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MÉDITATION : Risquez-vous la maladie du Zen ?

Actualité publiée il y a 6 années 10 mois 3 semaines
PLoS ONE

La littérature bouddhiste classique met en garde contre la « maladie du Zen ». Cette étude, présentée dans la revue PLoS ONE et menée par 60 praticiens de la méditation bouddhiste aux États-Unis, constate en effet que la méditation peut donner lieu à des expériences parfois difficiles.

L'étude menée dans les pays occidentaux sur des pratiques de méditation bouddhiste s'est attachée essentiellement aux participants* ayant vécu des expériences négatives et dont 32% avaient également eu -sans en avoir actuellement- des antécédents de troubles psychiatriques. Ainsi, ses données peuvent être peu représentatives. Cependant, elles ont l'intérêt justement de révéler les expériences négatives possibles associées à la méditation et de montrer que les effets de la méditation ne sont pas toujours sans gravité. Finalement, ces effets secondaires sont aussi la contrepartie de son efficacité, comme toute thérapie.


La littérature bouddhiste classique a documenté les « pièges » de la méditation, dont en pleine conscience, avec le risque d'hallucinations (makyō) et de « maladie du Zen » (Zen disease), de sentiment de déséquilibre et de perte d'identité. Ces notions ne devraient donc pas être ignorées par les enseignants et par tous ceux qui pratiquent la méditation. C'est la mise en garde de ces experts de l'Université Brown et de l'Université de Californie (US) qui révèlent ici que 82% des participants pratiquant la méditation, inclus dans leur étude * ont éprouvé de la peur, de l'anxiété ou une paranoïa.

8 domaines d'expériences positives et négatives : cette étude qualitative par entretiens avec 60 participants adeptes de méditation et ayant donc connu une expérience difficile ou négative liée à leur pratique, a permis aux chercheurs d'identifier 8 domaines d'expériences positives et négatives, soit,

-des expériences cognitives ou liées à la pensée dont des changements dans la vision du monde, des croyances irrationnelles ou paranormales, une sorte de « paralysie » mentale et des changements dans la fonction exécutive ;

-des expériences touchant à la perception ou au traitement de l'information sensorielle, dont des hallucinations, des visions ou des illusions, une plus grande sensibilité aux stimuli sensoriels tels que le bruit ou la lumière ;

-des expériences affectives ou émotionnelles dont la la peur, l'anxiété, la panique ou la paranoïa- des expériences fréquemment rapportées ; Se sentir heureux ou très heureux ; La dépression ou la douleur ; Ou encore la réapparition de souvenirs traumatisants.

-des expériences somatiques, ou liée au corps, dont des bouffées d'énergie, des changements dans les habitudes de sommeil, une sensation de douleur, de pression ou de tension augmentée ou libérée.

-des expériences conatives, ou en relation avec la motivation ou la volonté, dont des changements dans la motivation, dans l'effort, la perte de jouissance et la perte d'intérêt ;

-des expériences touchant la perception de « soi » dont la perte de limites entre soi et le reste du monde, ou du sens de la vie ;

-des expériences sociales avec des difficultés à interagir avec les autres en particulier au retour d'une retraite de méditation ou d'une période de pratique intensive.

Mais tout dépend du sujet, de sa pratique et du type de méditation : parmi les participants pratiquants interrogés 60% étaient également professeurs de méditation et 41% précisent que leurs expériences difficiles suivent une période de 10 heures par jour ou plus. Cela suggère une association plus forte de ces expériences avec une pratique intensive. Ensuite, la majorité de ces expériences faisant immédiatement suite à la pratique de la méditation, les auteurs jugent très probable la relation de causalité. Ainsi, ils suggèrent que certaines expériences sont directement et immédiatement causées par la méditation, tandis que d'autres pourraient être secondaires à une pratique de long terme.

En conclusion, la pratique de la méditation peut entraîner, « comme tout thérapie », des effets « difficiles », cependant le type d'effet, sa probabilité, sa durée et la détresse associée dépendent de chaque sujet et très probablement de nombreux autres facteurs. On pourra retenir que la méditation n'est pas une pratique anodine et rappeler, surtout, qu'il existe aussi de nombreux types de méditation pratiqués à travers le monde. Il est fort probable qu'ils entraînent également des bénéfices et des risques différents.

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