DÉPRESCRIPTION : La marge est considérable chez les patients âgés
Réduire les événements indésirables liés aux médicaments, aux polymédications et à la iatrogénie médicamenteuse chez les personnes âgées, c’est l'objectif poursuivi par de très nombreux gériatres. Pourtant, faute de réexaminer régulièrement cette trop fréquente et trop lourde polymédication, la grande majorité des patients agés continue à prendre un grand nombre de traitements. Cette étude de l'Université de médecine et des sciences de la santé du Royal College of Surgeons in Ireland (RCSI) sensibilise à nouveau à la surmédication et révèle, dans la revue PLoS Medicine, un potentiel élevé de réduction du nombre de médicaments prescrits aux personnes âgées.
Les auteurs principaux, le professeur Susan Smith et le Dr Caroline McCarthy du département de médecine générale du RCSI rappellent la prévalence croissante de la multimorbidité chez les personnes âgées, qui vivent de plus en plus âgées. Ce groupe de patients très âgés se voit prescrire plusieurs médicaments. Cela signifie des défis croissants pour le système de santé en termes de coûts, de ressources (structures, soignants, aidants) qui face à la prescription de tant de médicaments, doivent veiller à l’observance des traitements mais aussi à la surveillance des effets indésirables ou iatrogéniques associés.
Un programme irlandais, SPPiRE, pour réduire la surmédication des personnes âgées
Le programme SPPIRE (Supporting prescribing in older people with multimorbidity and significant polypharmacy in primary care) a pour objectif de mettre le système de santé en capacité de relever ces défis donc d’optimiser la prescription chez les personnes âgées atteintes de multimorbidité.
L’essai contrôlé randomisé a impliqué 51 cabinets de médecins généralistes et 404 patients. Les patients plus âgés atteints de multimorbidité prenant au moins 15 médicaments réguliers ont été invités à assister à une revue de leurs différents traitements, en présence de leur médecin généraliste. L'examen comprenait le dépistage de combinaisons de médicaments inappropriées, pouvant donner lieu à des interactions, l'examen de l’opportunité d'en arrêter certains et l'évaluation des priorités de traitement. L’expérience montre que cet examen unique en présence du patient et de son médecin,
- suffit à réduire de manière significative le nombre de médicaments et à améliorer la qualité globale de la prescription ;
- permet une réduction significative du nombre de médicaments, vs groupe témoin, avec plus de 800 médicaments arrêtés chez 208 patients participants ;
- à la suite de l’arrêt de plus de 800 médicaments, seulement 15 événements indésirables ont été signalés, dont presque tous étaient bénins et ont été « inversés » une fois le médicament réintroduit ;
- la qualité de la prescription évaluée à l'aide d'une liste de contrôle des combinaisons de médicaments pouvant donner lieu à interaction, est améliorée dans les 2 groupes au cours de la période d'étude.
« Gérer activement et réactualiser ces prescriptions nécessite beaucoup de temps pour les médecins et peut susciter des peurs chez les patients ». Cependant, l’étude révèle une marge considérable de réduction des prescriptions et d’amélioration globale de la qualité de traitement et de vie du patient.
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