'ont pas développé de déficience cognitive, les siestes quotidiennes diurnes ont augmenté en moyenne de 11 minutes par an ;
  • après un diagnostic de déficience cognitive légère, cette augmentation atteint 24 minutes ;
  • après un diagnostic de maladie d'Alzheimer, cette augmentation atteint 68 minutes.

Plus d’1 heure de sieste par jour c’est 40 % de risque d’Alzheimer en plus 

Lorsque les chercheurs examinent les 24 % de participants qui avaient une cognition normale au début de l'étude mais qui ont développé la maladie d'Alzheimer 6 années plus tard, et les comparent aux participants dont la cognition est restée stable, ils identifient des différences dans les habitudes de sieste :

 

  • les participants qui font la sieste plus d'1 heure par jour présentent un risque accru de 40 % de maladie d'Alzheimer vs ceux qui font la sieste moins d'une heure par jour ;
  • les participants qui font la sieste au moins 1 fois par jour présentent un risque 40% plus élevé de développer la maladie d'Alzheimer vs ceux qui font la sieste moins d'une fois par jour -en moyenne-.

 

Une étude publiée par la même équipe en 2019 avait déjà révélé que les hommes plus âgés qui font la sieste 2 heures par jour ont un risque plus élevé de développer une déficience cognitive que ceux qui font la sieste moins de 30 minutes par jour.

 

La perte de neurones favorisant l'éveil peut expliquer ces siestes plus longues : les chercheurs expliquent que les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer ont moins de neurones favorisant l'éveil dans 3 régions clés du cerveau. Ces changements neuronaux semblent être liés aux enchevêtrements de tau, caractéristiques de la maladie d'Alzheimer. Ainsi, il serait même possible que l’évolution de la durée des siestes diurnes soit représentative de l’évolution de la maladie.

 

« Nous ne pensons pas avoir suffisamment de preuves pour tirer des conclusions sur une relation causale : la sieste pourrait contribuer aussi à favoriser le vieillissement cognitif, et la sieste diurne excessive peut aussi être la conséquence d’un vieillissement accéléré. Nous allons regarder si des interventions sur la sieste peuvent ralentir le déclin cognitif… ».  

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