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INFECTION FONGIQUE et ANTIBIORÉSISTANCE : Affamer les superchampignons

Actualité publiée il y a 4 années 10 mois 4 jours
Antimicrobial Agents and Chemotherapy
Pour empêcher la croissance des pathogènes, on les affame, en bloquant l'accès aux nutriments essentiels

La piste est poursuivie par de nombreuses équipes en cancérologie : pour empêcher la croissance des cellules cancéreuses, on les affame, en bloquant l'accès aux nutriments essentiels à leur croissance dont le glucose et de certaines enzymes, qui les aident à survivre en situation de disette. Ces chercheurs de l’Université de Buffalo (UB- New York) appliquent le même principe aux pathogènes pharmaco-résistants, ici pour traiter une infection fongique résistante. Des travaux présentés dans la revue Antimicrobial Agents and Chemotherapy qui parviennent à venir à bout de Candida albicans, une levure courante pouvant causer des maladies chez les personnes dont le système immunitaire est affaibli.

 

Les chercheurs limitent ici l'accès du champignon au fer, un élément essentiel à sa survie, en utilisant du déférasirox, un médicament utilisé pour traiter les troubles sanguins. Testés chez la souris, les résultats sont prometteurs : en multipliant par 4 les niveaux de fer dans la salive, cela altère l'expression de plus de 100 gènes chez le champignon et réduit considérablement sa capacité à infecter la muqueuse buccale.  

Plus de fer, moins de champignons et réduction de l’infection

« L’idée ici, est, qu’en l'absence de nouveaux candidats, la réutilisation de médicaments ciblant un nutriment ou une enzyme nécessaire à la survie et à la croissance d’un microorganisme pathogène est une stratégie prometteuse pour traiter la maladie », explique Mira Edgerton, chercheur au département de biologie orale à l’UB School of Dental Medicine. Car, dans ce cas, s’il existe 3 grandes classes d'antifongiques cliniques, la résistance à ces médicaments ne fait qu’augmenter alors qu’aucune nouvelle classe n’a émergé au cours des dernières décennies.

 

Candida albicans fait partie de ces champignons qui développent une résistance et est responsable d’un certain nombre d’infections, dont le muguet, -une infection à levures dans la bouche identifiée par un film blanc qui recouvre la langue et la gorge, provoquant une déglutition douloureuse-, et la stomatite liée aux prothèses, -une infection fongique qui touche près des deux tiers des porteurs de prothèses et qui provoque une inflammation, des rougeurs et un gonflement de la bouche-. Candida albicans est le champignon le plus abondant dans le microbiome oral et dépend fortement de la salive comme source de nutriments essentiels. Le fer, le deuxième métal le plus abondant dans la salive, est utilisé par le champignon dans plusieurs processus cellulaires, notamment la production d'énergie et la réparation de l'ADN.

Ce test mené chez la souris montre que :

  • l’ajout de déférasirox à de l’eau de boisson qui permet de réduire les niveaux de fer dans la salive réduit le taux de survie de Candida albicans face aux attaques du système immunitaire, avec un taux de survie (taux de survie de 12% vs 25% chez les souris non traitées) ;
  • la thérapie modifie l'expression de 106 gènes chez le champignon, dont 25%apparaissent justement impliqués dans la régulation du métabolisme du fer ;
  • la carence en fer affecte ainsi l'expression génique de Candida albicans en temps réel et au cours d'une infection vivante.

 

 

Enfin, alors que d’autres études ont montré que le traitement par déférasirox n'entraîne pas de carence en fer chez les adultes présentant des niveaux de fer normaux, le traitement apparait ici prometteur pour prévenir les infections fongiques des muqueuses buccales chez les personnes plus. Au-delà, c’est un exemple de plus de lutte contre une infection résistante en « affamant » le pathogène.

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