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OBÉSITÉ : L’IMC n’est définitivement pas la bonne métrique

Actualité publiée il y a 1 année 1 mois 2 semaines
Population Studies
Le surpoids et l’obésité entraînent des conséquences bien plus lourdes qu’on ne le pensait (Visuel Fotolia 66003983)

Le surpoids et l’obésité entraînent des conséquences bien plus lourdes qu’on ne le pensait, souligne ce bilan de l’Université du Colorado (CU) Boulder qui estime qu’1 décès d'adulte sur 6 (aux États-Unis) est lié à l’obésité et plus précisément à l'environnement de vie « obésogène ». L’étude, présentée dans la revue Population Studies suggère que l’excès de poids ou l'obésité augmente le risque de décès de 22% à 91% et qu’en revanche, la littérature a très probablement surestimé le risque de mortalité d'un poids légèrement insuffisant. En cause, la prise en compte, comme métrique de base dans la plupart des études, de l'Indice de masse corporelle (IMC) un facteur bien loin de caractériser la santé métabolique du sujet.

 

Si l’on connaissait bien déjà les dangers de l’obésité pour la santé, le nouveau signal d’alarme apporté par cette étude est que l'excès de poids, même modéré peut déjà entraîner des conséquences sévères en termes de mortalité prématurée.  'autres facteurs devraient notamment être pris en compte, dont l'évolution au cours de la vie du poids corporel, les antécédents de surpoids et d'obésité et la répartition de la masse grasse et masse musculaire chez le sujet.

Une sous-estimation systématique des effets du surpoids sur la mortalité

Le bilan démontre en effet que « les études précédentes ont probablement sous-estimé les conséquences sur la mortalité, d’un environnement de vie obésogène, dans nos pays occidentaux, où les aliments bon marché et malsains sont devenus de plus en plus accessibles et où les modes de vie sédentaires sont devenus la norme », résume l’auteur principal, Ryan Masters, professeur agrégé de sociologie à CU Boulder.

 

L’étude : il s’agit d’une analyse statistique des données de près de 18.000 participants. Cette analyse met également en lumière les pièges de l'utilisation systématique de l’IMC (indice de masse corporelle) comme facteur, dans les études, de résultats de santé. Après avoir tenu compte de ce biais, l’étude conclut qu’environ 1 décès sur 6 est lié à l'excès de poids ou à l'obésité.

Il s’agit déjà de combattre les « paradoxes de l'obésité »,

expliquent les auteurs, alors que :

 

  • si de nombreuses études montrent que les maladies cardiaques, l'hypertension artérielle et le diabète (des conditions souvent associées au surpoids) augmentent le risque de mortalité, très peu ont montré que les groupes ayant un IMC plus élevé ont des taux de mortalité plus élevés ;
  • la plupart des études vont jusqu’à conclure à une courbe d’association en forme de U : les personnes de la catégorie « surpoids » (IMC 25-30) se retrouvent alors étonnamment avec un risque de mortalité le plus faible. Ceux de la catégorie « obèses » (IMC 30-35) encourent un minimum d’augmentation du risque par rapport à la catégorie considérée comme en bonne santé (IMC 18,5-25) ;
  • quant aux personnes considérées en insuffisance pondérale (IMC de moins de 18,5) et les personnes extrêmement obèses (IMC supérieure à 35) elles encourent un risque accru mais comparable de décès.

 

Contre le concept qu’un IMC élevé n'augmente pas « forcément » le risque de mortalité : ce concept qui remet en question l’augmentation dose-dépendante du risque de décès prématuré avec le surpoids et qui peut aller jusqu’à alléguer, dans certains cas, des avantages de survie à être en surpoids doit être remis en question.

 

Contre l'IMC comme mesure ou facteur de santé : l’IMC n’est pas forcément non plus la bonne métrique à prendre en compte par les médecins et les scientifiques, soulignent à nouveau les auteurs. En effet, l’IMC ne tient pas compte des différences de composition corporelle ou de la durée de l'embonpoint du sujet.

« L’IMC est un reflet de la stature à un moment donné. C'est tout,

Car l’IMC ne capture pas pleinement toutes les nuances et les différentes tailles et formes du corps ».

 

A l’appui de ces positions, l’analyse des données de 17.784 participants à la cohorte NHANES, avec un suivi de 1988 à 2015, au cours duquel sont intervenus 4.468 décès. L’analyse révèle que :

 

  • plus de 20% des participants avec « poids de santé » sont passés par la case « surpoids ou obèse », au cours des 10 années précédentes et ce groupe de participants, au moment de l’analyse et bien qu’à poids dans la norme, présente un profil de santé nettement moins bon que les participants dont le poids est resté stable :
  • des variations comme des excès de poids peuvent entraîner des maladies qui, paradoxalement, entraînent ensuite une perte de poids rapide.
  • Si les données de l'IMC sont capturées après la perte de poids, cela fausse certainement les résultats.
  • dans la catégorie des IMC faible, figurent des patients malades et qui encourent donc un risque de décès plus élevé ;
  • 37% des participants considérés en surpoids et 60% comme atteints d’obésité ont eu un IMC inférieur au cours des 10 années précédentes. Parmi ces participants, ceux qui n'ont pris que récemment du poids ont de meilleurs profils de santé.

 

L’IMC ne fonctionne donc pas comme « un interrupteur », c’est un facteur qui doit être suivi et caractérisé pour chaque individu. De très nombreuses recherches ont ainsi bien démontré l’importance de sa durée et de son évolution. Ainsi, l’analyse confirme que les différences de répartition de masse grasse et musculaire au sein de mêmes catégories d'IMC, font une énorme différence dans les résultats de santé.

 

La littérature médicale sur l’obésité souffre donc d’un biais généralisé, lié à l'IMC. Et lorsqu’on tient compte de ces biais, on aboutit non pas à une courbe d’association en forme en U mais à une ligne droite qui tend vers le haut, les personnes ayant un faible IMC (18,5 à 22,5) ayant globalement le risque de mortalité le plus faible.

 

La conclusion est frappante : alors que les précédentes méta-analyses aboutissent à un taux de 2 à 3 % des décès attribuables à l’obésité,

ce nouveau bilan fixe le risque à 8 fois plus.

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