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OBÉSITÉ: L'enzyme qui régule le poids en situation de stress

Actualité publiée il y a 7 années 4 mois 2 semaines
Cell Reports

Des interrupteurs ou commutateurs de la prise de poids corporel ou de l’obésité, on en découvre beaucoup: ce sont des hormones, des enzymes ou des protéines qui vont agir directement au niveau du cerveau ou en « local » directement sur nos cellules adipeuses. Tous ces agents peuvent favoriser soit la faim soit la satiété, soit le stockage soit la combustion des graisses. La recherche sur ce mal du siècle est si foisonnante qu’on en finit par se demander, à chaque découverte, comment elle se combine aux précédentes, et comment et si elle trouvera son application clinique. Ce nouvel interrupteur métabolique de l'obésité, une nouvelle enzyme identifiée par une équipe canadienne, et présentée dans les Cell Reports, s’avère indispensable à l’adaptation du corps en conditions extrêmes ou en situation de stress : son absence dans une zone précise du cerveau bouleverse complètement le métabolisme.

Rappelons quelques études*, et leurs multiples découvertes : il y a eu HDAC5, une enzyme également présente dans les neurones, à l'influence significative sur l'hormone leptine -dite hormone de la satiété. Il y a eu ce commutateur épigénétique, qui en dépit d'un matériel génétique identique, va faire que l'un sera maigre et l'autre obèse, il y a eu aussi la découverte de l'hormone ADAMTS1, un interrupteur métabolique cette fois-ci au niveau de nos cellules de graisse…Cette étude identifie une nouvelle enzyme qui régule l'homéostasie dans certains neurones de l'hypothalamus : Mais que se passe-t-il si l'on bloque l'enzyme dans l'ensemble du cerveau ? Cela sera l'objet de prochaines recherches…


L'enzyme est nommée ABHD6 et joue un rôle clé dans certains neurones du cerveau pour contrôler le poids corporel. L'équipe du Centre de recherche du Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CRCHUM) montre que cette enzyme « alpha/bêta hydrolase domaine-6 », est nécessaire à l'adaptation métabolique en conditions extrêmes : des souris privées d'ABHD6 dans une zone précise du cerveau, une population spécifique de neurones de l'hypothalamus sont incapables de s'adapter : elles ne se nourrissent plus après un jeûne, elles ne maîtrisent plus leur température corporelle lors d'une exposition au froid et développent plus rapidement l'obésité avec un régime riche en graisses. Une fois obèses, un régime normal ne parvient pas à les faire maigrir.

Une sorte de commutateur de l'adaptation métabolique du corps aux extrêmes. : « C'est un mécanisme qu'on n'avait pas suspecté. C'est frappant : l'absence d'une seule enzyme dans une région précise du cerveau bouleverse complètement le métabolisme et empêche les souris de maigrir », commente Thierry Alquier, chercheur au CRCHUM et professeur à l'Université de Montréal. Reste à vérifier, par essais cliniques, que le même processus est en place chez l'Homme. Cependant les chercheurs suggèrent qu'ABHD6 joue un rôle clé dans l'effet de rebond qu'on observe souvent après un régime alimentaire.

L'enzyme rendrait plus difficile la perte de poids : Les personnes qui ont du mal à perdre du poids auraient donc peut-être un défaut de cette enzyme. La piste de l'enzyme ABHD6 est prometteuse. D'autant qu'en 2014, une équipe du CRCHUM avait découvert que l'enzyme dégrade les endocannabinoïdes, qui stimulent l'appétit.

Il faudra encore de nombreuses années de recherche avant d'arriver à développer un traitement thérapeutique pour l'obésité. Au fil des avancées scientifiques, on comprend que la gestion du poids, c'est bel et bien dans la tête que ça se passe, concluent les chercheurs.

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