Découvrez nos réseaux sociaux
Actualités

MICROBIOME de la PEAU : Les archées, ces agents secrets de la santé cutanée

Actualité publiée il y a 6 années 9 mois 2 semaines
Scientific Reports
Les archées, des micro-organismes unicellulaires dépourvus de noyau jouent un rôle essentiel dans la santé de la peau

Longtemps considérées comme des bactéries, les archées, des micro-organismes unicellulaires dépourvus de noyau, sont aujourd’hui, en biologie distinguées des bactéries. Cette étude du Berkeley Lab, menée dans le cadre du Synchrotron Infrared Structural Biology (BSISB) Program, sur le microbiome de la peau humaine identifie une association entre l’abondance d'archées et l'âge. Des travaux présentés dans les Scientific Reports qui non seulement révèlent la forte présence de ces archées, en plus de bactéries bien sûr, dans le microbiome cutané et qui jouent un rôle clé dans la santé de la peau humaine.

Le microbiome de la peau est généralement dominé par des bactéries, expliquent les chercheurs californiens, c’est pourquoi l'attention scientifique a porté jusque-là sur les bactéries, plus faciles aussi à détecter. Pourtant la peau est également riche de ces microorganismes unicellulaires dont la quantité varie selon l'âge. Autrefois nommées « archéobactéries », ce n'est que dans les années 1970 que les scientifiques se sont rendus compte de la différence entre archées et bactéries. On « trouve » les archées principalement dans des environnements extrêmes, comme les sources thermales ou la glace de l'Antarctique. De nos jours, on sait que les archées existent dans les sédiments et dans le sous-sol de la Terre, mais elles n'ont été trouvées que récemment dans l'intestin humain et dans le microbiome humain. C’est la recherche aérospatiale qui a mis la puce à l’oreille des chercheurs, car des scientifiques, retrouvant des archées dans les salles blanches, les ont alors soupçonnées de provenir de la peau humaine et d'être des contaminants critiques lors de l'exploration spatiale.

Les chercheurs ont mené des analyses génétiques et chimiques de prélèvements de peau de 51 volontaires humains âgés de 1 à 75 ans. Ils constatent que les archées sont plus abondantes chez les participants de moins de 12 ans et de plus de 60 ans et que certains types peuvent être impliqués dans la santé de la peau.

L’abondance des archées semble dépendre de 2 facteurs, l’âge et la physiologie de la peau. L’analyse des caractéristiques génétiques des microbiomes des échantillons de peau prélevés révèle qu’au-delà de l'influence de l'âge, le sexe n’est pas un facteur, mais que la nature de la peau en est un : une peau plus sèche est plus riche en archées : ainsi l’analyse génétique par PCR quantitative de mesure de l’ADN et par séquençage de nouvelle génération, ainsi qu’une technique sophistiquée d’imagerie par spectroscopie infrarouge ( Advanced Light Source - ALS) confirment le lien entre des niveaux inférieurs de sébum et donc un degré de sècheresse/humidité de la peau et la signature archéale. La méthode de spectroscopie infrarouge permet notamment de « filtrer » les cellules et de savoir immédiatement si ce sont des bactéries ou des archées.

C’est aussi un véritable défi qui vient d’être relevé car le profilage microbien est rendu complexe par la motilité, la vitesse, et l'intégrité fragile de l'échantillon. Cependant, le peu d'études sur la peau et sur les archées ne s’explique pas uniquement par des limitations techniques mais par l’absence, dans les précédentes recherches, de prise en compte de l’âge dans l'échantillonnage. Or l’âge influe fortement sur le microbiome cutané.

Thaumarchaeota, une archée qui oxyde l'ammoniaque, un composant majeur de la sueur, pourrait jouer un rôle dans la santé de la peau. L’abondance d’archées serait associée à la sècheresse de la peau. D’autres archées influeraient sur le pH de la peau, or un pH plus faible est associé à une susceptibilité réduite aux infections. Certaines archées sont probablement impliquées dans le renouvellement de l'azote sur la peau et sont ainsi capables d'abaisser le pH de la peau…Bref, on l’aura compris, comme on « traite » par les bactéries certains troubles intestinaux, infections et bientôt troubles neurologiques, avec des probiotiques, prébiotiques ou autre transplantation fécale, pourquoi ne traiterions pas par des archées certaines maladies de la peau ? Reste à préciser comment les archées et lesquelles sont impliquées dans des processus pathogènes, qui mènent à la dermatite ou au psoriasis, par exemple. Car on en sait peu sur la pathogénicité des archées.

Autres actualités sur le même thème