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KÉTAMINE : Comment elle mobilise les systèmes glutamatergique et opioïde

Actualité publiée il y a 1 mois 3 semaines 2 jours
Nature Medicine
Ce sont de nouveaux arguments en faveur de la kétamine pour le traitement de la dépression (Visuel Adobe stock 258146424)

Ce sont de nouveaux arguments en faveur de la kétamine pour le traitement de la dépression que nous apporte cette équipe de neuroscientifiques du King's College de Londres, qui décrypte comment la substance interagit avec le système opioïde du cerveau et publie ses observations dans la revue Nature Medicine. Ces observations apportent une meilleure compréhension à la fois du processus d’action de la kétamine et des voies de développement cérébrales de la dépression.

 

La kétamine est maintenant documentée comme un antidépresseur très efficace et à action rapide, efficace notamment chez les patients ne répondant pas aux médicaments antidépresseurs standards. Cependant, les mécanismes cérébraux responsables de ces effets thérapeutiques rapides restent mal compris.

 

Cette équipe du King's College de Londres cherche justement à cerner les raisons pour lesquelles la kétamine pourrait être un traitement efficace pour certains patients souffrant de dépression. Ces effets antidépresseurs semblent impliquer le système opioïde du cerveau.

 

L’étude, pilote, est menée auprès de 26 participants ayant reçu un diagnostic clinique de dépression ainsi qu’une faible dose de kétamine en perfusion pendant 2 séances de neuroimagerie. Lors d'une séance, avant la perfusion de kétamine, les participants ont reçu de la naltrexone, un inhibiteur des récepteurs opioïdes cérébraux, lors de l'autre séance, les participants ont reçu un placebo. Les participants étaient suivis pendant la perfusion par spectroscopie par résonance magnétique (SRM). L’équipe a pu ainsi mesurer les variations dynamiques du glutamate, une substance chimique cérébrale. Les symptômes dépressifs ont enfin été évalués à l'aide de l'échelle d'évaluation de la dépression de Montgomery-Åsberg (MADRS), 24 heures après la perfusion, au moment où les effets antidépresseurs de la kétamine atteignent leur pic. Ces expériences et l’imagerie révèlent que :

 

  • le blocage du système opioïde réduit à la fois la réponse glutamatergique cérébrale et les effets antidépresseurs observés le lendemain, suggérant que le système opioïde joue un rôle clé dans la médiation de la réponse antidépressive ;
  • un effet lié au sexe est également observé : l'effet de la naltrexone sur l'activité glutamatergique est plus prononcé chez les hommes dépressifs que chez les femmes : cette donnée sur l'action de la kétamine selon le sexe est essentielle à la personnalisation du traitement.

 

L’auteur principal, le Dr Luke Jelen, maître de conférences en psychiatrie au King's College, ajoute : « Nous comprenons mieux pourquoi la kétamine à faible dose présente un potentiel énorme pour soulager les symptômes de la dépression ».

 

Quelles implications ? Comprendre l’implication du système opioïde dans les effets antidépresseurs de la kétamine est une observation cruciale, d’autant que la kétamine n'est pas classée comme un opioïde et ne se lie pas aux récepteurs opioïdes à forte affinité comme la morphine ou l'héroïne. Ces résultats suggèrent bien

une interaction dynamique entre les systèmes glutamatergique et opioïde,

qui collaborent pour soutenir les effets antidépresseurs rapides de la kétamine.

Les opiacés peuvent soulager les systèmes dépressifs, mais sont très addictifs. Comprendre si et comment le système opioïde est impliqué dans les effets de la kétamine est important pour comprendre son efficacité et développer de nouvelles alternatives thérapeutiques.

 

Quelle utilisation « sur le terrain » clinique ? La kétamine à faible dose est actuellement utilisée pour traiter la dépression dans des cliniques privées et un petit nombre de cliniques britanniques (du NHS). L’utilisation de la kétamine à des doses plus élevées est également mise en œuvre en anesthésie. Son usage récréatif, soulignent les auteurs, en cas d'abus, peut entraîner de graves problèmes de santé, notamment des lésions irréversibles de la vessie et des reins.

 

Cette étude qui nous apprend que le système opioïde joue un rôle dans l'effet antidépresseur de la kétamine, qui n’en est pas un, éclaire le processus de l’action antidépressive de la substance, mais éclaire aussi les mécanismes cérébraux en jeu dans la dépression.


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