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MALADIES CHRONIQUES : Pourra-t-on bientôt se faire tout simplement vacciner ?

Actualité publiée il y a 4 années 4 mois 2 semaines
Inserm et Nature Communications
Le principe, un vaccin capable de réguler la composition et la fonction du microbiote intestinal pour protéger l’hôte contre le développement de certaines maladies chroniques.

Ces recherches, menées par l’équipe de Benoît Chassaing (Inserm/CNRS/Université de Paris) montrent, chez l’animal, qu’il serait en effet possible de « vacciner » contre certaines maladies inflammatoires chroniques comme les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) et les maladies métaboliques comme le diabète ou l’obésité. Le principe serait un vaccin capable de réguler la composition et la fonction du microbiote intestinal pour protéger l’hôte contre le développement de ces maladies. Mais alors que le microbiote intestinal apparaît de plus en plus documenté comme impliqué dans de très nombreuses maladies chroniques, y compris neurologiques, les implications de ces travaux, publiés dans la revue Nature Communications, semblent considérables.

 

Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, comme la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique, sont associées à des anomalies du microbiote intestinal ou dysbiose, chez l’animal et chez l’homme. On sait que ces MICI sont caractérisées par une moindre diversité bactérienne au sein du microbiote et un déséquilibre entre « bonnes » et mauvaises « bactéries » mais que la « régulation » du microbiote peut contribuer à une meilleure gestion de ces maladies inflammatoires.

L'administration d’une protéine, la flagelline pourrait apporter une protection « vaccinale » contre ces maladies inflammatoires chroniques.

Un « vaccin » qui stimule la production d’anticorps anti-flagelline : ici, les chercheurs se concentrent en effet sur des bactéries exprimant une protéine appelée flagelline. Cette protéine favorise leur mobilité et leur permet de pénétrer la muqueuse intestinale ce qui induit l'expression de gènes pro-inflammatoires. Ces bactéries plus mobiles peuvent également franchir la barrière intestinale et envahir « le reste de l’organisme ». De précédentes études avaient déjà identifié des anticorps dirigés contre la flagelline au sein de la couche de mucus intestinal. L’organisme a donc déjà une protection naturelle immunitaire contre la flagelline, qui permet de contrôler la présence des bactéries qui l’expriment. L’objectif de l’équipe était donc de stimuler cette production d’anticorps anti-flagelline afin de réduire la présence de bactéries exprimant la flagelline dans le microbiote pour réduire le risque d’inflammation chronique.

 

La flagelline purifiée peut faire office de vaccin : Les chercheurs montrent en effet que l’administration de flagelline par voie péritonéale à des souris induit ainsi une forte augmentation des anticorps anti-flagelline, notamment au niveau de la muqueuse intestinale. La "vaccination" induit une augmentation des IgA anti-flagelline, réduit la concentration de flagelline fécale, réduit les altérations du microbiote et protège contre certaines maladies comme la colite et l'obésité. Ainsi, lorsque les chercheurs induisent une inflammation intestinale chronique chez ces modèles animaux, puis administrent la flagelline, ils constatent que la protéine permet de les immuniser contre l’inflammation intestinale. L’analyse de leur microbiote et de leur intestin, confirme une réduction de la quantité de bactéries exprimant fortement la flagelline et l’absence de ces bactéries dans la muqueuse intestinale.

 

Il faudra encore valider ce principe de stratégie vaccinale chez des animaux présentant une maladie inflammatoire chronique ou des troubles métaboliques, puis, une fois le mode d’administration mis au point, mener des essais cliniques chez l’Homme. Mais le concept est là et ouvre de nouvelles perspectives pour la prévention et le traitement des maladies "concernées" par le fameux axe intestin -cerveau.

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