DÉMENCE : Plutôt bavarder avec le patient que prescrire des antipsychotiques
C'est bon de parler, conclut cette étude britannique sur la démence qui mesure l’efficacité d’un programme psychosocial, centré sur le patient, à la fois en institution, puis à domicile. Juste une heure par semaine d'interaction sociale apporte une amélioration de la qualité de vie et une réduction légère des symptômes de démence et d’agitation. Bref, un appel à, en dépit de la pénurie de personnels à prendre du temps pour dispenser des soins personnalisés pour réduire la détresse des personnes démentes et améliorer leur qualité de vie.
Il n'est pas facile, que ce soit en institution ou à domicile de traiter l'agitation ou la détresse qui accompagnent souvent la démence chez les patients âgés. Les médicaments antipsychotiques peuvent avoir un certain impact, mais aussi des effets secondaires et il n'est pas prouvé qu'ils améliorent la qualité de vie.
Cet essai contrôlé randomisé mené dans 69 maisons de soins infirmiers britanniques, assignées à mettre en œuvre le programme psychosocial et personnalisé WHELD ((Wellbeing and Health for people with Dementia) ou à poursuivre les protocoles de soins comme d'habitude montre qu’une heure par semaine passée avec chaque patient, à parler de sa vie et de ses intérêts suffit déjà à améliorer sa qualité de vie. Pour les institutions avec mise en œuvre du programme, les personnels soignants ont été formés au programme WHELD. Les chercheurs de l’Alzheimer's Society, de la Bangor University, Exeter University, du King's College London, de la London School of Economics… ont examiné et évalué 847 patients déments au début et à la fin de l'étude en utilisant des questionnaires standardisés pour évaluer leurs symptômes, leur niveau de qualité de vie et d'agitation. 553 des patients ont pu être suivis durant 9 mois. L’analyse montre que les patients ayant bénéficié du programme WHELD présentent :
- une légère augmentation des scores de qualité de vie vs ceux recevant les soins habituels ;
- une légère diminution de l'agitation vs une petite augmentation chez les patients recevant les soins habituels ;
- une légère réduction des symptômes de démence, alors que les symptômes s'aggravaient chez les patients témoins.
- aucun changement dans l'utilisation des médicaments antipsychotiques n’est constaté entre les 2 groupes.
Plutôt bavarder que prescrire des antipsychotiques : ainsi, si l’effet d’un tel programme d’interaction sociale personnalisé reste faible, il est comparable voire plus élevé à celui observé, sur la qualité de vie des patients, avec les antipsychotiques, relèvent les chercheurs. De plus, le modèle peut « facilement » être mis en œuvre dans les maisons de retraite.
Bref, inclure des moments d’interaction sociale dans les soins, les ancrer dans la culture des institutions ou des aidants à domicile aurait un effet positif indiscutable sur la fin de vie des patients atteints de démence.
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