JOURNÉE des INFIRMIER(E)S : La meilleure des formations est au chevet du patient
A l’occasion de cette Journée internationale des Infirmier(e)s, le Laboratoire Paul Hartmann nous offre le récit (éclairé) de Sara, infirmière spécialisée et formatrice dans les soins de plaies. Parmi les conclusions de presque toute une vie consacrée à son exercice, rien ne vaut la formation reçue au chevet du patient, écrit Sara Ford. « Les moments passés au chevet du patient constituent la meilleure des formations, c'est à la fois un fait que les professionnels du Soin ne peuvent ignorer mais aussi ce que cette profession a de meilleur à offrir ». Un récit qui replace donc la relation soigné-soignant au cœur de la qualité des soins.
Dans quelques jours, je fêterai mes 60 ans. Le temps file ! J'ai passé les 40 dernières années à prendre soin des autres et je ne regrette pas une minute le temps que j'ai consacré à cela. J'estime que j'ai eu une grande chance : celle de faire partie de la vie de tant de personnes, au moment où elles étaient le plus vulnérables. Ce moment relève du sacré, et c'est un privilège d'y avoir tenu une place. Je ne considèrerai jamais ces moments comme des instants ordinaires. Et pourtant, au cours de ces quatre décennies, j'ai vu arriver et repartir de nombreux infirmier/ères... y compris moi-même, fatigués par les politiques de santé, les longues journées de travail et le manque de reconnaissance. Alors que nous nous préparons à voir la nouvelle génération d'infirmier(e)s rejoindre ce secteur professionnel gratifiant (bien que difficile) dans cette époque de si grandes évolutions, j'espère que cette nouvelle génération sera prête pour les défis enthousiasmants, effrayants, complexes mais finalement si épanouissants qui l'attendent. Je les encourage à profiter pleinement de chaque moment passé au chevet des patients pour apprendre ce que cette profession a de meilleur à offrir. Voici ce que je souhaite aux prochains infirmier/ères qui prendront le relais ».
Obtenir un diplôme au plus près du chevet des patients
Avec la formation universitaire actuelle, les futurs infirmiers peinent à obtenir l'expérience fondamentale qu'ils ont besoin d'acquérir au chevet des patients. Je partage de tout cœur l'idée que le métier d'infirmier/ère doit passer par un cursus diplômant, mais je souhaiterais que la formation puisse être dispensée au sein des hôpitaux, à portée de l'université ou avec la possibilité d'accéder à des cours en ligne. Ce qui manque, c'est la possibilité de se confronter à la diversité des défis quotidiens et les occasions de développer des compétences pratiques. Il y a tant à apprendre au cours de ces premières années de formation pratique aux soins infirmiers sur le terrain. Pendant ces années, nous apprenons à écouter nos patients, à entendre leur douleur ou à interpréter les signes lorsque quelque chose ne va pas.
Aujourd'hui, la formation comprend beaucoup plus d'informations techniques. Les infirmier(e)s courent souvent le risque d'être submergés par ces informations et de perdre de vue le patient. En fin de compte, les papiers administratifs et les technologies ne peuvent pas remplacer les véritables techniciens qui sont à l'œuvre.
Avoir l'estomac bien accroché et garder la tête froide
Je ne regarderai plus jamais une boîte de déjeuner de la même façon. Je me souviens comme si c'était hier du jour où, lorsque je travaillais dans le service de chirurgie, j'ai dû drainer un gros abcès. Le seul récipient assez gros pour recueillir tout le liquide était cette boîte de déjeuner posée à côté.
Difficile de trouver l'équilibre entre un estomac bien accroché et un solide sens de l'humour, et pourtant les infirmier(e)s savent le faire. Les infirmier(e)s se retrouvent souvent dans des contextes où il est essentiel de gérer la situation, de garder son calme, d'avoir les idées claires et de prendre les premières mesures cruciales pour sauver une vie. Le métier d'infirmier(e) est diversifié, complexe et par-dessus tout imprévisible. Chaque jour est différent et offre d'innombrables opportunités d'apprentissage et de développement dans les domaines qui comptent le plus pour nous. En aucun cas, nous ne pouvons-nous reposer sur nos acquis alors que les patients remettent leur vie entre nos mains et que tant de problèmes peuvent survenir. Le métier d'infirmi(e)re, c'est tant de choses à la fois. C'est un métier clinique, pratique, technique, inspirant, source d'émotions et, oui, parfois un peu répugnant.
Ne jamais oublier de dire merci
Je ne m'étais pas rendue compte, avant de quitter la profession, que mes collègues étaient à ce point surmenés qu'ils en avaient oublié cette petite chose essentielle.
Dire merci aux collègues, aux supérieurs, aux employés, aux partenaires, aux médecins, aux infirmier(e)s, aux cliniciens, aux familles et plus que tout aux patients.
Nous ne devrions jamais oublier que les infirmier/ères font partie d'une équipe dont les membres doivent s'estimer mutuellement et apprécier à leur juste valeur les efforts déployés par chacun jour après jour.
Voilà, en un mot : juste dire merci. Sans doute pourrions-nous ainsi garder quelques infirmier/ères de plus.
« Faire partie de la vie d'une personne au moment où elle est le plus vulnérable est un privilège, que nous devrions considérer, avec le plus grand respect. »
Rester toujours fidèle à sa mission
Il y a près de 40 ans que j'ai assisté pour la première fois au décès de l'un de mes patients. Vingt ans en arrière, j'ai pris mon premier poste au sein des affaires commerciales dans la santé. Je reçois encore à ce jour des appels d'infirmier/ères qui se donnent le plus grand mal pour soigner des plaies.
Je suis toujours infirmière. C'est bien plus qu'un simple métier pour moi. C'est la personne que je suis.
Mon rôle de formatrice clinique a été une évolution naturelle à mes yeux. Mon travail consiste toujours à déterminer la conduite à tenir devant une plaie et la solution optimale pour le patient, indépendamment du nom du produit ou de son prix. Aux affaires commerciales, j'ai été amenée à travailler dans de nombreux hôpitaux et j'ai eu le sentiment que ce travail me permettait d'aider davantage de personnes, de façon plus efficace. Cela m'a permis d'aider les cliniciens à recourir aux meilleurs produits possibles selon les besoins de leurs patients et, ce faisant, de faciliter leur travail.
J'ai toujours le sentiment d'être chaque jour au service des autres. Aujourd'hui, je contribue à faciliter les soins prodigués aux patients qui ont des plaies.
Je me souviens très précisément de la première fois où l'un des patients dont je m'occupais est décédé. Lorsque je suis rentrée à la maison, mes amis étaient en route pour partir en vacances après les cours. Ils n'avaient aucune idée de ce que je venais juste de traverser.
Au bout du compte, tout cela m'a fait prendre conscience du rôle important et privilégié que j'occupe dans la vie des gens à chaque jour qui passe. Ce sont les expériences comme celle-ci qui ont fait de moi la personne que je suis devenue aujourd'hui. Il existe peu de professions qui offrent cela.
Auteur :
Sara Ford, Formatrice clinique nationale en soin des plaies chez HARTMANN GROUP
Sara Ford, formatrice clinique nationale en soin des plaies au sein des laboratoires PAUL HARTMANN en Australie, a travaillé pendant plus de 20 ans comme infirmière avant de devenir spécialiste des ventes et consultante commerciale auprès de certains des plus importants prestataires de services de soins de santé. Aujourd'hui, elle forme les cliniciens dans toute l'Australie aux meilleures pratiques de gestion des plaies et sélection des produits.
Autres actualités sur le même thème
ANTIHYPERTENSEURS : Ces médicaments qui doublent le risque de fracture osseuse
Actualité publiée il y a 4 mois 2 semainesPARCOURS de SOINS : Les conditions d'une transition de soins réussie pour le patient âgé
Actualité publiée il y a 6 années 6 moisINFIRMIÈRE en GÉRIATRIE : Une formation aux soins spécialisés s’impose
Actualité publiée il y a 4 années 11 moisSOIGNANTS : Comment mieux récupérer et rester vigilant
Actualité publiée il y a 3 années 1 mois