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OBÉSITÉ et COVID-19 : Une sévérité expliquée par une interaction virus-bactéries ?

Actualité publiée il y a 3 années 7 mois 1 semaine
eLife
 Les effets combinés du microbiote et de l’infection à SARS-CoV-2 dans les poumons, contribuent à expliquer la gravité de la maladie chez ces patients à comorbidités (Visuel AdobeStock_53717225).

Chez les patients souffrant d’obésité et/ou de diabète, le coronavirus « travaille » de concert avec des bactéries pour accroître la sévérité de la maladie, conclut cet examen des mécanismes liant l'obésité et le diabète au COVID-19, mené par une équipe du Texas Southwestern Medical Center (Dallas). Ces travaux publiés dans la revue eLife, qui décrivent les effets combinés du microbiote et de l’infection à SARS-CoV-2 dans les poumons, contribuent à expliquer la gravité de la maladie chez ces patients à comorbidités.  

 

Quels sont donc ces mécanismes qui peuvent expliquer ce risque très accru de syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) après une infection par le coronavirus chez personnes atteintes d'obésité et de diabète ?  Car si l'obésité et le diabète de type 2 sont aujourd’hui des facteurs de risque reconnus, au plan épidémiologique de gravité de COVID-19, les processus sous-jacents restent largement inconnus, relève l'auteur principal, Philipp Scherer, professeur de médecine interne et directeur du Touchstone Diabetes Center, à l'Université du Texas.

Un paradoxe de l’obésité balayé par COVID-19 ?

En effet, les personnes atteintes d'obésité et de diabète se remettent en général mieux des maladies pulmonaires mais, dans le cas de la maladie COVID-19, ces personnes apparaissent bien plus vulnérables, pourquoi ? Ce réexamen des facteurs et les voies qui relient l'obésité et le diabète à la gravité de l'infection aboutit à 2 types de mécanismes explicatifs :

  1. ceux liés au récepteur ACE2,
  2. ceux assurant une interaction entre COVID-19 et les conditions bactériennes préexistantes.

 

L’hypothèse « ACE2 » : Le récepteur ACE2 présent à la surface de nombreuses cellules du corps humain et impliqué dans la régulation du flux sanguin circulant, de la pression artérielle et de la fonction des vaisseaux sanguins, est également utilisé par COVID-19 pour pénétrer dans les cellules hôtes humaines. Une des hypothèses adoptées pour expliquer le développement de formes plus sévères est que l'augmentation des quantités d'ACE2 chez les personnes atteintes d'obésité ou de diabète facilite la pénétration du virus dans les cellules et favorise l’augmentation de la charge virale.

 

L’hypothèse « bactéries » : le microbiote de notre corps est un autre facteur connu pour avoir une influence sur la progression des maladies pulmonaires. Nous transportons plus de 100 milliards de milliards de bactéries dans notre corps, soit plus que nos propres cellules. On pense que les personnes atteintes d'obésité et de diabète souffrent d'une dissémination à l'échelle du corps des bactéries et des substances qu'elles produisent, ce qui favorise

une inflammation continue de bas grade dans différents tissus, dont les tissus pulmonaires.

 

Mais comment les bactéries hôtes peuvent-elles influencer la sévérité de la maladie COVID-19 ? Les lipopolysaccharides produits par les bactéries pourraient « unir leurs forces avec le coronavirus » chez l'Homme et déclencher toute une cascade d'événements moléculaires qui pourraient convertir des tissus sains en tissus fibrotiques. Ce processus, selon ces chercheurs, pourrait jouer un rôle prédominant, non seulement chez les patients obèses et diabétiques, mais aussi chez d'autres groupes à risque accru.

 

La combinaison d’une carence en ACE2 causée par COVID-19 et de l’obésité et/ou du diabète entraîne une altération de la fonction de la barrière intestinale, permettant aux bactéries et à leurs toxines de s'infiltrer dans la circulation. Dans les poumons, ces bactéries et toxines agissent de concert avec le virus et de manière démultipliée, pour causer des lésions pulmonaires plus sévères.

 

Plusieurs expériences citées dans cette revue de la littérature, apportent une première démonstration de cet effet combiné d'une infection bactérienne et virale menant à une tempête de cytokines.

 

Des interactions virales-bactériennes qui pourraient également expliquer le risque accru de COVID-19 sévère observé chez les personnes âgées, en particulier chez celles souffrant de maladies cardiaques.